Apollo, Challenger, Ariane, Voyager ou encore Pioneer… nombreux sont les véhicules ou les programmes spatiaux à avoir eu droit à un nom symbolique, poétique ou bien tiré de la mythologie d’anciennes civilisations. En la matière, les sources d’inspiration peuvent être très variées et ne se limitent absolument pas à ces trois catégories. Le télescope spatial Hubble, par exemple, tient son nom d’un astronome américain.
Cette pratique n’est pas propre à l’Occident. En Russie aussi, on donne des noms avec l’intention de faire passer un message. Pour nommer sa station spatiale, l’URSS a choisi le mot « Mir », qui veut dire « paix » et « monde ». Le module Zarya, qui fait partie de la Station spatiale internationale, se traduit par « aube » ou « commencement ». Quant à la célèbre sonde Spoutnik, son nom veut dire « compagnon de route ».
Le nom de Soyouz est en fait utilisé par le véhicule spatial à proprement parler, mais aussi par le lanceur chargé de l’envoyer dans l’espace et, plus généralement, par le programme qui chapeaute le tout.
Les exemples dans ce domaine ne manquent pas. Sur le forum NASA Spaceflight, une liste des termes est ainsi proposée, avec à chaque fois la traduction (en anglais) et une petite note explicative. On y trouve évidemment aussi le nom du célèbre vaisseau spatial Soyouz, qui signifie tout simplement… « union » en russe. Un terme qui ne doit rien au hasard, car il provient de l’époque où l’URSS était encore debout.
C’est en effet dans les années soixante, en pleine compétition spatiale entre Washington et Moscou, que le nom de Soyouz est apparu. À l’époque, l’URSS (« Union des républiques socialistes soviétiques », soit en transcription russe « Soyuz Sovetskikh Sotsialisticheskikh Respublik ») lance le développement du vaisseau spatial 7K-OK, OK étant un acronyme de « Орбитальный Корабль » (vaisseau orbital).
C’est ce projet qui a reçu le nom de Soyouz, « Union » en français, comme le rappelle un ouvrage de la NASA. Évoquant la conquête spatiale côté soviétique, l’agence spatiale américaine écrit à ce propos que « les résultats les plus importants du projet ont été le développement d’un nouveau type de vaisseau spatial piloté, le 7K-OK, qui a hérité du nom Soyouz, et la solution au problème des rendez-vous et des amarrages automatiques ».
Soyouz : une histoire vieille de 50 ans
Le Soyouz, en tant que navette spatiale, est un engin de 7 tonnes et d’une envergure de 11 mètres avec les panneaux solaires déployés. Il peut accueillir jusqu’à trois personnes et est composé de trois sections : un module orbital, un module de descente un module de service. Il a a son actif plus de 140 missions et son histoire a été marquée d’emblée par un drame, avec la mort de Vladimir Komarov lors d’un crash.
Si l’URSS a aujourd’hui disparu, le vaisseau Soyouz, lui, est toujours opérationnel. C’est d’ailleurs le plus ancien programme encore actif parmi les engins spatiaux habités de l’histoire de l’exploration spatiale, fait remarque l’Agence spatiale européenne, son premier vol habité ayant eu lieu le 23 avril 1967. Néanmoins, l’engin a bien évolué au fil des ans et le modèle actuel (Soyuz MS) diffère substantiellement de la première génération.
Sa dernière opération en date est celle survenue au début du mois de février, lorsqu’il a fallu rapatrier trois astronautes qui se trouvaient dans la Station spatiale internationale, à savoir l’Américaine Jessica Meir, l’Américain Andrew Morgan et le Russe Oleg Skripotchka. et il sera encore sollicité quelques années, en alternance avec les futurs vaisseaux privés américains, pour desservir l’ISS.
L’avenir du Soyouz en tant que vaisseau spatial est toutefois compté. Bien que l’engin a eu droit à de nombreuses améliorations au fil des ans, il continue de reposer sur un design et des bases de plus d’un demi-siècle. Ces dernières années, Roscosmos, l’agence spatiale russe, travaille donc sur un remplaçant, qui deviendrait opérationnel dans les années 2020. Son nom ? Oriol. « Aigle », en russe, présent sur les armoiries impériales de la Russie pré-URSS.
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