Entre Elon Musk qui en dit plus sur l’interface humain-machine Neuralink et Facebook qui envisage des messages écrits par la pensée, l’idée de créer une « humanité augmentée » semble de plus en plus forte. Et l’annonce fin juillet 2019 de lentilles de contact dont les capacités semblent se rapprocher d’un « zoom » ne fait que confirmer ce phénomène.
Cette technologie a été développée par l’institut d’ingénierie médicale de l’Université de San Diego, qui a publié son innovation fin juillet 2019. Un champ électrique traverse en permanence nos yeux, qui se traduit par une tension électro-oculographique entre l’avant et l’arrière de chaque œil. Les chercheurs ont exploité ces signaux électriques pour mettre au point des lentilles bioniques contrôlables par l’utilisateur.
Peut-on « zoomer » avec les yeux ?
Non seulement ces lentilles bioniques suivent les mouvements des yeux pour synchroniser leur focus, mais elles ont aussi une fonctionnalité qui peut apparaître assez originale : en clignant deux fois des yeux, elles permettent de « zoomer » ; puis en reclignant deux fois, de « dézoomer ».
Les chercheurs ont mobilisé les signaux électro-oculographiques générés par l’activité musculaire de chaque œil. La lentille peut capter ce signal grâce à cinq électrodes placées sur la peau, autour de l’œil. Et elle active / désactive le focus en fonction de cette activité.
Pour qu’elle n’ait pas besoin d’être préprogrammée ou contrôlée manuellement par un dispositif extérieur, la lentille est conçue en polymère et relève de la robotique molle biomimétique. Cela signifie qu’elle est souple, totalement adaptable à l’organe auquel elle s’intègre.
Évoquer un « zoom » est une illustration imagée du processus, mais en réalité l’expression — très utilisée au sujet de cette innovation — est presque abusive. Par exemple, n’imaginez pas une vision de type Superman grâce à laquelle vous pourriez voir nettement un oiseau éloigné à des dizaines de mètres de distance.
Il serait plus correct d’évoquer une sorte de mise au point, car il s’agit plus précisément d’un ajustement de la longueur focale. Et ces lentilles peuvent procéder à un ajustement de 32 %… ce qui est équivalent aux capacités d’un œil humain en bonne santé. Aucun superpouvoir au programme, donc.
Aujourd’hui, ces lentilles pourraient avoir une utilité médicale
Ces lentilles bioniques semblent certes tout droit sorties d’une œuvre de science-fiction. Dans le cyberpunk, les personnages disposent à travers tout leur corps de capacités « améliorées ». Mais en l’occurrence, ce dispositif a surtout un apport médical. L’application la plus flagrante serait pour les patients atteints de Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DLMA). Cette maladie est une détérioration des cellules dans la zone centrale de la rétine (la macula).
En cas de DLMA, la vision périphérique n’est pas impactée. En revanche, il devient difficile (puis impossible) de lire, de conduire et de reconnaître certains visages. D’après l’Inserm, 25 à 30 % des personnes de plus de 50 ans sont concernées, ce qui en fait l’une des plus grandes causes de handicap visuel.
C’est là que le dispositif inventé à l’Université de San Diego pourrait intervenir. Le réglage de la distance focale, par le clignement et le suivi des mouvements des yeux, permettrait de pallier cette déficience de la rétine en réglant le focus sur des objets proches (les lettres dans un livre) ou sur un des objets lointains (des panneaux), en fonction des besoins.
Avant la mise en application, il va falloir encore plusieurs stades de développement, à commencer par rendre le dispositif un peu plus pratique. Les cinq électrodes placées sur le crâne, autour de l’œil, s’avéreraient quelque peu gênantes au quotidien. Un long travail de miniaturisation électronique va être nécessaire, rendu possible qu’après de nouvelles percées dans ce domaine.
Jusqu’où iront les prothèses visuelles ?
Même si la démocratisation de dispositifs visuels bioniques n’est pas pour demain, l’effervescence dans ce domaine de recherche est bien présente. Dès 2014, Google lançait un partenariat avec les laboratoires Novatris, dans l’optique de créer et de vendre des lentilles intelligentes pour diabétiques, disposant de capteurs destinés à mesurer le taux de glycémie dans les larmes.
En 2016, Samsung va plus loin encore en déposant un brevet imaginant des lentilles dotées de caméras. L’idée n’a plus rien à avoir avec la médecine : tout ce que captent vos yeux serait enregistré et la vidéo pourrait ensuite être traitée sur votre smartphone. Samsung songeait aussi à ajouter de la réalité augmentée. Mais brevet ou pas, tout ceci n’était que théorique et le restera encore longtemps.
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