C’est un défi considérable que vient d’accomplir SpaceX. Le 19 janvier, un jour après la date initialement prévue, l’entreprise américaine a fait décoller une fusée Falcon 9 de la base de lancement de Cap Canaveral, sur la côte est des États-Unis, pour démontrer en conditions réelles le bon fonctionnement d’un système d’évacuation d’urgence. Le test, survenu le 20 janvier, est un succès.
Concrètement, l’opération de ce week-end consistait à montrer de quelle façon SpaceX est en mesure de secourir des astronautes en route vers la Station spatiale internationale s’il s’avère que le lanceur rencontre une défaillance critique pendant son ascension. En cas de péril imminent, donc, la capsule qui transporte l’équipage, appelée Crew Dragon, joue un rôle décisif pour préserver les vies à bord.
Une Falcon 9 détruite pour la bonne cause
En cas d’explosion de la fusée, d’une trop faible poussée entraînant sa chute vers la Terre ou bien si elle se désagrège, la capsule se désolidarise de la Falcon 9 et s’échappe à très haute vitesse grâce à ses propres moyens de propulsion. Une fois à bonne distance, la capsule manœuvre alors pour préparer son retour à la surface et freine sa chute grâce à ses parachutes.
C’est ce scénario qui s’est joué sans accroc le 19 janvier au-dessus de l’océan Atlantique, là où la capsule a fini sa course. La séquence, qui peut être revue dans la vidéo ci-dessous, a débuté par un décollage classique puis, après environ une minute trente de vol, les moteurs de la fusée se sont coupés. Au même moment, ceux de la capsule se sont allumés pour mettre hors de danger la capsule.
La capsule a poursuivi un temps son ascension dans l’atmosphère, avant de chuter vers la Terre, faute d’avoir une vitesse suffisante pour échapper à la gravité. Après quasiment cinq minutes après le décollage, le vaisseau a ouvert ses parachutes. Et, près de quatre minutes plus tard, il amerrissait sans problème. Quant à la fusée, son destin est plus funeste : elle s’est autodétruite peu après le départ de la capsule.
Félicitations en cascade
Le succès de ce vol a évidemment suscité plusieurs commentaires, à commencer par celui de Jim Bridenstine, le patron de la NASA. « Ce test décisif nous met en position de renvoyer à nouveau très prochainement des astronautes américains sur des fusées américaines depuis le sol américain », s’est-il félicité, en allusion au fait que les États-Unis dépendent de la Russie pour accéder à l’ISS.
L’astronaute américain Nick Hague, qui a été confronté en 2018 à un tel scénario, y est allé lui aussi de sa réaction : « Croyez-moi… survivre à une défaillance de fusée grâce au bon fonctionnement du système d’évacuation a rendu le test d’aujourd’hui personnel ». En effet, il se trouvait à bord de la mission Soyouz MS-10 lorsque le lanceur a eu un souci au niveau de la poussée. Heureusement, tout s’était bien terminé.
De son côté, Elon Musk, le fondateur de SpaceX, a également suivi avec attention le tir et sa conclusion, soulignant la complexité d’une telle manœuvre : « le test d’interruption d’un vol supersonique à haute altitude est une mission risquée, car il repousse les limites de tant de façons », a-t-il lancé, avant de remercier ses équipes et la NASA une fois la certitude acquise que tout s’est passé comme prévu.
Maintenant, l’étape d’après consiste à passer de la théorie à la pratique. Jusqu’à présent, tous les tests ont impliqué une capsule inoccupée, pour des raisons évidentes de sécurité. La finalité étant le transport d’équipages vers l’ISS, il va maintenant falloir s’y mettre pour concrétiser ces années de préparation. Cet ultime pas doit être accompli durant le premier semestre 2020.
Mais avant d’envoyer des astronautes pour des missions de longue durée dans l’espace, il y aura encore une étape intermédiaire à franchir : il s’agit d’un vol d’entraînement habité vers la Station spatiale internationale. Les « pilotes d’essai » sont Robert Behnken et Douglas Hurley. Ils ont évidemment partagé leur satisfaction de voir que tout s’est déroulé comme prévu, au regard du rôle qu’ils vont tenir.
L’Amérique retrouve son autonomie spatiale
Mais avant de voir Robert Behnken et Douglas Hurley s’envoler vers l’ISS, ouvrant ainsi le bal des rotations d’équipages, SpaceX et la NASA vont avoir encore quelques semaines d’analyse pour vérifier si les données enregistrées pendant ce test correspondent à celles qui avaient été anticipées en amont. En attendant, les deux astronautes vont poursuivre leur entraînement pour être prêt le jour J.
Lorsque ce jour viendra, ce sera un grand moment, à la fois pour SpaceX et la NASA, mais aussi pour les États-Unis. Voilà en effet pratiquement dix ans — depuis l’arrêt de la navette spatiale — que le pays n’est plus en capacité de transporter lui-même ses astronautes, à partir de son propre sol. Depuis, Washington devait compter sur Moscou. Une dépendance qui appartiendra bientôt au passé.
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