480 millions d’animaux auraient péri à cause des incendies qui se produisent en Australie depuis le mois de septembre 2019, a rapporté l’AFP le 3 janvier 2020. Les feux de brousse qui ravagent le pays ont également entraîné le décès de 20 personnes. L’impact de ces événements sur la faune et la flore est jugé dévastateur.
D’où vient cette estimation et peut-on vraiment dire que près de 500 millions d’animaux seraient morts dans ces incendies ? Le chiffre de 480 millions d’animaux a été établi par une équipe de scientifiques de l’université de Sydney. Christopher Dickman, professeur spécialiste en écologie, est revenu sur la méthode qui a permis d’obtenir cette estimation dans un communiqué publié le 3 janvier 2020.
Une précédente étude sur l’impact du défrichement
« Ce calcul (480 millions d’animaux) était fondé sur de précédents travaux auxquels j’ai pris part pour estimer les effets du défrichement [ndlr : la mise en culture d’un terrain boisé] en Nouvelle-Galles du Sud », explique le scientifique à Numerama. L’étude dont Christopher Dickman fait mention a été publiée en 2007 : les travaux ont reçu le soutien du Fonds mondial pour la nature en Australie (WWF-Australia). « Nous avons estimé à partir de chiffres de densité publiés pour des mammifères, des oiseaux et des reptiles indigènes combien d’animaux risqueraient d’être tués selon les autorisations de l’État en matière de défrichement », poursuit le chercheur. 8 années ont été analysées, de 1998 à 2005 : pendant ce laps de temps, Christopher Dickman précise que le gouvernement fédéral a autorisé le défrichement de 640 000 hectares (soit 6 400 km²) de forêts.
Dans cette étude, les scientifiques concluent que le défrichement aurait été à l’origine de la mort de 104 millions d’animaux vertébrés indigènes. « Cette estimation n’incluait pas les chauve-souris, les grenouilles et d’autres groupes car il n’y avait pas d’estimation de densité pour eux ; ainsi, 104 millions était une estimation prudente », résume Christopher Dickman. Dans cette étude, les auteurs sont partis du principe que la totalité des animaux se trouvant sur les terres défrichées mourraient, soit de façon directe ou indirecte (à cause de la perte de nourriture ou d’abri, par exemple).
Les animaux « affectés » : une précision qui a son importance
« Si nous prenons maintenant les 3 millions d’hectares de terres brûlées dans les feux de brousse en Nouvelle-Galle du Sud (au moment où j’ai fait l’estimation, car la zone brûlée est maintenant beaucoup plus grande) et supposons que tous les mammifères, oiseaux et reptiles indigènes ont été affectés par les incendies, le chiffre est de 3 000 000 / 640 000 x 104 millions = 487,5 millions d’animaux », détaille le scientifique. Le résultat a été arrondi à 480 millions.
Une précision est importante, nous indique Christopher Dickman : « tous les animaux dans les zones brulées ne seraient pas nécessairement tués directement par les feux […] mais cette nuance ne semble pas être ressortie dans certains reportages ». Autrement dit, parmi ces 480 millions d’animaux affectés par les feux de brousse, certains pourraient voler, d’autres se cacher sous terre, ou encore trouver un refuge sous un rocher. L’estimation des scientifiques ne permet pas de dire que tous les 480 millions d’animaux estimés dans ce calcul seraient morts directement à cause des incendies.
Le nombre d’animaux touchés directement reste énorme
Néanmoins, « le nombre d’animaux directement touchés par les incendies est clairement énorme », poursuit le scientifique. Par ailleurs, dans les zones ravagées par les feux, le nombre d’animaux peut être réduit de façon indirecte et importante à cause du manque d’abri, de nourriture et de la présence de prédateurs comme les renards roux ou les chats sauvages, liste Christopher Dickman.
La vulnérabilité des koalas a fait l’objet d’une couverture médiatique dans la presse locale. « Mes commentaires — et l’estimation de 480 millions d’animaux indigènes touchés — cherchaient à inclure de nombreux animaux autres que les koalas qui ont probablement succombé dans les incendies, afin de fournir une appréciation plus complète de la variété des espèces qui ont été affectées », conclut Christopher Dickman.
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