La Russie le sait : à l’avenir, son agence spatiale ne pourra plus bénéficier de l’argent américain. En effet, la NASA, qui achète chaque année un certain nombre de sièges pour embarquer dans Soyouz (actuellement, seuls le vaisseau et la fusée russes sont capables d’acheminer des astronautes jusqu’à la Station spatiale internationale), va bientôt pouvoir miser sur SpaceX et Boeing.
Pour autant, cela ne veut pas forcément dire que l’agence spatiale américaine va faire des économies en délaissant le Soyouz au profit du Crew Dragon de SpaceX ou du CST-100 Starliner de Boeing. Il va quand même falloir rémunérer les deux prestataires privés. Et c’est à l’estimation de ces frais que s’est attaqué le Bureau de l’inspecteur général (Office of Inspector General).
Des économies envisagées
Dans un rapport rendu public le 14 novembre, l’inspection estime que chaque siège opéré par SpaceX ou Boeing devrait coûter plusieurs dizaines de millions de dollars à la NASA. Avec toutefois un écart de taille : les sièges vendus par SpaceX devraient être bien moins coûteux que ceux monnayés par Boeing : il est question de 55 millions de dollars pour le premier, contre 90 millions pour le second.
« En considérant quatre astronautes par vol et en se basant sur l’information accessible au public, le coût moyen par siège est estimé à environ 90 millions de dollars pour Boeing et à environ 55 millions de dollars pour SpaceX », écrit l’OIG. Cela étant, par rapport au Soyouz, l’inspection suggère que des économies pourraient être dégagées, dans la mesure où le coût par siège a tendance à augmenter.
« Depuis 2006, la NASA a acheté 70 sièges pour un montant approximatif de 3,9 milliards de dollars […]. Dans l’ensemble, la NASA a payé un coût moyen par siège de 55,4 millions de dollars pour les 70 missions achevées et prévues de 2006 à 2020, avec des prix allant d’environ 21,3 millions à 86 millions de dollars pour chaque aller-retour », écrit l’OIG dans son rapport.
Le document poursuit en indiquant « qu’après 2017, […] la NASA a utilisé 12 sièges Soyouz supplémentaires, ou a conclu des contrats à cet effet, pour un coût d’environ un milliard de dollars, soit une moyenne de 79,7 millions de dollars par siège ». Concernant SpaceX et Boeing, chacun doit, dans le cadre du contrat passé avec SpaceX, réaliser six missions aller-retour entre la Terre et l’ISS.
La Russie reste incontournable
Depuis l’arrêt de la navette spatiale en 2011, Washington vit mal l’idée de devoir compter sur Moscou. Voilà pourquoi a été lancé un programme de missions habitées en faisant appel à des entreprises privées, arrosées d’argent public. Mais au-delà des questions de fierté nationale, il est utile d’avoir au moins un deuxième véhicule capable d’acheminer ou de ramener des astronautes, au cas où.
Cela étant, la NASA n’est pas encore disposée à se passer complètement de Roscosmos, son homologue russe. Le fait est que ni SpaceX ni Boeing ne sont opérationnels, malgré les progrès récemment observés, notamment dans les tests d’évacuation d’urgence. Les deux sociétés ont validé cette étape en novembre. Dès lors, l’agence spatiale américaine a dû de nouveau faire appel à sa partenaire.
De son côté, la Russie semble aussi se préparer au moment où la NASA cessera d’acheter des sièges. Comment ? En les vendant à des millionnaires et des milliardaires désireux de s’offrir des « congés » à 400 km d’altitude. Début 2019, l’agence russe a annoncé l’envoi de deux touristes à bord de l’ISS en 2021, renouant ainsi avec une activité qui était plutôt courante dans les années 2000.
Malgré ces chamboulements, la coopération entre les deux agences va demeurer très forte sur bien d’autres sujets, à commencer par l’ISS. En outre, la NASA juge Roscosmos comme l’une de ses plus proches partenaires. La preuve :elle siégeait à ses côtés, avec d’autres grandes agences (Europe, Japon, Canada et Inde) lors d’une conférence de presse au sujet des vols habités vers la Lune.
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