Des traces d’une supernova auraient été retrouvées dans la neige de l’Antarctique. Cette découverte surprenante a été présentée dans une étude de la revue Physical Review Letters le 12 août 2019, puis repérée par The New York Times le 19 août.
L’analyse de 500 kilogrammes de neige antarctique a révélé la présence d’une poussière qui est probablement d’origine cosmique : des traces de fer 60 (ou 60Fe). On sait que cet élément est éjecté lors de l’explosion d’une supernova (une étoile massive en fin de vie). « Après avoir éliminé les sources terrestres potentielles, […] l’excès de 60Fe ne peut être attribué qu’à un 60Fe d’origine interstellaire qui viendrait du voisinage solaire », assurent les scientifiques.
Comme le rappellent les auteurs en préambule de leur étude, des poussières d’origine interstellaire ont déjà été détectées dans notre système solaire. Elles viendraient du Nuage interstellaire local, à l’intérieur duquel le système solaire se déplace. Par ailleurs, des traces de fer 60 attribuées à des supernova ont déjà été identifiées sur Terre, dans une croûte océanique. L’élément se trouvait également sur des objets extraterrestres, comme des météorites ou la Lune.
Des traces particulièrement récentes
Ce n’est pas un hasard si de nouvelles traces viennent d’être détectées en Antarctique : dans cette région isolée, les scientifiques ont jugé que, s’il y avait bien du fer 60, cette poussière aurait moins de risque d’avoir été contaminée ou altérée. C’était aussi un moyen de trouver des traces assez récentes, car la neige qui a été récoltée, puis analysée à Munich en Allemagne, « [datait] de moins de 20 ans », selon les spécialistes. C’est la première fois que du fer 60 est retrouvé dans un matériau géologique si jeune sur Terre. Comme le souligne The New York Times, cela pourrait vouloir dire que ces poussières tombent encore actuellement sur Terre.
Après avoir filtré la neige, les scientifiques ont détecté les traces de fer 60 en utilisant une technique connue sous le nom de spectrométrie de masse par accélérateur, qui permet de mesurer d’infimes quantités d’éléments. Une fois ces traces découvertes, les scientifiques ont dû envisager l’hypothèse qu’elles étaient d’origine terrestre. Elles auraient pu venir d’essais nucléaires, mais les chercheurs écartent cette possibilité. Les installations qui traitent le combustible nucléaire usé se trouvent dans l’hémisphère nord, soit trop loin pour laisser de telles traces en Antarctique. L’accident survenu à Fukushima (Japon) en 2011 n’a pas libéré du fer 60 en quantité significative.
« Nous avons trouvé, pour la première fois, du fer 60 récent d’origine interstellaire en Antarctique », attestent les scientifiques. Ces traces pourraient bien venir du Nuage interstellaire local (ce qui permettrait de savoir qu’il contient du fer 60) ou d’une supernova (dont on sait déjà qu’elle en produit). Pour les chercheurs, les expériences ne sont pas terminées : ils comptent bien rechercher du fer 60 dans de la neige plus ancienne, afin d’identifier plus précisément son origine.
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