Ce n’est qu’au cours du premier trimestre 2021 que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sera en mesure de publier son évaluation consacrée aux risques de la 5G sur la santé humaine. Mais s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions médicales sur les effets supposés de la prochaine norme de téléphonie mobile de premiers éléments ont été partagés par l’agence pour expliquer les conditions dans lesquelles elle travaille.
Face aux craintes que suscite la 5G, le gouvernement a missionné deux agences spécialisées pour évaluer le risque sanitaire. L’exécutif a aussi rappelé que cette nouvelle norme doit de toute façon respecter les limites réglementaires déjà en vigueur pour les autres générations.
Le principal enseignement de l’Anses, à l’heure actuelle, est qu’elle fait face à un défaut de « de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés à l’exposition aux fréquences autour de 3,5 GHz ». Or, cette bande-là est celle qui sera la première à être exploitée en France pour le déploiement commercial de la 5G, en 2020. D’autres suivront, mais seulement dans quelques années, comme la bande 26 GHz ou encore celles qui sont actuellement utilisées pour la 2G, 3G et 4G.
Pas assez d’études disponibles
Plus exactement, ce défaut est un « manque important, voire une absence de données » sur les effets sanitaires de la bande 3,5 GHz, développe l’Anses dans son rapport intermédiaire daté d’octobre 2019. En effet, l’Anses n’a trouvé que 4 études satisfaisant ses critères de recherche, ce qui est très peu, là où les fréquences situées entre 20 et 60 GHz ont davantage été étudiées par la littérature scientifique — 174 études ont été trouvées par son comité d’experts spécialisé.
Comment expliquer un tel écart ? D’abord, par le fait que les deux segments de fréquence sont très différents : le premier est resserré sur 400 MHz (3,4 GHz-3,8 GHz), tandis que le second porte sur une tranche de 40 GHz (20-60 GHz). Le ratissage est plus large. Ensuite, l’Anses relève que la bande 3,5 GHz n’a pas fait l’objet jusqu’à présent d’une exploitation importante. Dès lors, « aucune recherche spécifique sur les effets potentiels de l’exposition n’a jusqu’alors été menée ». Mais tout va changer avec la 5G.
Pour autant, l’Anses a peut-être une solution : pour compenser la faible disponibilité des travaux, elle va étudier la possibilité d’extrapoler les résultats d’expertises précédentes sur d’autres bandes de fréquences, afin de tirer des enseignements pour le segment des 3,5 GHz. Plus exactement, l’agence s’intéresse aux ondes diffusées de 8,3 kHz à 2,45 GHz, qui pourraient lui servir de base de travail. En effet, c’est là que l’on retrouve notamment les fours à micro-ondes, le Bluetooth ou encore le WiFi (2,45 GHz).
L’institution observe « qu’il est possible de considérer dans un premier temps que, dans le domaine des interactions biophysiques entre les champs électromagnétiques et le corps humain, l’exposition à des fréquences de l’ordre de 3,5 GHz est proche de l’exposition à des fréquences légèrement plus basses, par exemple 2,45 GHz, telles que celles utilisées pour les communications Wi-Fi.Toutefois, la spécificité des signaux 5G (modulation, puissance) pourrait influencer les niveaux d’exposition ».
Mais en la matière, l’Anses sait qu’elle doit avancer avec prudence, car le sujet est sensible au sein de la population. Les effets des ondes sur le métabolisme font régulièrement l’objet de sujets dans la presse, mais aussi de discussions sur les forums et les réseaux sociaux. Un exemple récent concerne le compteur communicant Linky, qui suscite une vive hostilité chez certains habitants, alors même que les mesures in situ montrent des valeurs très éloignées des limites réglementaires.
« Il conviendra d’évaluer dans quelle mesure, et sous quelles conditions, les résultats déjà obtenus en matière d’évaluation des risques pour la santé [pour d’autres fréquences assez proches, NDLR] pourraient être extrapolés et donc pertinents pour la 5G », écrit ainsi l’Anses. Pour autant, l’agence souhaite que la communauté scientifique se saisisse de ce sujet et lance de nouveaux travaux pour creuser la problématique, notamment sur l’impact éventuel de la modulation des signaux en 5G.
En attendant, l’Agence profite des diverses expérimentations des opérateurs en cours sur le territoire pour amasser des informations, que lui fournit l’Agence nationale des fréquences (ANFR). En effet, celle-ci mène depuis fin 2018 des essais exploratoires de mesure de l’exposition dans la bande 3,5 GHz. Autant de mesures qui nourriront les travaux de l’Anses, afin de concevoir des modèles d’exposition du public et de prendre, si besoin, des dispositions particulières.
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