Donald Trump voulait une interdiction complète de tous les produits aromatisés de cigarette électronique. C’est finalement vers un bannissement plus ciblé que les États-Unis se dirigent, a révélé le New York Times (NYT) le 31 décembre 2019.
Selon les informations du quotidien américain, confirmées par celles du Wall Street Journal, l’administration de Trump va bientôt annoncer que les produits aux goûts fruités seront interdits à la vente. Cependant, seules les recharges fermées seront concernées, et non les liquides qui servent à remplir les réservoirs de nombreuses cigarettes électroniques dites à « système ouvert » vendues sur le marché.
Parmi les marques d’e-cigarettes à système fermé, on trouve JUUL, l’entreprise controversée qui contrôle environ 75 % du marché américain, qui est dans le viseur de l’administration trumpienne, et qui a déjà retiré de la vente ses « pods » de liquides fruités depuis mi-octobre 2019. À ses débuts, JUUL a conquis un public très jeune — en focalisant son marketing vers les adolescents et jeunes adultes —, ce qui a poussé de nombreux parents à tirer la sonnette d’alarme, notamment concernant la dépendance à la nicotine. L’entreprise a beau avoir opéré un virage à 180° au niveau de son positionnement publicitaire (elle s’adresse désormais uniquement au public adulte fumeur), elle reste considérée comme ayant encouragé le vapotage chez les jeunes.
Donald Trump rétropédale sur ses annonces
L’interdiction des produits fruités provient à l’origine d’une volonté de réduire l’utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes. « Nous ne pouvons pas accepter que les gens tombent malades. Et nous ne pouvons pas accepter que cela touche nos enfants », lançait Donald Trump en septembre dernier. Mais le président américain mélangeait ici deux phénomènes, dont les liens de causalité ne sont pas prouvés : le vapotage de produits légaux chez les jeunes (en 2018, il concernait plus de 3,6 millions de collégiens et lycéens américains), et les deux milliers de cas de maladies pulmonaires qui se sont développées fin 2019, probablement liées à des produits contrefaits à base de THC.
Mais en se focalisant uniquement sur les cigarettes électroniques à sytème fermé, en plus de ne pas concerner les goûts tabac et menthol (les plus populaires), l’administration de Trump se montre ouvertement dans la recherche de compromis, plus que d’une interdiction ferme et globale.
Dès novembre 2019, la rumeur courrait que le président américain était sur le point de revenir sur son réquisitoire contre les cigarettes électroniques, notamment au vu de la force des lobbies, et des risques potentiels de perdre des électeurs avant la nouvelle élection présidentielle fin 2020.
D’autres arguments ont toutefois été mis en avant, comme le fait qu’un bannissement plus dur risquerait insidieusement d’encourager la consommation de produits contrefaits, et donc être contreproductive. Le fait que l’industrie du vapotage représente des milliers d’emplois, et pourrait être fragilisée, a également été mentionné au sein du gouvernement Trump, toujours selon le NYT.
L’industrie du tabac « classique », très puissante, n’est en tout cas pas étrangère à celle du vapotage : Altria, la maison-mère de Marlboro, avait par exemple pris 35 % de JUUL fin 2018 pour un montant de 12,8 milliards de dollars, avant d’être contrainte de déprécier son investissement d’un tiers en octobre dernier après les nombreuses polémiques.
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