Voilà un mois qu’une épidémie a démarré en Chine. Elle s’exprime par les symptômes proches de la grippe, mais n’en a même pas le même code génétique : « nCov-2019 » est un nouveau coronavirus.
De nombreux laboratoires travaillent actuellement à mieux le comprendre, afin d’établir des traitements plus efficaces et, à terme, un vaccin. L’inquiétude ne cesse de monter face à l’épidémie qui se répand maintenant au-delà des frontières de la Chine. La population se pose de nombreux questions, de « Ce virus est-il vraiment dangereux ? » à « comment risquons-nous de l’attraper ? ».
Voici quelques éléments de réponses, compte-tenu des connaissances actuelles sur nCov.
Quelle est l’origine de ce virus ?
Ce 27 janvier 2020, le bilan est de 80 morts et de 2 700 personnes infectées. Des cas ont été déclarés aux États-Unis, en Australie, en Thaïlande, au Japon, en Corée du Sud et dans encore d’autres pays. La France est aussi concernée : trois patients ont été hospitalisés comme cas avérés du nouveau coronavirus. Ils ont été placés en isolement.
Pour rappel, l’épidémie a pour épicentre la ville de Wuhan, au centre de la Chine. La piste la plus probable est un étrange marché, plus ou moins légal, où l’on trouvait des animaux vivants : chauve-souris, oiseaux, marmottes, serpents. L’une des études les plus sérieuses évoque une mutation d’un virus chez la chauve-souris, qui serait alors passé chez des serpents puis chez des humains.
Quels sont les symptômes du virus chinois ?
Si tout a probablement démarré d’une transmission de l’animal vers l’humain, l’existence d’une transmission interhumaine est depuis avérée. Preuve certaine : du personnel médical a même été contaminé, en Chine. Les symptômes : de la fièvre et des difficultés respiratoires telles que de la toux. Lorsque le coronavirus provoque un « état sévère » chez le patient, la détresse respiratoire se fait plus forte et peut s’accompagner d’une insuffisance rénale, voire d’une défaillance multi-viscérale.
Les premiers symptômes ressemblent énormément à ceux d’une grippe, et ce, en plein hiver, à un moment où les cas de grippe saisonnière sont courantes. Autre difficulté du diagnostic : le temps d’incubation peut aller jusqu’à 14 jours. Il est donc probable — on dit bien probable, ce n’est pas certain — que des patients puissent être atteints par nCov sans encore présenter des symptômes, tout en étant contagieux.
Ce n’est pas parce que vous avez des symptômes grippaux que vous avez nCov
En conclusion, présenter des symptômes grippaux proches de ceux que l’on décrit pour le coronavirus ne fait pas de vous un cas suspect, loin de là. Cela ne veut pas dire pour autant que tout le monde, même sans symptôme, ne doit pas suivre des règles élémentaires d’hygiène pour éviter toute propagation.
- Ce qu’il faut retenir : les symptômes de nCov sont classiques, proches de la grippe. Donc ce n’est pas parce que vous avez de la toux, de la fièvre, et le nez qui coule, que vous avez attrapé nCov. La probabilité est même proche de zéro à l’heure actuelle.
Le coronavirus chinois est-il dangereux ?
La dangerosité et même la létalité du coronavirus sont aujourd’hui assez faibles. Les chiffres officiels indiquent actuellement 80 décès sur 2 700 infectés en l’espace d’un mois, ce qui représente une proportion de létalité peu inquiétante en soi. Les personnes qui réagissent le plus gravement à la contamination présentaient avant un affaiblissement immunitaire. Il s’avère donc que, malgré la panique ambiante, nCov ne soit pas plus dangereux que la grippe saisonnière ou que la rougeole. Si le nombre de décès peut faire peur, il faut aussi rappeler que beaucoup d’infectés en sont d’ores et déjà sortis guéris.
Le facteur d’incertitude, quant au danger de nCov, est le risque de mutation. Plus un virus infecte des hôtes d’un même type d’organisme, plus il s’y habitue. Il peut alors muter et voir sa virulence augmenter. Raison pour laquelle contenir la propagation, via des mesures d’isolement et de quarantaine, est une urgence sanitaire absolue… à laquelle la Chine répond en ayant placé des millions de personnes en quarantaine, près du foyer de l’épidémie. Quoi qu’il en soit, toute projection est vaine pour l’instant, les modélisations anticipatrices sont en cours.
