Il s’en est fallu de peu. À quelques centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes, une collision entre deux satellites a failli se produire. Fort heureusement, le crash a été évité grâce à l’intervention de l’Agence spatiale européenne (ESA). Il faut dire que c’est l’un de ses engins, Aeolus, qui a failli se faire percuter à une vitesse de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres-heure. Le fautif ? SpaceX.
L’incident a eu lieu tôt dans la matinée du 2 septembre et, chose plutôt inhabituelle, a conduit l’Agence spatiale européenne à raconter le fil des évènements sur Twitter. « Pour la toute première fois, l’ESA a effectué une ‘manœuvre d’évitement de collision’ pour protéger l’un de ses satellites d’un choc avec une ‘méga constellation’ », écrit l’organisation qui réunit 22 États-membres en Europe.
De son côté, SpaceX, indirectement mis en cause par l’ESA dans cette affaire, n’a pas réagi sur les réseaux sociaux ni dans un communiqué de presse.
Starlink et Aeolus se croisent de près
La méga constellation en question, c’est celle de Starlink. Ce projet porté par SpaceX vise à fournir un accès à Internet par une myriade de satellites, pour apporter une connexion à des zones du globe pas ou mal desservies par des infrastructures de télécommunications ou qui ont été endommagées après un sinistre. L’objectif de SpaceX est de se doter d’une constellation de plusieurs milliers de satellites.
Quant au satellite qui a été contraint de changer sa trajectoire, il s’agit d’Aeolus, qui est en orbite depuis août 2018. Baptisé selon le dieu du vent de la mythologie grecque, il a pour mission d’observer les vents de la Terre afin de fiabiliser les prévisions météorologiques. Pour cela, Aeolus se sert d’un outil de télédétection par laser pour modéliser des cartes dynamiques en 3D des vents, sur l’ensemble du globe.
« Les spécialistes de notre équipe en charge des débris spatiaux ont calculé le risque de collision entre ces deux satellites actifs, déterminant que l’option la plus sûre pour Aeolus était d’augmenter son altitude et de passer au-dessus du satellite SpaceX », commente l’ESA. Aeolus orbite à près de 400 km d’altitude, tandis que les 60 premiers satellites Starlink se trouvent eux à environ 450 km.
« La manœuvre a eu lieu environ la moitié d’une orbite avant la collision potentielle. Peu de temps après la collision, Aeolus a contacté la Terre comme d’habitude pour lui envoyer ses données scientifiques — prouvant ainsi que la manœuvre avait réussi et qu’une collision avait été évitée », se félicite l’ESA. Aeolus est doté de quatre modestes moteurs-fusée qui lui permettent une certaine agilité.
Un incident très rare
Ce qui est particulier dans cette manœuvre d’esquive, c’est que l’éventuelle collision a concerné deux satellites actifs. « C’est très rare », fait savoir l’ESA. Dans la très grande majorité des cas, les ajustements d’orbite visent à éviter des débris générés par de précédents chocs spatiaux. En 2018, l’ESA en a effectué 28 ; c’est en moyenne plus d’un toutes les deux semaines.
À l’heure actuelle, ces activités de veille et de changement d’orbite sont réalisées de façon manuelle, avec des équipes d’hommes et de femmes qui surveillent les trajectoires et font des projections sur la probabilité qu’un satellite percute un débris (s’il est catalogue) ou un autre engin. Ce travail, assisté par l’outil informatique, devrait toutefois de plus en plus être automatisé du fait de l’encombrement spatial.
« Avec l’augmentation du nombre de satellites en orbite, due à des ‘méga constellations’ telles que Starlink comprenant des centaines, voire des milliers de satellites, le processus actuel d’évitement ‘manuel’ des collisions va devenir impossible ». De plus en plus, ce sont les algorithmes et la puissance de calcul qui se chargeront de déterminer le risque et de déterminer la meilleure action à prendre.
En effet, les paramètres à prendre en compte sont de plus en plus nombreux et complexes. La modification d’une orbite ne doit pas provoquer la réitération de l’incident, mais sur une autre altitude et un autre satellite. Il faut donc évaluer le parcours de chaque engin, mais aussi les débris, et établir le nouveau risque pour chaque action qui s’offre aux opérateurs au sol. Un travail dans lequel les machines excellent.
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