Le cap est clair pour SpaceX : l’entreprise américaine doit se préparer à acheminer des équipages dans l’espace. Elle cravache donc en ce sens, en multipliant les essais afin de valider ses procédures et démontrer la qualité de ses véhicules et de son ingénierie. Dans cette tâche, SpaceX n’est toutefois pas seule : elle est soutenue par la NASA, qui mise sur le secteur privé pour récupérer une partie de ses missions.
C’est donc dans ce contexte que la société fondée en 2002 par Elon Musk a procédé le jeudi 29 août à la mise à feu statique du premier étage d’une fusée Falcon 9. Jusqu’ici, rien de bien surprenant : SpaceX réalise systématiquement cette étape avant une mission, afin de vérifier que tout tourne rond avec son lanceur. Sauf que la pièce utilisée ce jour n’est pas n’importe quelle pièce.
C’est elle qui servira à SpaceX pour transporter un premier équipage de la NASA sur la Station spatiale internationale. « L’équipe située à McGregor, au Texas, a bouclé ce jour un essai de tir statique du propulseur Falcon 9 qui acheminera les astronautes Robert Behnken et Douglas Hurley vers la Station spatiale internationale », écrit SpaceX. Les deux hommes sont âgés de 49 et 52 ans.
Réagissant justement à la nouvelle, Douglas Hurley a déclaré sur Twitter avoir « hâte d’être en orbite ». Il lui faudra toutefois faire preuve de patience : ce n’est vraisemblablement pas en 2019 que cela se produira, mais en 2020, au mieux. D’abord, parce tous les tests de SpaceX n’ont pas été réalisés ; ensuite, parce que SpaceX a encore du chemin à parcourir avant d’être vraiment prête, au regard de ses récents déboires.
SpaceX a encore du pain sur la planche
Le 20 avril, l’entreprise a en effet accusé un coup dur avec la destruction complète de sa capsule habitable, du fait d’une grave « anomalie ». Les conclusions de l’enquête préliminaire, publiée le 15 juillet, évoquent « la défaillance d’un composant en titane dans un environnement de peroxyde d’azote (NTO) sous haute pression [qui] a été suffisante pour causer l’inflammation du clapet anti-retour et entraîner une explosion ».
Outre ce grave incident, qui est venu en quelque sorte masquer la franche réussite de la société quelques semaines plus tôt (SpaceX est parvenue en mars à acheminer sans encombre la capsule habitable Crew Dragon jusqu’à l’ISS à l’y maintenir une semaine pour qu’elle puisse être visitée par l’équipage de l’ISS et à la faire revenir sur Terre), l’entreprise a encore des tests devant elle.
En particulier, SpaceX doit toujours organiser une démonstration d’interruption d’une mission qui est en cours, dans un contexte d’urgence, ainsi qu’un vol d’essai habité — nom de code : Crew Dragon Demo-2 –, c’est-à-dire avec un équipage d’entraînement à bord de la capsule pour faire l’aller-retour entre la Terre et la Station spatiale internationale. Une étape à haut risque.
Or avec la perte de la capsule habitable ce printemps, le calendrier initialement fixé par la NASA et SpaceX a été bousculé et de nouvelles dates doivent être renseignées. Le test d’urgence pourrait survenir au cours de l’automne, tandis que l’essai habité surviendrait mécaniquement en 2020. Les délais semblent en effet trop resserrés pour espérer une date plus tôt.
Il est à noter que ce n’est pas la première fois que survient la mise à feu statique de ce premier étage. En octobre 2018, SpaceX avait déjà sollicité cette fusée Falcon 9 pour un essai équivalent. Ce véhicule « lancera la première mission de démonstration de SpaceX pour la NASA. Un pas de plus vers l’arrivée des astronautes sur l’ISS », écrivait à l’époque l’entreprise américaine.
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