L’année 2019 a été l’année de nombreux records climatiques : le réchauffement historique des océans en est emblématique. L’année 2020 ne commence pas beaucoup mieux. Un bulletin du Service Copernicus concernant le changement climatique (dans le cadre de l’Union européenne) apporte des données montrant que le mois de janvier 2020 était plus chaud que n’importe quel autre mois de janvier jamais enregistré dans le monde. Le réchauffement est de 1,4 degré par rapport à l’ère préindustrielle.
En Europe, plus précisément, les températures du mois étaient 3,1 degrés au-dessus de la moyenne enregistrée sur la période 1981-2010 ; et 0,2 degré au-dessus des températures du précédent mois record, à savoir janvier 2007. Si l’on va plus au Nord, le record s’envole : sur tout le croissant allant de la Norvège à la Russie, la température moyenne est 6 degrés au-dessus de la moyenne 1981-2010.
Dans la ville norvégienne de Sunndalsora, le thermomètre a atteint 19 degrés : c’est 25 degrés au-dessus de la moyenne locale de saison. La ville suédoise de Orebro a vécu quant à elle le jour de janvier le plus chaud depuis le début de sa surveillance météorologique en 1858. Le bulletin du Climate Change Service relève également que, sans pour autant franchir le stade du record, ce mois a dépassé les moyennes dans d’autres régions du monde que l’Europe, par exemple aux États-Unis et au Canada.
La conjonction de deux phénomènes
Tous ces chiffres sont évidemment impressionnants, mais ils prennent encore plus en importance lorsque l’on saisit bien leurs raisons d’être. Le record obéit d’abord à une tendance de fond, une évolution observable sur le temps long. Au niveau mondial, ce mois de janvier est plus chaud de 0,03 degré par rapport au précédent record, établi en janvier 2016. Cela signifie que, petite touche par petite touche, la courbe du réchauffement s’intensifie.
Contactée par Numerama, la professeure d’océanographie et de sciences du climat Sabrina Speich indique que le lien exact entre le changement climatique et ce record de températures pour janvier 2020 manque encore de « preuves robustes ». Ce lien relève pour l’instant surtout d’une déduction entre la nature du changement climatique, ses conséquences factuelles et les tendances climatiques observées dans un contexte précis.
On sait que, de manière générale, le changement climatique « implique une augmentation de la température moyenne partout (et dans l’hémisphère nord en particulier), mais aussi de l’amplitude des événements extrêmes (canicules, sécheresses, inondations, érosion du littoral…) ». Or, le taux de concentration de gaz à effet dans l’atmosphère augmente cela « accélère le changement climatique ». De fait, l’accroissement du changement climatique mis en relation avec l’accroissement des températures ayant mené au record de janvier permet d’estimer qu’« a priori oui, ces températures douces, trop douces, sont une conséquence de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère », selon Sabrina Speich.
La conjonction entre le changement climatique et le confinement naturel du vortex polaire
Pour expliquer de tels records de températures pour ce mois spécifique de janvier 2020, il faut aussi croiser le changement climatique avec des variations naturelles. En l’occurrence, les oscillations de l’Atlantique Nord et de l’Arctique sont dites « positives » : cela signifie que l’air froid ne s’échappe pas. Et, comme le signale le Washington Post, ce sera le cas encore jusqu’à la mi-février. Il faut donc retenir que ce mois de janvier surpassant de loin de nombreuses moyennes est le résultat d’une conjonction entre une augmentation globale et de fond des températures, aggravée en ce début 2020 par une situation naturelle d’un vortex polaire confiné au pôle.
En bref, la mécanique climatique à l’œuvre dans un hiver aussi douce, plus qu’il ne « devrait » l’être, est complexe. Les activités humaines provoquant le changement climatique global sont partiellement à incriminer, mais, pour bien comprendre le phénomène, il ne faut pas prendre ce facteur de manière isolée.
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