Les géoglyphes sont de grands motifs dessinés à même le sol. Visibles depuis le ciel, ils peuvent être « gravés » dans la terre en creusant ou bien construits par des entassements de pierre. La civilisation Nazca est réputée pour en avoir énormément créé. Dans un communiqué de presse publié le 15 novembre 2019, par l’université japonaise Yamagata, des scientifiques révèlent en avoir découvert de nouveau 142… en partie grâce à l’intelligence artificielle.
Ces géoglyphes sont décrits comme les « lignes de Nazca ». Ces dernières appartiennent, comme leur nom l’indique, à la civilisation Nazca, laquelle a existé environ entre -300 avant notre ère à 800 ap. Jésus-Christ, bien avant les Incas, là où se situe aujourd’hui le Pérou. Ces immenses tracés dans le sol, fortement symboliques, sont très connus. Ils représentent artistiquement des humains ou des animaux, parfois sur des kilomètres… à tel point que bon nombre ne sont repérables que depuis le ciel.
Les nouveaux motifs découverts par les archéologues japonais sont datés entre -100 av.J.-C. et 300 ap.J.-C., résultat de recherches menées depuis 2004 par cette équipe. Les motifs, autour de 50 à 100 mètres, représentent essentiellement une variété d’animaux : des oiseaux, des singes, des poissons, des félins. Les scientifiques ont réussi à comprendre comment la civilisation Nazca a pu les concevoir : « Toutes ces figures ont été créées en retirant les pierres noires qui recouvraient le sol, en exposant ainsi le sable blanc au-dessous ».
Quand l’IA aide les archéologues
Ces découvertes sont possibles grâce à l’analyse de données et des images satellitaires. Mais identifier autant de géoglyphes au seul œil humain prend énormément de temps, et certains sont trop petits pour qu’on puisse les voir. Or, une intelligence artificielle peut faire preuve d’un excellent rendement dans ce type de recherches. Raison pour laquelle l’université Yamagata a noué un partenariat avec IBM Japan. Les scientifiques ont utilisé IBM Watson, un programme d’IA à base de machine learning. Le but était surtout de détecter des géoglyphes de classe B : ces motifs-là, contrairement aux plus grands cités plus haut, font moins de 5 mètres.
L’utilisation de ce système a débouché sur la découverte d’un dessin à morphologie humaine. Très petit, il mesure 4 mètres sur 2 mètres. La signification des géoglyphes reste difficile à cerner, et celui-ci n’échappe pas à la règle. Il y en aurait plusieurs catégories, certains destinés à former un grand calendrier astronomique, d’autres pour des rituels, les plus petits pour aider des humains à se repérer. Le motif humanoïde découvert par l’IA est proche d’un sentier, les archéologues pensent qu’il était donc « probablement utilisé comme panneau de signalisation ». C’est aujourd’hui l’un des plus anciens et petits marqueurs jamais découverts destinés à guider les voyageurs.
Pour continuer sur cette lancée riche en réussites archéologiques, l’université japonaise et IBM renforcent leur partenariat en prévision des années à venir. Pour organiser les données et les traiter au mieux, les scientifiques pourront utiliser IBM PAIRS Geoscope, une intelligence artificielle de deep learning destinée à l’analyse géospatiale. Grâce à cet outil, ils vont essayer de percer à jour la logique globale de ces géoglyphes provenant d’une culture encore peu comprise. C’est d’autant plus une priorité que, comme le précise le communiqué, les agrandissements urbains menacent la préservation des motifs — alors même qu’ils sont classés au Patrimoine mondial de l’humanité.
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