Les laboratoires du monde entier travaillent à mieux comprendre le nouveau coronavirus, dont la maladie qui en résulte a été récemment nommée « Covid-19 » par l’OMS. Au stade actuel de l’épidémie, le nombre de nouveaux cas est en baisse, depuis quelques jours. On compte ce 12 février 2020 un total de 45 000 personnes infectées, dont 1 100 décès et 4 800 patients qui se sont rétablis. Le but des scientifiques est de saisir plus en détails comment Covid-19 fonctionne afin d’établir des traitements, mais aussi un vaccin.
La synthèse d’un vaccin ne se fait toutefois pas en quelques jours, ni en quelques semaines. Parfois, il faut même des mois. Dans certains cas, des années. Pour le Sars, une épidémie similaire à Covid-19, le vaccin n’avait été trouvé que longtemps après le pic de l’épidémie. Pourtant, ce 12 février, l’équipe scientifique de l’Imperial College London affirme à l’Agence France-Presse qu’elle veut, et qu’elle peut, établir un vaccin avant la fin de l’année. Et pour cause, le laboratoire a franchi une étape importante.
Ce que changent les expérimentations sur des souris
Fin janvier 2020, après un peu plus d’un mois de propagation du nouveau coronavirus, plusieurs laboratoires dans le monde annonçaient avoir à la fois réussi à séquencer le génome de Covid-19 mais aussi à cultiver sa souche en laboratoire. La virologue Tania Louis nous expliquait combien cela représentait une bonne nouvelle : ces avancées ouvrent la voie à de nombreuses expérimentations très utiles, comme « ajouter des produits chimiques et voir lesquels peuvent détruire le virus ». Mais de là à établir un vaccin, il y a un pas de géant. Dans une conférence de presse, l’Institut Pasteur déclarait par exemple que, pour sa part, il ne fallait pas y compter avant une vingtaine de mois.
L’équipe scientifique de l’Imperial College London semble décidée à accélérer le processus habituel. Non seulement la recherche fondamentale avance bien, mais le laboratoire a également annoncé en être à la nouvelle phase : l’expérimentation animale. « Nous avons actuellement inséré le vaccin, que nous avons généré à partir de cette bactérie, dans des souris », a déclaré le chef du laboratoire Paul McKay à l’AFP, lundi dernier.
Ces tests seront plus proches de la réalité que la culture de la souche
Cette phase est très différente par rapport à la culture de la souche en laboratoire. Comme l’expliquait Tania Louis à Numerama, durant la culture « on reproduit, en partie, ce qu’il se passe dans la vraie vie, lors du processus d’infection ». En partie seulement car une bactérie dans une petite boîte ne se comporte pas entièrement comme dans la réalité d’une infection. Ce type de maladie étant systémique, elle s’attaque progressivement à plusieurs parties du corps, dans une dynamique générale.
Le but de cette nouvelle phase — expérimenter sur des souris — est précisément de mieux comprendre le fonctionnement in vivo de Covid-19. « Nous espérons qu’au cours des prochaines semaines, nous pourrons déterminer la réponse que nous pourrons observer chez ces souris, dans leur sang, la réponse de leurs anticorps au coronavirus », précise Paul McKay.
La recherche sur Covid-19 est une « course collaborative »
Depuis les débuts de l’épidémie, les scientifiques relèvent la forte proximité entre le Sras (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) et Covid-19. Ce sont tous deux des coronavirus, dont le génome est assez proche et dont plusieurs symptômes se rejoignent. Or, le Sras avait déclenché une importante épidémie en 2002/2003. Les laboratoires ont, depuis, développé de nombreux traitements, et même des vaccins, contre cette maladie. Cet héritage de recherches sur un coronavirus très similaire apporte une sorte de boost aux expérimentations sur Covid-19.
En tout cas, si les tests sur les souris sont concluants, et dès qu’ils le seront, l’équipe de l’Imperial College London passera immédiatement à la phase humaine. « Nous espérons être les premiers à porter ce vaccin aux essais cliniques sur des humains, et c’est peut-être une mission très personnelle », affirme Paul McKay à l’AFP. Il relève également que bien d’autres laboratoires dans le monde, publics ou privés, ont ce même objectif. Et c’est moins une compétition qu’une « course collaborative ». D’ailleurs, un groupe d’archivistes a même pris la décision de contourner les paywalls pour collecter et diffuser un maximum d’articles scientifiques dédiés à Covid-19.
L’Imperial College London est le deuxième laboratoire à avoir officiellement commencé l’expérimentation sur des souris. D’après l’agende de presse chinoise, un laboratoire à Shangaï en serait aussi à cette phase.
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