Pour la première fois, du gaz émis par une comète interstellaire a été détecté. Une équipe de scientifiques a soumis ses observations dans un article sur arXiv.org le 26 septembre 2019 (mis à jour le 2 octobre). Ils expliquent qu’ils ont détecté du « gaz CN », c’est-à-dire des molécules de cyanure d’hydrogène, résume le MIT.
« Dans l’ensemble, nous trouvons que les propriétés nucléaire, du gaz et de la poussière du premier objet interstellaire actif sont similaires à celles des comètes normales du système solaire », écrivent les auteurs de ce texte. Pour les humains, les molécules de cyanure d’hydrogène sont très fortement toxiques. Mais identifier ce composant dans une comète n’est pas surprenant. Il « rabote » la comète Borisov d’environ 100 grammes par seconde, ce qui est également assez banal compte tenu de son éloignement du Soleil, relève le MIT.
Grâce à cette détection, les scientifiques estiment que Borisov est âgé de 4,6 milliards d’années. Son noyau pourrait mesurer entre 1,4 et 6,5 kilomètres.
Les objets interstellaires, une occasion d’étudier d’autres systèmes
Grâce à l’étude des comètes et astéroïdes, les scientifiques peuvent mieux comprendre l’histoire et la composition du système solaire. Mais rien ne nous dit que notre système solaire soit semblable aux autres. « Des études de systèmes d’exoplanètes ont montré que de nombreuses architectures de systèmes planétaires peuvent exister. […] Les objets interstellaires offrent l’opportunité d’étudier le processus de construction des planètes dans des systèmes planétaires extrasolaires », font remarquer les auteurs de l’étude. C’est pourquoi la composition de ces objets est étudiée attentivement, quand cela est possible.
Le premier objet interstellaire identifié, Oumuamua (dont l’origine fait encore débat deux ans après sa découverte, en 2017) n’a pas laissé aux scientifiques une assez longue période pour l’observer. C’est l’une des différences entre Oumuamua et la comète Borisov : cette dernière, détectée bien plus tôt par rapport au moment de son approche, devrait offrir aux chercheurs l’occasion de bien l’étudier. La nature de visiteur interstellaire de « 2I/Borisov » a été confirmée, quelques temps après sa première détection fin août 2019 par l’astronome qui lui a donné son nom.
Si elle n’était pas interstellaire, la comète Borisov semblerait banale
Réussir à détecter le gaz de Borisov et identifier sa composition était un enjeu important. La conclusion de l’étude, qui utilise les données récoltées à l’aide du Télescope William-Herschel (installé aux Îles Canaries) est assez claire. « Si elle n’était pas de nature interstellaire, nos données actuelles montrent que 2I/Borisov apparaîtrait comme une comète plutôt insignifiante du point de vue de son activité et de sa chevelure », résument les scientifiques. Cela peut sembler surprenant que Borisov soit banale, malgré son origine interstellaire. Comme le souligne le MIT, ceci pourrait être un indice que les autres systèmes qui nous entourent ont peut-être une organisation similaire à la nôtre.
Les scientifiques ont encore le temps de cerner Borisov. Aux alentours du 8 décembre, l’objet devrait atteindre le point de sa trajectoire le plus proche du Soleil. Même si Borisov, le prochain visiteur interstellaire, ne sera pas observable, de grands instruments scientifiques seront sans doute braqués dans sa direction. Leurs détections aideront peut-être à déterminer d’où vient la comète. Une option déjà envisagée serait qu’elle provienne de Kruger 60, un système avec une étoile binaire situé à 13 années-lumière de la Terre.
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