Le coronavirus reste moins dangereux qu’une grippe saisonnière
- Ce qu’il faut retenir : non, le virus n’est pas dangereux en soit, pour la grande majorité de la population, à l’heure actuelle. Mais s’il mute, sa virulence pourrait augmenter. De bonnes précautions sanitaires limitent donc sa propagation et donc sa dangerosité potentielle.
Comment se transmet le virus chinois ?
C’est probablement au sujet de l’infectiosité de nCov que l’on voit courir le plus de rumeurs sur les réseaux sociaux et, forcément, le plus d’inquiétudes. Si vous présentez des symptômes grippaux similaires à ceux reliés à nCov, mais que vous ne revenez pas de Wuhan et n’avez pas été proche de quelqu’un revenant de Wuhan, alors le taux de probabilité que vous soyez atteint ou atteinte par le coronavirus est plus qu’ultra-minimal. À l’heure actuelle, seule cette situation pourrait faire de vous un « cas suspect ».
Quant à la contamination interhumaine, et donc le risque d’attraper le coronavirus lorsque l’on n’appartient pas à la situation décrite ci-dessus, les connaissances actuelles postulent que seule une contamination par postillon est possible. Il faudrait donc qu’une personne atteinte du virus éternue, tousse ou vous parle, et ce à moins d’un mètre de votre visage. Le risque se présente aussi en cas de « contact étroit » avec quelqu’un étant un cas suspect, c’est-à-dire en partageant le même foyer par exemple.
Non, vous ne serez pas contaminé avec un colis Aliexpress venant de Chine
Compte-tenu de ces vecteurs de contagion, il n’y a pas de risque d’attraper nCov en recevant un colis Aliexpress, ou de toute autre plateforme qui facilite l’envoi de colis venant de Chine. Cette idée, qu’on a pu voir se répandre sur les réseaux sociaux ces derniers jours, n’a aucun fondement.
- Ce qu’il faut retenir : pour présenter un véritable risque d’être atteint de nCov, il faut revenir de Chine et avoir été en contact avec le foyer de l’épidémie ; et, éventuellement, avoir été en contact direct avec quelqu’un dans cette situation — mais en dehors du personnel médical en Chine qui a été en contact direct et prolongé avec les malades, aucun autre cas de la sorte n’a été encore scientifiquement attesté. Il est donc probable que le coronavirus présente actuellement une faible capacité de propagation.
Quelles précautions prendre pour se protéger du virus ?
Si vous présentez des symptômes du coronavirus et que vous revenez de la province à laquelle appartient Wuhan, alors ne vous rendez pas chez le médecin, n’appelez pas non plus de médecin, et ne vous rendez surtout pas aux urgences. Le but est de limiter tout risque de propagation. Il faut composer le 15 (le SAMU). Vous serez soumis à un questionnaire sur les symptômes et la situation et, si un véritable doute se présente, vous serez pris en charge.
Si vous ne présentez pas de symptômes, ce n’est pas la peine de porter un masque de protection, son efficacité dans ce domaine n’est pas scientifiquement démontrée. En revanche, si vous présentez des symptômes s’exprimant par exemple par une toux, porter le masque sera toujours utile pour limiter toute propagation quel que soit le virus dont vous êtes atteint.
Respectez à la lettre les règles d’hygiène de toute épidémie
De manière générale, symptômes ou non, et comme pour une épidémie classique de grippes, le ministère de la Santé recommande de suivre des règles strictes d’hygiène :
- Lavez-vous les mains régulièrement, en sortant des toilettes mais pas seulement, au savon et/ou avec du gel hydroalcoolique.
- Éternuez dans votre coude en prenant soin de bien recouvrir votre bouche et votre nez lors de l’éternuement.
- Utilisez des mouchoirs à usage unique (et lavez-vous les mains après).
- Ce qu’il faut retenir : si vous présentez les symptômes alors que vous revenez de Chine, et plus précisément de Wuhan, ne pas se rendre aux urgences ni chez le médecin mais appeler le SAMU (15). Plus globalement, tout le monde est appelé à suivre avec énormément de rigueur, au travail et à la maison, des règles strictes d’hygiène.
Les chiffres du bilan indiqués dans cet article sont ceux à jour au moment de la date et de l’heure de publication de l’article, à savoir le 27 janvier 2020 à 12h40.
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