La défense planétaire contre la menace d’un astéroïde n’est pas qu’une péripétie d’un film de science-fiction. C’est aussi un sujet très sérieux au sein des agences spatiales, en particulier à la Nasa. D’ailleurs, cet enjeu va avoir traduction très concrète entre 2021 et 2022, puisque c’est à ce moment-là que va dérouler la mission DART (Double Asteroid Redirection Test). Son départ a lieu fin novembre.
L’objectif ? Envoyer un engin spatial en direction de l’astéroïde binaire Didymos pour s’y crasher. Il s’agit d’une expérimentation visant à constater s’il est possible de modifier la trajectoire de la petite lune qui gravite autour, et qui s’appelle Dimorphos (ou Didymos B). Pas d’inquiétude : si ça rate, la Terre ne sera pas menacée pour autant : la trajectoire de Didymos, bien que surveillée, n’est pas dangereuse.
La structure particulière de Didymos est justement très intéressante pour observer le succès ou l’échec de la mission DART. En percutant Dimorphos, les astronomes pourront constater plus facilement l’efficacité (ou non) du choc et quelle aura été son ampleur. En principe, l’orbite de Dimorphos autour de Didymos (ou Didymos A) sera un peu plus resserrée.
« Un astéroïde binaire est le laboratoire naturel idéal pour ce test », expliquait en 2017 Tom Statler, l’un des scientifiques mobilisés sur ce programme. « Le fait que Didymos B se trouve en orbite autour de Didymos A rend plus facile la lecture des résultats après l’impact », observait-il. Ce sera la première fois que la Nasa fera la démonstration d’une technique qui pourrait servir à défendre la Terre.
Une mise à l’échelle pour comprendre l’enjeu
Pour bien appréhender les implications à long terme de ce type de programme, l’Agence spatiale européenne, qui participe à ces travaux, a eu la bonne idée d’établir une représentation à l’échelle de la taille de Didymos et Dimorphos par rapport à des images familières de la Terre. En l’occurrence, les deux astéroïdes sont positionnés juste au-dessus de Paris, Londres et Rome, et le résultat est saisissant.
En ce qui concerne les caractéristiques physiques des deux corps spatiaux, Didymos a un diamètre de 780 mètres, tandis que Dimorphos mesure 160 mètres. De telles dimensions sont insuffisantes pour recouvrir ces trois capitales, qui sont bien plus étendues. Mais l’équation mêlant taille, masse et vitesse au moment de la collision serait en réalité terrible pour les personnes aux alentours.
La représentation des deux astéroïdes au-dessus de trois villes montre bien la catastrophe qui résulterait d’une collision. « Même si la lune Dimorphos est la plus petite du système de deux astéroïdes Didymos, cet astéroïde serait un tueur de villes s’il heurtait la Terre », relève l’Esa. D’où l’intérêt des plans de défense planétaire sur lesquels planchent les plus grandes agences spatiales.
L’Esa va aussi envoyer une mission vers Didymos, à partir de 2024. Il ne s’agira pas de faire comme la Nasa, en envoyant un impacteur percuter à très grande vitesse l’astéroïde, pour le dévier de sa course, mais d’observer les résultats du choc. Baptisée Hera, la mission doit arriver sur zone en 2026. Elle devra évaluer la taille du cratère laissé par DART et aider à savoir si l’approche est la bonne pour protéger la Terre.
Sur la photo montrant Didymos et Dimorphos au-dessus de Paris, il a été souligné que le corps situé à droite ne semble pas l’échelle, puisque la tour Eiffel offre un précieux point de comparaison — elle mesure 300 mètres. Cependant, les deux astéroïdes ne paraissent pas sur le même plan. Si l’on se fie à l’éclairage, Didymos semble beaucoup plus distant, loin à l’arrière-plan.
En heurtant assez tôt un astéroïde, le choc peut modifier à long terme sa trajectoire — cela, même si l’impacteur percute sa cible avec une fraction de la vitesse de l’astéroïde. Sur la durée, cette petite tape va produit de plus en plus d’effet sur la course de l’astéroïde par rapport à la Terre. Mais encore faut-il agir assez tôt et détecter la menace, ce qui n’est pas toujours le cas.
Il existe aujourd’hui l’échelle de Turin, qui sert à catégoriser les risques d’impacts d’objets géocroiseurs, numérotée de zéro (aucune chance) à dix (catastrophe globale). Le niveau attribué aux astéroïdes est amené à évoluer dans le temps, selon l’état des connaissances sur la trajectoire de ces bolides spatiaux. En novembre 2021, aucun corps n’atteint un — ceux qui atteignaient un ont été rétrogradés à zéro.
(mise à jour avec le lancement de la mission le 24 novembre 2021)
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