L’année 2019 est malheureusement historique comme témoin du changement climatique. Selon l’Organisation météorologique mondiale, 2019 représente la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée. La concentration en dioxyde de carbone a atteint des niveaux records. Dans une étude publiée le lundi 13 janvier 2020 dans Advances in Atmospheric Sciences, une équipe internationale de chercheurs atteste que 2019 est une année record pour la température des océans.
Les scientifiques ont rassemblé les données entre les années 1950 et 2019. Ils en sont arrivés à la conclusion qu’en 2019, les températures sont supérieures de 0,075 degré par rapport à la moyenne de la période 1950-2010. Ce chiffre peut paraître faible, mais les océans structurent la Terre : ce qui apparaît comme une petite augmentation est en réalité un changement énorme à une telle échelle de volume.
Les auteurs de l’étude rappellent que le réchauffement des océans est « irréfutable ». Sa température constitue même une mesure clé du déséquilibre énergétique de la Terre. L’excès de gaz à effet de serre provoque l’emprisonnement croissant de chaleur au sein du système climatique, ce qui entraîne le réchauffement planétaire. À la fois comme résultat et comme témoin de cette dynamique, « plus de 90 % de la chaleur s’accumule dans l’océan en raison de sa grande capacité thermique ».
2019 : la chaleur de 5 bombes atomiques à chaque seconde
Il n’est pas simple d’expliquer pourquoi un chiffre comme 0,075 degré est si grave. Il faut pourtant bien se figurer qu’une telle température, pour être atteinte, signifie que les océans ont subi une augmentation de l’ordre de 228 sextillions joules. Pour prendre toute la mesure du chiffre, le voici en version complète : 228 000 000 000 000 000 000 000. Un tel taux de joules représente une chaleur énorme, d’autant plus lorsqu’elle a un impact sur des écosystèmes et leurs êtres vivants.
Toujours pour illustrer le plus simplement possible les faits, les chercheurs utilisent une image : la bombe atomique. Celle qui a dévasté Hiroshima a émis une énergie de 63 000 000 000 000 joules. À titre de comparaison, « le niveau de chaleur que nous avons mis dans les océans du monde durant les 25 dernières années équivaut à 3,6 milliards d’explosions de la bombe atomique d’Hiroshima ».
Cette image comparative est d’autant plus forte si on la transpose à l’échelle de la seule année 2019. Dans une interview pour Vice, l’un des co-auteurs de l’étude explique que le réchauffement des océans était équivalent à « la chaleur émise par environ cinq bombes Hiroshima, explosant chaque seconde, et ce jour et nuit pendant les 365 jours de l’année ». Il ajoute que c’est comme si chacun des 7,5 milliards d’humains sur Terre pointait simultanément et sans arrêt un sèche-cheveu sur l’océan.
Face à toutes ces images saisissantes, il faut maintenant imaginer que cette chaleur dont il est question brise non seulement un record en 2019, mais ne fait qu’augmenter constamment.
Une menace pour les océans est une menace pour la vie
Les océans sont des écosystèmes complexes remplis de vie. Toutes les espèces de faune et de flore qui ne peuvent pas s’adapter assez vite à ce réchauffement exponentiel sont menacées. Le taux de mortalité augmente chez les poissons, les oiseaux et les mammifères marins. Ils perdent également leurs habitats, leurs zones de reproduction et font face à des déplacements de masse. Pour les récifs coralliens, la dégradation se traduit par leur blanchiment, signe d’un risque accru de mortalité.
Le réchauffement constant peut aussi provoquer une multiplication des « vagues de chaleur » : une augmentation brutale et très élevée de la température dans une zone océanique particulière. Ce fut le cas sur la côte ouest-américaine entre 2014 et 2016. Dans l’étude, les chercheurs expliquent que ces vagues, et plus généralement les changements environnementaux, « posent de hauts risques pour la biodiversité et la pêche, et causent des pertes économiques ».
L’effet « retard » souvent évoqué dans le cadre du changement climatique vaut pour les océans. Les auteurs de l’étude confirment que les eaux vont continuer à se réchauffer même si la température de l’air est stabilisée en dessous de 2 degrés, l’objectif de l’Accord de Paris. Les gaz à effet de serre mettent du temps à se dissiper à l’échelle planétaire. Il y a un décalage entre les émissions et leurs effets concrets. Ce n’est pas pour autant qu’il faut perdre espoir : une stabilisation des températures par une réduction des émissions ne pourra qu’être bénéfique pour atténuer le réchauffement océanique. Les chercheurs précisent que cela réduirait par exemple les risques supplémentaires (comme les vagues de chaleur) causés par ce phénomène.
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