L’année 2019 fut marquée par de nombreuses avancées, où l’alliance des nouvelles technologies avec l’archéologie a permis de percer les mystères du passé. On a découvert de nouvelles lignes de Nazca grâce à une intelligence artificielle ; et on sait plus précisément comment les derniers mammouths laineux se sont éteints. En fin d’année, des chercheurs ont également présenté dans Nature une étude sur une technique radar, offrant une vision inédite des mammouths et des premiers humains… grâce à leurs empreintes.
Les mammouths sont une espèce éteinte depuis environ 10 000 ans, mais on peut l’étudier grâce aux traces fossilisées qu’elle a laissées sur la planète. Ces vestiges sont essentiellement des ossements. Grâce à eux, on a pu déterminer les causes de leur extinction finale, sur une île isolée. Quelques fois, ces géants laineux ont aussi laissé derrière eux quelques empreintes de pas qui ont traversé les époques jusqu’à la nôtre. Il est toutefois difficile de faire « parler » ces traces, comme le notent les chercheurs dans une autoanalyse de leur étude publiée sur The Conversation et relayée ce 22 décembre par TheNextWeb. Ils ont trouvé une solution innovante.
Les géoradars sur des traces fossilisées : l’idée est innovante
L’équipe derrière cette étude a utilisé, pour ses recherches, un géoradar. Cette technologie est aussi appelée « radar à pénétration de sol », ce qui décrit très bien le processus à l’œuvre : des ondes sont envoyées dans le sol, afin qu’elles « rebondissent » en révélant aussi bien la composition que la structure du lieu souterrain analysé. Les géoradars sont utilisés en génie civil, par exemple pour cartographier des canalisations, et ils servent aussi d’ores et déjà en archéologie, sur des ruines anciennes. Ils se sont révélés particulièrement utiles pour une meilleure compréhension des pyramides.
Mais l’équipe scientifique à l’origine de la récente étude a utilisé cette technologie, pour la première fois, sur de simples traces de pas fossilisées. Les chercheurs ont concentré leurs efforts sur un lieu particulièrement riche : le White Sands National Monument. Ce désert de sable blanc, situé au Nouveau-Mexique, est un lieu protégé. On y trouve de nombreuses empreintes d’animaux vertébrés de l’ère glaciaire, dont quelques dizaines appartenant à des mammouths. Cela dit, ce qu’il en reste est si léger qu’elles ne sont pas faciles à discerner. C’est pourtant bien nécessaire, autant pour faire avancer nos connaissances que pour les protéger.
L’utilisation de radars a permis de réaliser la cartographie la plus complète jamais aboutie des traces de mammouths dans le désert de sable. En prime, ce passage au crible a également révélé plusieurs éléments intéressants. Le premier d’entre eux : des traces humaines ont été mises au jour à proximité, ce qui permet alors d’affirmer que, dans ce désert, le chemin des humains a croisé celui des mammouths. Autre découverte, les empreintes des géants laineux se sont dévoilées avec tellement de précision grâce au radar qu’il a été possible d’évaluer la corpulence presque exacte du mammouth concerné. Mais le plus intéressant est peut-être sous les traces fossilisées.
La pression des pas révélée en plus de la forme
Sur les images des scanners, les scientifiques ont découvert, au-dessus des empreintes de mammouths, des petits renfoncements. « C’était complètement inattendu, indiquent les auteurs de l’article. Nous n’étions pas sûrs de ce que c’était au début, mais nous avons soupçonné que cela pouvait être dû au fait que les sédiments en dessous étaient comprimés par l’empreinte. » Le soupçon s’est confirmé. Le scanner ne fait pas que relever la forme des empreintes, elle apporte en plus une autre information sur l’espèce : la pression des pattes sur le sol et, par conséquent, la façon dont ils marchaient.
Cette donnée apportée grâce au géoradar est rarissime et précieuse pour mieux comprendre les mammouths longtemps après leur extinction. Au niveau du résultat obtenu, c’est presque comme si on avait fait entrer l’animal dans un laboratoire pour lui faire déposer la patte sur une balance. Or, « vous pouvez imaginer combien il est difficile de les faire entrer dans le laboratoire et les faire marcher sur des instruments scientifiques délicats », relèvent les scientifiques avec humour.
La pression des pas est loin d’être un détail. L’élément est même essentiel pour reconstituer avec le plus de proximité possible le « profil » des mammouths. De leur démarche, on peut en déduire d’autres caractéristiques liées à leur corpulence, leur physique, leur style de vie, leur mode de déplacement. Les scientifiques relèvent en tout cas que la pression des pas de mammouths semble très similaire à celle des éléphants de notre ère.
Maintenant qu’ils ont découvert, presque par hasard, l’utilité des radars à pénétration de sol pour percer les secrets d’espèces éteintes grâce à leurs empreintes — autant que pour les protéger –, les scientifiques évoquent la possibilité de généraliser cette technique à d’autres sites et à d’autres espèces de dinosaures.
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