Le glacier de Pine Island est le plus grand de l’Antarctique. C’est aussi celui qui fond le plus rapidement, sous l’influence du changement climatique. De fait, autre particularité, il contribue énormément à la montée globale des océans. Les scientifiques essayent de comprendre la façon dont il fond, pour en anticiper l’évolution — et ainsi celle de l’élévation de la mer. Une étude publiée dans Nature Geoscience le 27 janvier 2020 apporte de nouveaux éléments — en contradiction avec d’anciens postulats.
Le rythme de fonte de ce glacier a quadruplé entre 1995 et 2006. Depuis, de nombreuses études suggéraient que ce rythme ne faisait qu’augmenter de façon exponentielle, tandis que d’autres évoquent un rythme plus modéré. Cette nouvelle étude propose un nouveau modèle pour trancher le débat.
La fonte reste inévitable, mais elle sera moins rapide
Les chercheurs de l’université de Bristol, en Angleterre, ont mobilisé les données fournies par un satellite de l’Agence spatiale européenne, CryoSat, pour établir de nouveaux modèles sur la fonte du glacier lors des dix dernières années. Ce satellite a la particularité de cartographier les niveaux du glacier : les scientifiques peuvent identifier le taux de fonte en fonction de chaque zone ainsi que la rapidité locale de cette fonte.
Résultat, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. Commençons par la bonne : selon l’article de recherche, le taux de perte de glace dans le tronc central du glacier s’est réduit de cinq fois. La mauvaise nouvelle : sur les marges du glacier, la fonte des glaces a énormément augmenté. Pour le dire plus simplement, l’étude suggère que la frontière à partir de laquelle le glacier touche le sol terrestre, là où il ne flotte pas, ne va pas être que très modestement repoussée dans les décennies à venir.
Le « corps » principal du glacier va donc être préservé. En revanche, il va continuer à perdre globalement en masse. Jonathan Bamber, auteur de l’étude, tient donc à mettre en perspective les conclusions : « Cela pourrait ressembler à une bonne nouvelle, mais c’est important de se rappeler que l’on prévoit toujours que le glacier va perdre en masse dans le futur et que cette tendance va augmenter — simplement, pas aussi rapidement que ce que des modèles suggéraient. »
Le glacier de Pine Island n’est donc, peut-être, que partiellement condamné. Cette étude vient rappeler que les mesures écologiques visant à réduire l’impact du changement climatique sur la fonte des glaces sont d’autant plus importantes que tout n’est pas « perdu ». Si le réchauffement des océans a atteint un nouveau record en 2019, les glaciers sont encore présents et il n’est pas impossible d’en freiner la fonte.
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