La Nasa vient de révéler, jeudi 12 décembre 2019, ce qu’elle désigne elle-même comme une « carte aux trésors de l’eau glacée sur Mars ». Cette carte met en évidence une plaine connue sous le nom d’Arcadia Planitia, à la surface de la planète. On peut trouver, dans cette zone, des dépôts de glace juste en dessous de la surface. Ils sont si peu profonds qu’ils semblent facilement accessibles pour de futurs astronautes. Ces ressources en eau sont une découverte essentielle pour l’exploration spatiale. Les scientifiques détaillent tout ce qu’il faut savoir d’Arcadia Planitia dans un article de recherche paru dans Geophysical Research Letters.
Il est vrai que, depuis quelques années, on entend surtout parler de la conquête lunaire. Dorénavant incarnée par le programme Artémis de la Nasa, elle connaît un certain regain alors qu’aucun astronaute n’a foulé son sol depuis 1972. Une station spatiale, le Lunar Gateway, sera bientôt installée en orbite de la Lune. Mais la planète Mars est aussi dans le viseur d’Artémis, dont le logo suggère subtilement la conquête martienne. Les déclarations régulières des hauts dirigeants de la Nasa vont aussi en ce sens.
La dernière date évoquée par l’agence, pour envoyer des astronautes sur notre planète voisine, est 2033. Voyager vers Mars est une démarche bien différente, bien plus complexe, que pour la Lune. Le trajet est au cœur des préoccupations. Au-delà de sa durée, c’est l’enjeu des charges utiles qui pose de grandes questions. D’autant que le coût financier en dépend. Les astronautes vont avoir besoin d’eau, à la fois pour s’hydrater et pour le carburant nécessaire au retour.
De l’eau glacée à 2,5 cm de la surface
La présence d’eau sous forme de glace, sur Mars, n’est plus un secret. Mais elle est généralement bien enfouie — car, à la surface, elle s’évaporerait aussitôt. Or, pour être utile en tant que ressource pour un éventuel équipage, elle se doit d’être accessible aux humains. « L’eau glacée sera une considération clé pour tout site potentiel d’atterrissage », explique la Nasa dans un communiqué. C’est qu’on appelle l’utilisation in situ des ressources. Plutôt que de transporter des tonnes de réserves d’eau à bord du vaisseau, alourdissant considérablement le poids des charges, augmentant le coût du voyage, on utilise directement les ressources présentes sur place.
Pour trouver la région idéale, les scientifiques s’appuient sur les données fournies par le Mars Reconnaissance Orbiter et par Mars Odyssey, deux satellites installés en orbite de la planète. Leur avantage : ils sont thermosensibles. L’eau glacée se détecte grâce à son spectre de chaleur. À partir des informations satellitaires, les scientifiques peuvent alors dresser des cartes géologiques de Mars pour en repérer les zones pertinentes. Ils ont alors découvert que la région d’Arcadia Planitia cache des ressources en eau glacée situées à… 2,5 centimètres de la surface.
Ces dépôts sont découpés dans le cadre blanc, sur l’image ci-dessus (n’hésitez pas à zoomer en cliquant dessus). Plus la couleur est mauve, plus l’eau glacée est proche de la surface ; les zones en noir sont celles où un atterrissage est possible : comme vous pouvez le constater, on observe au sein du cadre qu’une zone noire côtoie une zone très violette.
« Vous pourriez utiliser une pelle »
« Vous n’auriez pas besoin d’une rétrochargeuse [très grosse tractopelle] pour creuser jusqu’à cette glace. Vous pourriez utiliser une pelle », indique Sylvain Piqueux, scientifique au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa. D’ailleurs, cela tombe bien, creuser ne sera pas si difficile : les nouvelles combinaisons des astronautes ont justement été conçues pour être bien amovibles qu’avant, offrant une plus grande amplitude de mouvements qu’autrefois.
Si cette découverte a le potentiel est réellement fondamentale, il ne faut pas crier victoire trop vite. Sylvain Piqueux et son équipe vont devoir vérifier un détail qui n’est pas des moindres : l’évolution de ces dépôts de glace en fonction des saisons. L’idéal serait de trouver un lieu où les ressources en eau soient le plus constantes possible au fil d’une année martienne. Les scientifiques vont continuer à chercher d’autres zones sur la planète, car d’ici 2030 d’autres bonnes surprises peuvent se présenter et tout changer à la conquête spatiale.
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