Et si la phosphine, un composé toxique pour l’humain sur Terre, pouvait aider à rechercher une potentielle vie extraterrestre ? Des scientifiques explorent cette possibilité dans une étude présentée le 18 décembre 2019 par le Massachusetts Institute of Technology. Leurs travaux sont parus dans la revue Astrobiology le 22 novembre dernier.
« À notre connaissance, la phosphine (PH3) n’a pas encore été évaluée en tant que gaz de biosignature, écrivent les auteurs de l’étude. […] Il est possible, cependant, que des biosphères sur d’autres planètes puissent accumuler des niveaux de PH3 détectables significatifs. » Sur Terre, la phosphine est un gaz toxique, qui sent mauvais. Les formes de vie qui respirent de l’oxygène ne comptent pas sur la phosphine pour vivre, et n’en produisent pas non plus.
« Un gaz de biosignature prometteur »
Néanmoins, les scientifiques expliquent que certaines formes de vie, comme les bactéries anaérobies (qui peuvent exister en l’absence d’oxygène) peuvent produire de la phosphine. Ils ajoutent que si la phosphine ne peut être produite que par ces formes de vie si particulière, elle pourrait être utilisée comme une biosignature. « La phosphine est un gaz de biosignature prometteur, car elle n’a pas de faux positifs abiotiques [ndlr : incompatibles avec la vie] connus sur les planètes de type terrestre, qu’elle qu’en soit la source, qui pourraient générer les flux élevés nécessaires requis pour la détection », écrivent les chercheurs.
Autrement dit, il n’y aurait selon eux pas de risque de se tromper : « Une détection de PH3 sur une exoplanète tempérée ne s’expliquera probablement que par la présence de vie », poursuivent les auteurs (contrairement à des molécules comme l’ammoniac ou le méthane, pour lesquelles ils indiquent que le doute serait possible).
Détectable à une distance de 16 années-lumière
Les scientifiques ont travaillé sur plusieurs bases de données pour étudier diverses molécules qui pourraient potentiellement servir de biosignatures. La phosphine en faisait partie, et les résultats de l’étude concluent qu’elle pourrait être un gaz de biosignature très intéressant, à supposer que cette molécule puisse un jour être détectée sur une exoplanète.
Si la phosphine est bien produite sur une exoplanète, dans les mêmes quantités que le méthane existant sur Terre, il deviendrait possible de la détecter jusqu’à une distance de 16 années-lumière avec le futur télescope James-Webb. Il faudra encore patienter pour ça : le lancement du télescope James-Webb dans l’espace a été repoussé au mois de mars 2021.
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