La planète Vénus a peut-être été habitable pendant 3 milliards d’années, selon deux scientifiques de la Nasa. Leur travail, repéré par ScienceAlert, a été présenté lors du congrès EPSC (European Planetary Science Congress) organisé à Genève en Suisse du 15 au 20 septembre 2019.
« Pourquoi la température actuelle à la surface de Vénus n’est-elle pas de l’ordre de 20 à 40 degrés Celsius ?, écrivent les scientifiques. Notre hypothèse est que Vénus pourrait avoir eu un climat stable pendant des milliards d’années avec un cycle carbonate-silicate similaire à celui de la Terre. » Dans ce scénario, un changement se serait produit il y a environ 750 millions d’années à la surface de l’astre, expliquant pourquoi le climat de Vénus a tant évolué. Ce changement de climat à la surface de Vénus aurait modifié environ 80 % de sa surface, précise un communiqué.
Cette hypothèse remet en cause une idée sur laquelle de nombreux scientifiques s’accordent : Vénus se trouverait trop loin de la zone habitable et trop proche du Soleil pour qu’il puisse y avoir de l’eau liquide à sa surface. On parle de zone habitable pour nommer la région autour d’une étoile où l’eau pourrait, en théorie, rester liquide à la surface d’une planète, comme nous l’expliquait l’astrochimiste Hervé Cottin lors de la récente découverte d’une exoplanète avec de la vapeur d’eau (mais où aucun signe de vie n’a été détecté).
La nouvelle étude pourrait changer notre perception de Vénus. Même si la planète reçoit quasiment 2 fois plus de rayonnement solaire que la Terre, il ne serait peut-être pas si improbable que cela qu’elle ait pu posséder de l’eau liquide, car ses températures y auraient été propices.
Comment le climat de Vénus a-t-il évolué dans ce scénario ?
« L’histoire évolutive du climat de Vénus à long terme demeure un mystère », rappellent les scientifiques. Pourquoi est-il si compliqué de cerner le passé de cette planète tellurique ? Selon eux, c’est parce que nous en savons peu sur son ancienne surface. Dans leur scénario, ils mettent en évidence deux époques différentes de l’histoire de Vénus.
- Il y a 4,5 milliards d’années, Vénus s’est formée. La planète se serait rapidement refroidie (ce refroidissement se serait fini il y a 4,2 milliards d’années). Son atmosphère aurait alors été dominée par le CO2, ou dioxyde de carbone. Pendant les 3 milliards d’années suivantes, le climat de Vénus aurait pu évoluer comme celui de la Terre : ce dioxyde de carbone aurait été logé dans des roches de silicate.
- Il y a environ 750 millions d’années, l’atmosphère de Vénus aurait changé. Les scientifiques attribueraient cette évolution a une activité volcanique. Le dioxyde de carbone stocké dans les roches aurait été libéré dans l’atmosphère en grandes quantités. Sa présence aurait favorisé un effet de serre, portant la température de Vénus à 470 degrés Celsius (la température qu’on lui connaît aujourd’hui).
Les scientifiques ont testé plusieurs scénarios de l’évolution de l’histoire de Vénus. Leurs simulations ont été réalisées à l’aide de ROCKE-3D, un outil de la Nasa qui permet d’étudier l’histoire du climat des planètes et exoplanètes. Dans chacun des scénarios, ils ont modifié la quantité d’eau liquide qui aurait pu se trouver sur Vénus. À chaque fois, la planète pouvait garder un climat stable, avec des températures comprises entre 20 et 50 degrés Celsius, pendant 3 milliards d’années. Les simulations ont pris en compte l’évolution du rayonnement solaire.
Mais prudence avant de parler d’une « zone de Vénus »
« Il est possible que le resurfaçage presque mondial que nous observons aujourd’hui, qui a eu lieu il y a environ 750 millions d’années, soit responsable de son climat actuel », concluent les scientifiques. Autrement dit, l’ancienne stabilité du climat de Vénus aurait cédé la place à l’atmosphère chaude et riche en dioxyde de carbone que l’on connaît sur l’astre.
Si ce scénario venait à être confirmé par des observations, Vénus pourrait peut-être nous aider à rechercher des exoplanètes potentiellement habitables. On pourrait alors envisager l’idée qu’il existerait une « zone de Vénus » autour des étoiles, avec des planètes capables d’accueillir théoriquement de l’eau liquide et des climats tempérés. Cependant, il faudra d’autres missions scientifiques sur l’astre pour confirmer l’hypothèse des chercheurs. Prudence, donc, avant de déclarer avec certitude que Vénus a été potentiellement habitable par le passé.
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