Un séjour dans l’espace pourrait perturber la circulation du sang des astronautes. Des scientifiques ont montré que, chez plusieurs individus qui ont effectué un séjour dans la Station Spatiale internationale (ISS), le flux sanguin était modifié dans une veine bien précise. Une étude sur le sujet, repérée par NewScientist, a été publiée dans JAMA Network Open le 13 novembre 2019.
Ce « nouveau risque associé au vol spatial découvert » concerne une veine jugulaire. Ce nom est donné à quatre grosses veines qui se trouvent dans le cou, dont le rôle est de ramener le sang de la tête vers la poitrine. C’est dans la veine jugulaire interne, la plus volumineuse des quatre, que s’est posé le problème découvert chez certains astronautes. Cette veine, qui commence en bas du crâne et rejoint la clavicule, transporte notamment du sang qui vient du cerveau.
Un écoulement « stagnant ou rétrograde »
L’étude a été menée sur 11 astronautes qui ont réalisé un séjour dans la Station Spatiale internationale. Après environ 50 jours de vol, 6 de ces astronautes ont eu un effet sur l’écoulement du sang dans leur veine jugulaire interne. Cet écoulement était alors « stagnant ou rétrograde », écrivent les scientifiques. Le sang s’écoulait difficilement dans la veine, voire coulait dans le mauvais sens. Un autre astronaute a développé une thrombose de la jugulaire pendant le vol, ce qui signifie qu’un caillot sanguin s’est formé dans sa veine.
« L’apesanteur est associée à une stagnation de la circulation sanguine dans la veine jugulaire interne, qui peut à son tour entraîner une thrombose chez des astronautes qui sont par ailleurs en bonne santé », constatent les auteurs. Quand les astronautes sont dans l’ISS, où la gravité est presque absente, le bon fonctionnement de la veine peut être entravé et le sang qui coule risque alors de se déplacer vers la tête.
Un problème à régler avant d’explorer Mars
Pour constater ces modifications provoquées par le vol spatial, les scientifiques ont procédé à un examen des astronautes, par échographie, avant leur départ dans l’espace et 40 jours après leur retour. Les astronautes ont été examinés en position assise, couchée et avec la tête inclinée vers le bas. Des mesures ont également été réalisées pendant la mission, au 50e puis au 150e jour de vol.
« Les humains volent dans l’espace depuis plus de 50 ans, pourtant il s’agit du premier cas de thrombose au cours d’un vol spatial », écrivent les scientifiques, qui soupçonnent que d’autres cas similaires n’aient pas été détectés par le passé. Ils concluent que de plus amples études sur le sujet seront nécessaires, dans l’optique de réaliser un jour des missions d’exploration, par exemple sur Mars.
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