Ce 27 février 2020, cela fait déjà deux mois que nous connaissons l’existence d’un nouveau coronavirus nommé SARS-CoV-2. Il a déclenché une épidémie du nom de Covid-19, d’abord autour de l’épicentre, à Wuhan, en Chine, puis cela s’est répandu dans le pays avant de toucher d’autres lieux dans le monde. On est encore bien loin d’une pandémie, même si l’OMS considère que l’on peut se « tenir prêt » à cette éventualité. L’urgence sanitaire, actuellement, réside effectivement dans les mesures de prévention : ce coronavirus a pour particularité d’être très infectieux, il s’agit donc d’en limiter la propagation.
Partout dans le monde, et c’est notamment le cas en France, les populations se ruent en pharmacies pour acheter des masques de protection, surtout des masques de type chirurgical. Il en résulte une rupture de stock dans certains points de vente, mais aussi une flambée des prix, notamment sur Amazon, où les tarifs ont parfois quadruplé. Cette demande croissante prouve que ces masques chirurgicaux sont mal compris. Que valent-ils vraiment ?
Les masques chirurgicaux ne protègent pas assez
Si l’épidémie Covid-19 est entourée de beaucoup d’incertitudes, en ce qui concerne le port du masque chirurgical les experts font preuve d’un certain consensus. La réponse est donc assez claire : sauf si vous faites partie d’un personnel médical au contact de patients contaminés, non, porter un masque chirurgical dans la vie de tous les jours ne vous protégera pas particulièrement du nouveau coronavirus. Ce type de protection ne filtre que des particules relativement épaisses. D’ailleurs, même lors de la pandémie du H1N1, les autorités sanitaires n’ont absolument jamais recommandé de porter ces masques en guise de protection.
Aux États-Unis, le CDC a déclaré officiellement « ne pas recommander que les gens qui sont en bonne santé portent des masques pour se protéger des maladies respiratoires, Covid-19 inclus ». Se protéger de Covid-19 passe plutôt par des mesures d’hygiène de base, dont la première est tout simplement de se laver (voire désinfecter) les mains très régulièrement : en arrivant au bureau, avant et après de prendre les transports, en sortant des toilettes. Ce n’est donc pas la peine de vous ruiner en packs de masques chirurgicaux pour ressembler à Kate Hudson sur son compte Instagram — ce n’est pas un exemple à suivre.
Les mesures d’hygiène sont la priorité
Se pose ensuite la question de protéger les autres : si l’on est soi-même malade, porter un masque est utile, puisque cela freine le nombre de particules que vous envoyez potentiellement vers les autres. La différence peut être compliquée à saisir. En fait, à partir du moment où un tel masque ne filtre pas assez bien toutes les particules, et que la moindre particule peut contaminer, il ne peut pas vous protéger ; en revanche, si vous êtes vous-mêmes infecté, il va limiter le nombre de particules éjectées et donc la potentialité d’infecter autrui. Ajoutons par ailleurs que même pour protéger les autres quand on est malade, porter un masque n’est jamais suffisant : les mesures d’hygiène s’imposent là encore autant voire davantage — comme éternuer dans le coude.
Le cas des masques N95
Sur le cas des masques chirurgicaux, il y a peu de débats : si vous êtes en bonne santé, pas la peine d’en porter ; si vous êtes malade, par mesure de précaution il est bon d’en porter. En revanche les experts en santé publique sont plus partagés envers un type de masque en particulier : les masques respiratoires N95. On peut les reconnaître facilement, ils sont plus imposants que les autres, comme bombés. Leur avantage est qu’ils sont plus efficaces en soi, ils filtrent des particules bien plus fines et recouvrent mieux la bouche. Ils sont une meilleure option pour protéger les autres. Mais sont-ils une option pour se protéger ?
À ce sujet, si l’on compile ce qu’affirme la majorité des experts interviewés dans différents médias occidentaux, l’idée est la suivante : oui, les masques N95 ont un certain potentiel de protection (jusqu’à 95 % de filtrage), en revanche à l’échelle actuelle de l’épidémie, dans un pays comme la France, il n’est pas nécessaire de les porter pour se protéger.
Deux justifications à cela. La première est contextuelle : la situation, en dehors de pays comme la Chine ou l’Italie, est sous contrôle et ne nécessite tout simplement pas ce masque ; or, tant que le besoin n’est pas réellement là, il vaut mieux éviter de risquer des ruptures de stock, alors que le personnel soignant pourrait en avoir le plus besoin dans leur travail pour contenir la maladie.
Les masques N95 ne servent à rien quand ils sont mal portés, et dans un usage public c’est souvent le cas
L’autre justification tient à l’utilité factuelle du masque. S’il s’avère plus efficace qu’un masque chirurgical, le masque N95 peut s’avérer dans la pratique inefficace à cause d’un constat tout bête, et valable pour tous les types de masques : les gens ne savent pas le porter. L’efficacité de ces masques est sensible à la façon dont il est posé sur le visage — il doit recouvrir bien verticalement la bouche, le nez, être bien accroché. Certaines pratiques s’imposent, comme ne pas le toucher quand on le porte, par exemple. Concrètement, ils réclament un entrainement, une formation, pour atteindre leur véritable potentiel. Pour résumer : les masques N95 ne sont pas recommandés pour un usage public.
Comme le dit l’Organisation Mondiale de la Santé : « la seule utilisation d’un masque n’est pas suffisante pour apporter le niveau suffisant de protection ». Il ne faut donc pas voir en eux la solution miracle face à Covid-19 et, on le rappellera une énième fois, une hygiène impeccable et respectueuse d’autrui reste la meilleure barrière contre l’aggravation de la situation dans l’état actuel des choses.
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