Des chercheurs ont découvert, presque par mégarde, l’étendue de l’impact positif du protocole de Montréal sur la réduction du changement climatique. Les conclusions donnent de l’espoir pour les autres accords internationaux.

En atteste le phénomène d’éco-anxiété touchant de plus en plus la population, on a parfois un peu l’impression qu’il est impossible de sauver la planète du changement climatique. En livrant son rapport 2019 sur les émissions de dioxyde de carbone, le consortium scientifique Global Carbon Project montrait que si leur augmentation est en baisse, cela reste une augmentation. Les Nations unies, à l’occasion de la COP25 du 4 au 13 décembre 2019, a confirmé l’écart entre les politiques actuelles et ce qui devrait vraiment être fait. Où trouver de l’espoir dans tout ça ?

Peut-être en prenant conscience que les accords internationaux peuvent bel et bien avoir un impact positif contre le changement climatique. Cette affirmation a plus de bases scientifiques que jamais grâce à une nouvelle étude, parue le 6 décembre 2019 dans les Environemental Research Letters. Ratifié il y a trois décennies, le protocole de Montréal a réussi à réduire le trou dans la couche d’ozone, freinant considérablement le changement climatique. C’est le résultat d’une recherche menée par l’Académie des sciences australienne, qui publie également une vidéo explicative sur sa chaîne Youtube.

Représentation du trou dans la couche d'ozone  // Source : Australian Academy of Science

Représentation du trou dans la couche d'ozone

Source : Australian Academy of Science

On a déjà gagné entre 0,5 et 1 degré

Les résultats de cette étude ont été obtenus alors même que les auteurs étaient concentrés sur une problématique légèrement différente. L’équipe voulait quantifier l’impact du protocole de Montréal sur la circulation atmosphérique autour de l’Antarctique. Ce protocole a été signé par 24 pays en 1987, comme suite logique de la Convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone quelques années auparavant. L’objectif était de réduire, si ce n’est aboutir à la fin totale, des substances portant atteinte à la couche d’ozone. Les chlorofluorocarbures étaient plus particulièrement concernés par cet accord.

Pour les besoins de leur étude sur l’Antarctique, les chercheurs ont établi deux modèles climatiques différents : un premier scénario prenant en compte l’adoption du protocole de Montréal, l’autre sans ce dernier. Le climat est une structure globale, donc pour étudier les effets sur l’Antarctique, il fallait passer par une modélisation à l’échelle de la planète. Ce que les chercheurs australiens ont observé est plus que positif. L’analyste Rishav Goyal, principal auteur de l’article, indique dans le communiqué que « le Protocole de Montréal a non seulement sauvé la couche d’ozone, mais il a également atténué une fraction substantielle du réchauffement planétaire ».

Le résultat est là : les températures actuelles sont moins élevées qu’elles n’auraient pu l’être. Grâce au protocole de Montréal, un réchauffement entre 0,5 et 1 degré a pu être évité en Amérique du Nord, en Afrique et en Eurasie. Ajoutons à cela que la réduction des chlorofluorocarbures a déjà permis de contenir la fonte des glaces — et ainsi la montée des eaux — autour de 25 %. Les effets se feront sentir à long terme : la planète sera 1 degré moins chaude vers 2050 qu’elle ne l’aurait été sinon. Dans les régions polaires comme l’Arctique, on évite même un réchauffement de l’ordre de 3 à 4 degrés.

Plus efficace que le Protocole de Kyoto

Les auteurs de l’étude soulignent un « fait remarquable » : en faisant bien moins parler de lui, le protocole de Montréal a été plus efficace que le protocole de Kyoto. Ce dernier était pourtant spécifiquement destiné à réduire les gaz à effet de serre. « Les mesures prises dans le cadre de l’accord de Kyoto ne réduiront les températures que de 0,12 degré d’ici le milieu du siècle, là où le Protocole de Montréal amènera une réduction totale de 1 degré. »

Pour les chercheurs australiens, il est clair que le succès de ces mesures apporte une preuve incontestable que les accords internationaux, quand ils sont respectés, peuvent mener à des effets positifs concrets et sur le long terme. « Ils peuvent avoir un impact très favorable sur notre climat, et ils peuvent nous aider à éviter des niveaux dangereux de changement climatique », conclut Matthew England, co-auteur de l’étude. Un message d’espoir pour l’avenir de la planète — et le nôtre, donc — autant qu’un rappel crucial, en pleine COP25, de l’action nécessaire des États.

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