Elon Musk ne veut pas seulement faire du tourisme spatial : il veut atteindre de nouveaux records.

SpaceX vient officiellement de devancer Boeing : le 14 février 2020, l’entreprise d’Elon Musk annonçait avoir remporté le contrat avec la Nasa pour envoyer des humains à bord de l’ISS via sa capsule habitable Crew Dragon. Les plans de SpaceX ne s’arrêtent pas là. Depuis toujours, Elon Musk a pour ambition d’envoyer des touristes dans l’espace. Dans cette optique, SpaceX et l’entreprise de tourisme spatial Space Adventures ont annoncé un partenariat, ce 14 février.

Space Adventures a déjà pas mal d’expérience. C’est cette entreprise qui a envoyé Dennis Tito, tout premier « touriste spatial », vers la Station spatiale internationale en 2001. Elle a depuis organisé sept autres voyages spatiaux similaires. Elle propose aussi des vols en gravité zéro. Pour le partenariat avec SpaceX, ce sont quatre touristes qui vont embarquer à bord d’une capsule Crew Dragon. Ce ne sera pas pour aller vers l’ISS, mais bien au-delà : « (…) cette mission Dragon va être une expérience spéciale et l’opportunité d’une vie — capable d’atteindre deux fois l’altitude atteinte par n’importe quel astronaute civil ou visiteur de la station spatiale », vante le patron de Space Adventures, Eric Anderson, dans le communiqué.

Jim Bridenstine (administrateur de la Nasa) visitant la capsule de SpaceX. // Source : Aubrey Gemignani

Jim Bridenstine visitant la capsule de SpaceX.

Source : Aubrey Gemignani

Un vol jusqu’à 800 kilomètres d’altitude ?

L’objectif annoncé n’est pas des moindres. Les entreprises de tourisme spatial les plus performantes aujourd’hui, à savoir Virgin Galactic et Blue Origin, envoient leurs clients à bord de vols à une altitude de 100 kilomètres maximum. Quant à la Station spatiale internationale, son altitude est autour de 403 kilomètres. Lorsque SpaceX et Space Adventures affirment envoyer leurs clients au double de ces chiffres, cela signifie qu’ils visent autour de 800 kilomètres.

Cette altitude reste au niveau de l’orbite basse, laquelle s’étend jusqu’à 2 000 kilomètres d’altitude et ne dépasse pas la ceinture de Van Allen. Un vol touchant ou traversant cette frontière spatiale poserait d’énormes défis supplémentaires : il s’agit d’une ceinture de radiations, celles-ci peuvent s’avérer fatale. Pour les missions lunaires Apollo, les astronautes y ont passé moins d’une heure et la problématique était soigneusement pensée, que ce soit dans les protections, la trajectoire (pour éviter les zones les moins énergétiques, au cœur de la ceinture) et même la date.

En cyan, l'orbite basse. Le premier cercle jaune est l'orbite moyenne et le second cercle jaune est l'orbite hausse.

En cyan, l'orbite basse. Le premier cercle jaune est l'orbite moyenne et le second cercle jaune est l'orbite hausse.

Ce souci se posera à nouveau pour les missions du programme Artémis et d’éventuels vols touristiques vers la Lune. Mais à notre époque, aucun vol spatial proche de la Terre ne pourrait se permettre d’aller en orbite moyenne ou en orbite hausse. Le coût serait infiniment plus élevée — alors que ces missions de SpaceX et Space Adventures seront déjà les plus chères du marché, à des dizaines de millions de dollars.

Doubler l’altitude, même en restant dans l’orbite basse, n’est pas sans conséquence : les effets de l’altitude varient selon sa hauteur. La température, la pression atmosphérique et la pesanteur sont autant de paramètres qui ne seront pas les mêmes entre ce que nous connaissons sur la station spatiale et celle de cette future mission touristique. La durée de l’expérience (non-communiqué à l’heure actuelle), sa date, le type de transport, la santé des astronautes seront autant d’éléments nouveaux à évaluer soigneusement avant d’envoyer quiconque à 800 kilomètres d’altitude.

Space Adventures indique que les candidats souhaitant dépenser des millions de dollars dans cette aventure sont d’ores et déjà invités à se faire connaître. En tout cas, avec cette annonce, nous assistons à l’aube d’un marché grandissant pour le tourisme spatial.

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