Le Groenland a perdu 11 milliards de tonnes de glace en un jour (jeudi 1er août) dans l’océan à cause de la vague de chaleur. La canicule, qui a traversé la France la dernière semaine de juillet, a atteint le pays et sa calotte glaciaire la semaine suivante. Le 1er août, le Groenland a perdu autant de masse qu’un taux quotidien moyen prévu pour 2070, a assuré un spécialiste dans The Hill le 4 août 2019.
« Les pertes massives subies par le Groenland au cours de la semaine passée étaient déjà proches des niveaux attendus d’ici 2070 sur la base des meilleurs modèles disponibles », écrit Thomas Mote, professeur dans le département de géographie de l’université de Géorgie et spécialiste du changement climatique en Arctique. Il cite un autre spécialiste du climat, Xavier Fettweis, membre du département de géographie de l’université de Liège.
Sur Twitter, Xavier Fettweis explique que la perte de masse du Groenland du 1er août correspond au taux quotidien moyen projeté pour les années 2060-2070 (au mois de juillet) avec le scénario le plus pessimiste. Il distingue l’ « ablation », c’est-à-dire la masse perdue « quand l’eau de fonte atteint l’océan » de la fonte elle-même. Dans ce deuxième cas, lorsque le manteau neigeux fond, il précise qu’environ 50 % de cette eau de fonte reste retenue par le manteau. « Ce n’est que lorsque le manteau neigeux devient saturé en eau liquide qu’il y a ruissellement et donc ablation », détaille le scientifique. C’est de l’ablation dont il est ici question.
16°C relevés à 900 km du pôle nord
Des températures exceptionnellement élevées ont été enregistrées au Groenland le 30 juillet : 16°C ont été relevés à la station de Nord, qui se trouve à 900 kilomètres du pôle nord, selon Météo-France. Thomas Mote souligne que la neige a fondu à la Summit Station, un camp de recherche situé au sommet de la calotte glaciaire du Groenland à plus de 3 200 mètres d’altitude. La neige y a fondu « pour la première fois depuis juillet 2012 et peut-être seulement pour la 3e fois au cours des 7 derniers siècles », indique le scientifique.
La vague de chaleur qui a atteint la zone était également inhabituelle en raison de sa provenance et de son intensité. « La plupart des phénomènes de fonte au Groenland concernent des masses d’air chaud et humide provenant d’Amérique du Nord et de l’océan Atlantique occidental », poursuit Thomas Mote. S’il arrive que de l’air venant d’Afrique atteigne la zone, celui qui est remonté fin juillet était particulièrement chaud.
Si la calotte polaire du Groenland fondait entièrement, ce qui pourrait se produire dans moins d’un millénaire si rien ne change, le niveau des mers pourrait monter de 6 mètres, d’après le National Snow and Ice Data Center (NSIDC). « Alors que les pertes de glace d’un jour à l’autre contribuent de façon modeste [à l’élévation du] niveau de la mer, les vagues de chaleur et les gros événements de fontes de plus en plus fréquents au Groenland au cours des 2 dernières décennies contribuent significativement à la hausse du niveau des mers », compare le chercheur. Ces épisodes de fontes prononcées risquent de devenir plus fréquents dans le futur.
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