Voici toutes les informations volontairement mensongères qui circulent au sujet de l’épidémie du coronavirus.

L’épidémie du nouveau coronavirus 2019-nCoV ne cesse d’être au cœur de l’attention depuis plusieurs semaines. Ce 29 janvier 2020, le bilan est de 6 057 personnes infectées connues, 132 décès et 110 guérisons. L’épicentre est en Chine, surtout au niveau de Wuhan où tout a démarré, mais des cas ont été pris en charge ailleurs dans le monde, dont aux États-Unis, en France, en Allemagne, au Japon. Sur les 6 057 cas d’infection, 87 sont en dehors des frontières de la Chine.

Carte de la propagation du coronavirus à date du 29 janvier 2020 à 16h30. // Source : Johns-Hopkins University

Carte de la propagation du coronavirus à date du 29 janvier 2020 à 16h30.

Source : Johns-Hopkins University

L’épidémie est donc bien loin d’une pandémie. Le coronavirus donne certes beaucoup de fil à retordre aux laboratoires, qui n’ont pas encore établi de vaccin, mais la situation reste sous contrôle. Pour autant, ce sujet génère énormément d’inquiétude dans la population et de nombreuses informations erronées en découlent. Nous référençons dans cet article toutes les « fake news » qui ont d’ores et déjà été repérées sur la toile — liste que nous mettrons à jour si besoin.

1. Aucun brevet déposé en 2003 lié au nouveau coronavirus

La première information volontairement mensongère est absurde et revêt des accents complotistes, pourtant elle a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Plusieurs posts Facebook, et quelques tweets, partagés des centaines de fois, affirment que le coronavirus 2019-nCoV aurait été créé par une entreprise américaine en 2003 puis diffusé dans le monde afin de vendre des vaccins. Les publications appuient cette fausse information sur la base de copies d’écran incomplètes d’un brevet déposé en 2003.

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Sauf que, si ce brevet existe bien, il n’a absolument rien à voir avec 2019-nCoV qui sévit actuellement et qui a émergé fin décembre 2019 à Wuhan. En réalité, le brevet concerne le virus SARS-CoV, qui avait déclenché une épidémie en 2002 / 2003 — pour laquelle des vaccins avaient été trouvés. Ces publications sur Facebook et Twitter créent donc un lien erroné entre deux choses distinctes et leur conclusion est tout aussi radicalement fausse.

  • Ce qu’il faut retenir : non, le coronavirus 2019-nCoV n’a pas été créé par les Américains ni « créé » tout court, cette nouvelle souche a émergé fin décembre 2019 après une probable mutation au sein de chauve-souris et/ou de serpents. Aucun vaccin n’a encore été trouvé mais la recherche avance.

2. Cette vidéo ne montre pas le marché de Wuhan

À l’ère des réseaux sociaux, à chaque événement de grande ampleur il arrive que des vidéos et des photos qui n’ont rien à voir soient diffusées. C’est le cas pour l’épidémie de 2019-nCoV et il ne faut donc pas se fier à toutes les images sur lesquelles vous tombez.

Une vidéo vue 28 millions de fois en quelques jours (selon l’AFP) est censée montrer le marché de Wuhan, foyer de l’épidémie. C’est effectivement au sein d’un marché, à Wuhan, en Chine, que le coronavirus est passé de l’animal vers l’humain. On y trouvait toutes sortes d’animaux, vivants ou morts. Pour autant, cette vidéo très diffusée ne montre pas du tout ce marché : les images peuvent être retracées à une vidéo Youtube [images choquantes, ndlr] qui date de juillet 2019 et il s’agit en fait d’un marché situé en Indonésie.

  • Ce qu’il faut retenir : les vidéos et images qui ne sont pas diffusées par un compte officiel ou vérifiées par un média reconnu ne sont pas des sources fiables, à l’image de cette vidéo qui ne montre pas, en réalité, le bon marché. Il faut prendre ce que vous voyez (infographies, chiffres, images) avec prudence.

3. Vous ne risquez pas d’attraper le coronavirus par colis AliExpress

Cela a commencé comme une blague sur les réseaux sociaux mais, en toile de fond, l’idée se répand : « Vais-je attraper le coronavirus si je reçois un colis provenant de Chine, commandé sur AliExpress ou Amazon ? », se demandent beaucoup d’internautes.

Or, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur ce sujet, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, la contagion est aérosole : le coronavirus se transmet par « postillons », donc pour l’attraper par contagion interhumaine, il faut parler à moins d’un mètre de quelqu’un d’infecté ; ou que cette personne tousse ou éternue sur vous. Aujourd’hui, il n’existe aujourd’hui aucune preuve scientifique d’une contagion par un quelconque autre biais.

L’autre raison relève aussi du profil du coronavirus : il ne survit que quelques heures en milieu extérieur (hors de tout hôte). Or, il faut bien plus de quelques heures pour transporter un colis de la Chine vers la France. De fait, le ministère de la Santé rappelle que « le risque d’être infecté par le nCoV en touchant un objet importé de Chine est considéré comme extrêmement faible ».

  • Ce qu’il faut retenir : le coronavirus contamine par transmission aérosol et ne survit que quelques heures en milieu extérieur, le risque de l’attraper par un colis reçu de Chine est quasi nul.

4. Les masques de protection ne servent pas à se protéger

Depuis l’annonce de l’épidémie, les pharmacies ont vu leurs stocks de masques de protection être dévalisés. C’est une bonne chose que les personnes malades, présentant des symptômes tels que de la fièvre ou de la toux, portent un tel masque. Même sans symptômes, il vaut mieux donc porter ce masque si vous revenez de Chine.

Il est également bon de porter le masque si, inversement, vous présentez les symptômes mais ne revenez pas de Chine. Cela évite toute propagation éventuelle de 2019-nCoV mais évite aussi de manière générale que les grippes normales se diffusent — dans le contexte, une épidémie de grippes saisonnières ajouterait à la psychose.

Cela étant, porter le masque si vous n’êtes pas malade, en guise de protection, n’a strictement aucune utilité. Contaminer quelqu’un par aérosol et être soi-même contaminé par aérosol n’obéit pas au même processus. En conclusion, ce n’est ni une mesure recommandée, ni une protection se basant sur le moindre fondement.

  • Ce qu’il faut retenir : si vous n’êtes pas malade et que vous ne revenez pas de Chine, pas la peine de porter un masque pour se protéger. Par contre, dans ce contexte, si vous êtes malade il est recommandé de porter un masque pour protéger autrui, idem si vous revenez de Chine.

Comment repérer les fake news sur ce sujet ?

Le suivi des informations sur un sujet qui est à ce point au cœur de l’actualité peut être complexe. Le bilan évolue parallèlement à notre connaissance du coronavirus. Pour vous y retrouver, on vous conseille la fameuse carte interactive mise à jour en temps réel, grâce à laquelle vous pouvez avoir toutes les données actuelles sur la diffusion du coronavirus.

De manière générale, nous vous invitons à ne pas prendre en considération ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux sans être appuyé par des sources ayant vérifié le contenu : un site officiel ou un média d’information reconnu. Nous vous invitons également à regarder régulièrement notre rubrique dédiée au coronavirus.

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