Les coraux sont l’une des espèces vivantes les plus menacées par la pollution et le réchauffement climatique. La Grande barrière de corail a récemment connu plusieurs épisodes accélérés et consécutifs de blanchiment, un phénomène de dépérissement risquant d’en condamner les deux tiers. Des résultats de recherche, publiés ce 8 août 2019 dans Current Biology, arrivent à la conclusion que les coraux sont encore plus menacés que prévu.
Ces mêmes chercheurs de quatre universités australiennes différentes expliquaient déjà, en 2016, qu’une simple augmentation de 0,5 degré pouvait endommager la protection des coraux en cas de blanchiment et ainsi augmenter le risque de mortalité. Leur nouvelle étude montre que le réchauffement climatique peut les tuer plus directement encore, et profondément.
Tout l’écosystème se dégrade avec le corail
Jusqu’à maintenant, on pensait que les augmentations de température provoquaient seulement le blanchiment. Durant ce phénomène, les polypes coralliens expulsent les algues colorées qui vivent dans leurs tissus. Le problème, c’est qu’ils entretiennent une relation symbiotique, donc sans cette algue, le corail perd sa principale source de nourriture et il prend alors une couleur blanche fantomatique. À terme, cela peut mener à la mort du corail si une symbiose n’est pas restaurée rapidement.
Les nouvelles conclusions des chercheurs sont que l’impact du réchauffement est en réalité plus direct et bien plus grave — empêchant même la restauration symbiotique. La température de l’eau est si chaude que le corail ne se contente pas de blanchir : l’animal meurt directement et son squelette sous-jacent est tout ce qu’il reste.
Ce squelette ainsi exposé se dissout en étant pris d’assaut par la prolifération de diverses bactéries et d’algues (non symbiotiques cette fois). Le processus de réchauffement n’est « pas seulement dévastateur pour le tissu de l’animal, mais aussi pour le squelette restant, qui est rapidement érodé et menacé », explique Bill Leggat, coauteur de l’étude.
Les chercheurs estiment que la désintégration rapide des récifs deviendra donc toujours plus forte à mesure qu’augmentera l’intensité des vagues de chaleur marines. Or, les récifs coralliens ne sont pas seulement précieux en eux-mêmes, ils sont également fondamentaux pour tout l’écosystème marin. Énormément d’espèces en dépendent, en guise d’habitat et de source de nourriture.
« Les climatologues parlent de variables aussi inconnues qu’imprévisibles, c’est-à-dire des impacts que ne pouvions pas anticiper avec notre connaissance et notre expérience. Cette découverte entre dans cette catégorie », affirme Scott Heron, qui a également participé à l’étude. C’est grâce à une toute nouvelle technologie de bio-optique que les chercheurs ont pu, pour la première fois, visualiser et étudier de manière aussi détaillée la transition rapide du microbiome corallien.
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