Les années passent, mais les conclusions restent : le compteur communicant Linky est une très faible source d’émission d’ondes. C’est à cette conclusion qu’est parvenue encore une fois l’Agence nationale des fréquences, à l’issue de sa campagne de mesures survenue entre juin et décembre 2018. Les résultats, publiés le 9 octobre, sont en ligne avec ceux relevés lors d’une précédente enquête, en 2016.
Ainsi, sur l’ensemble des sites ayant fait l’objet d’une mesure (178 lieux ont été évalués par les équipes de l’agence, sur tout le territoire métropolitain), « la conformité du niveau d’exposition aux champs électromagnétiques [par rapport à la loi, NDLR] a été constatée », écrit l’ANFR dans son rapport. Mieux : les niveaux maximaux constatés ont systématiquement été « très inférieurs aux valeurs limites réglementaires ».
Des résultats très éloignés des seuils
Dans le détail, pour la bande de fréquence du CPL du Linky, les valeurs mesurées concernant le champ électrique et le champ magnétique sont « respectivement 25 fois et 37 fois inférieures aux valeurs limites réglementaires de 87 V/m et 6,25 μT » — en l’occurrence, 3,5 V/m et 0,17 μT. Il faut savoir que ces valeurs limites réglementaires sont elles-mêmes très basses par rapport à l’expérimentation :
Quand un effet thermique (c’est-à-dire un échauffement des tissus) dû aux ondes est repéré, un seuil expérimental est défini. À partir de celui-ci, un autre seuil, réglementaire cette fois, est déterminé par rapport au premier. L’écart retenu est particulièrement large, puisque le seuil réglementaire est cinquante fois plus petit que ce qui a été détecté dans les laboratoires. C’est une marge de sécurité importante.
« Des valeurs moyennes sur 6 minutes ont également été relevées à titre informatif », ajoute l’ANFR. Ces valeurs moyennes sur 6 minutes « sont de 0,015 V/m (soit 230 fois moins que la valeur crête de 3,5 V/m) et de 0,0006 μT (soit 275 fois moins que la valeur crête de 0,17 μT) ». Valeurs crêtes qui, rappelons-le, sont très loin d’approcher les valeurs limites réglementaires.
L’ANFR précise que ses mesures sont effectuées par défaut à 20 cm du compteur (64 % des cas de figure). Dans quelques cas particuliers, par exemple parce que les contraintes de l’installation ne permettent pas de s’approcher autant, les mesures ont eu lieu un peu plus loin (entre 20 et 40 cm dans 14 % des cas, au-delà de 40 cm pour 8 %. Les 14 % restants ne sont pas renseignés, car ils ont même pu avoir lieu dans une autre pièce).
« La distance est un paramètre majeur pour l’exposition », rappelle l’ANFR. Or, les lieux de vie sont généralement organisés de telle sorte que l’on ne reste jamais bien longtemps à proximité d’un compteur Linky, voire qu’on ne l’approche presque pas — on peut supposer que personne n’a installé sa tête de lit juste au-dessous de son tableau électrique, là où est situé l’appareil.
« La distance est un paramètre majeur pour l’exposition »
Les niveaux étaient déjà très bas à 20 cm de compteur. À 40 cm, ils s’effondrent : 0,88 V/m et 0,09 μT en valeur crête et 0,35 V/m et 0,005 μT en valeur médiane. « Dès qu’on s’éloigne de quelques dizaines de centimètres de la source de rayonnement, le niveau d’exposition baisse fortement », écrit l’ANFR. Cela reste une zone proche du compteur, dans laquelle ne se trouve en principe pas en permanence une personne.
L’ANFR ajoute enfin que « dans plus de la moitié des cas (99 sur 178 cas), aucune émission CPL Linky n’a été détectée malgré un temps de mesure moyen d’une heure dans ces cas-là. Cela s’explique en particulier par l’intervalle d’interrogation des compteurs qui apparaît très variable selon le nombre de compteurs raccordés sur la même boucle de distribution ».
Des mesures rassurantes
Au-regard de cette nouvelle campagne d’observation in situ, le fonctionnement normal du Linky ne paraît pas être susceptible de constituer un péril majeur pour la santé humaine, au regard de l’extrême écart qui existe entre les constats faits expérimentalement et ce qui a été effectivement mesuré (les valeurs moyennes sont très basses par rapport aux valeurs maximales, qui sont elles mêmes très éloignées des valeurs réglementaires, et encore plus de ce qui a été observé en laboratoire).
Cela étant, l’ANFR comprend l’inquiétude de la population : c’est pour cela qu’elle propose aux particuliers comme aux collectivités locales de procéder à la mesure gratuite de l’exposition aux ondes électromagnétiques aussi bien dans les locaux d’habitation que dans des lieux accessibles au public et qu’elle met à disposition des ressources pour renseigner la population.
En France, l’ANFR a la charge de contrôler la conformité des terminaux radioélectriques mis sur le marché, de veiller au respect des valeurs limites réglementaires d’exposition du public, de tenir à jour le protocole de mesure, mais aussi de gérer le dispositif national de surveillance et de mesure de l’exposition aux champs électromagnétiques.
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