Que l’humanité s’éteigne ou non, qu’elle aille vers les étoiles ou non, la Terre continuera à évoluer en tant que planète. La carte du monde n’a pas toujours eu le visage que nous lui connaissons aujourd’hui. La répartition des continents était différente. Par exemple, il y a un milliard d’années, il existait un supercontinent très morcelé nommé Rodinia. Plus tard, au Dévonien, il y a plus de 358 millions d’années, on retrouvait Laurussia, également surnommé Euramérique, qui donnera plus tard l’Amérique du Nord ainsi que l’Europe. Et nous ne décrivons que des petites portions de continents que l’humanité n’a jamais connu.
L’histoire passée de notre planète a aussi été marquée par la Pangée, contraction de « tout » et de « terre » à partir du grec ancien. C’est lors de la période Carbonifère qu’elle s’est créée. Il y avait alors un seul « supercontinent » compact à l’échelle planétaire. Au Trias (entre 250 et 200 millions d’années dans le passé), la Pangée s’est morcelée. Il a fallu des dizaines de millions d’années avant que la Terre ressemble à ce que l’on connaît aujourd’hui. En géologie, certaines prédictions évoquent un retour futur à une nouvelle Pangée. Pour comprendre comment ce serait possible, il faut revenir sur la façon dont fonctionne notre planète sur le plan géologique.
La dérive des continents
À l’origine du déplacement horizontal des terres émergées, il y a le fameux concept de « dérive des continents ». Ce mouvement des blocs continentaux avait été prédit dès le XVIe siècle et, en 1912, l’astronome et climatologue allemand Alfred Wegener solidifie le concept. L’idée ne devient un consensus scientifique que 40 ans plus tard, grâce à de grandes avancées en matière de tectonique des plaques. C’est cette dynamique géologique qui vient expliquer la dérive des continents.
Il existe 15 plaques tectoniques majeures sur Terre et elles provoquent des phénomènes géologiques
Le phénomène tectonique est situé au niveau de la lithosphère, la couche externe de la croûte terrestre. Elle agit comme une sorte de « double tapis roulant » : des plaques sont superposées et elles sont en mouvement. Il existe 15 plaques majeures, dont on peut citer quelques unes : plaque eurasienne, plaque nord-américaine, plaque africaine, etc. Le contact entre celles-ci, à leurs frontières respectives, provoque des événements géologiques majeurs que l’on connaît bien, des séismes à la formation de chaînes montagneuses.
Pourquoi les plaques bougent-elles ? Pour le comprendre, il faut regarder juste en dessous de la lithosphère. Cette dernière repose sur l’asthénosphère, qui a pour caractéristique d’être ductile, c’est-à-dire qu’elle se déforme sans cesse sans se rompre — notamment sous l’effet de la chaleur du noyau qui se propage jusqu’à elle. La lithosphère se déplace donc sans cesse par des glissements et déformations. Ce sont des millimètres qui s’accumulent au fil des millénaires.
Pourquoi la Terre pourrait connaître un nouveau supercontinent ?
C’est à partir de l’étude des mouvements actuels et passés de la tectonique des plaques que s’est développée l’idée d’un cycle dans l’apparition de supercontinents. Ce cycle serait quasipériodique, c’est-à-dire avec une récurrence, mais pas assez marquée pour être précisément prédite. « Le cycle des supercontinents, par lequel l’histoire de la Terre est perçue comme ayant été ponctuée par des assemblages et séparations épisodes de supercontinents, a influencé les roches plus que n’importe quel autre phénomène géologique, et sa reconnaissance est la plus grande avancée en sciences de la Terre depuis la tectonique des plaques », expliquent les géologues Damian Nance et Brendan Murphy dans Geoscience Frontiers.
La prochaine Pangée adviendrait d’ici 100 à 250 millions d’années
Compte tenu de cette théorie, relativement admise par une bonne partie de la communauté scientifique en géologie, les continents actuels vont, dans quelques millions d’années, se rassembler à nouveau pour former un tout nouveau supercontinent. La configuration la plus évoquée est la Pangaea Proxima ou Pangaea II, aussi appelée Pangée ultime en français (bien que ce dernier terme soit moins scientifiquement valable, puisqu’on parle d’un cycle).
Les projections évoquent sa formation d’ici 100 à 250 millions d’années. Dans cette configuration, l’Afrique a été poussée vers le Nord et se retrouve prise en étaux entre des Amériques réunifiées et une Eurasie métamorphosée. Tout ceci forme une totalité, qui « piège » un petit océan en son sein. L’Australie et l’Antarctique se sont également rassemblés et ne sont pas très éloignés du reste.
Si ce modèle est le plus connu, il en existe d’autres. Parmi eux, on retrouve l’Amasie, dont le nom permet déjà d’entrevoir ce qu’il décrit : c’est la fusion entre les Amériques, l’Europe et l’Asie. En cause, la subduction — c’est-à-dire l’affaissement — de la plaque tectonique pacifique, qui selon certaines observations aurait déjà démarré, et qui passerait alors au-dessous des Amériques et de l’Asie.
Cela aurait pour résultat, dans 50 à 100 millions d’années, de « clore » l’Océan Pacifique en rapprochant les continents qui les séparent. En parallèle, au niveau de la dorsale médio-atlantique, les plaques tectoniques s’écartent continuellement, ce qui aurait pour résultat de pousser l’Amérique vers le Nord-Ouest, alors que la Sibérie resterait fixe (comme elle l’est depuis des millions d’années). En bref, tout ce processus provoquerait in fine un supercontinent très concentré vers le Nord et tout dans la longueur.
Toutes les propositions visant à décrire la configuration géologique future de la Terre sont extrêmement spéculatives : il n’est pas techniquement possible de déterminer ce que donnera précisément la dérive des continents, même si les évolutions passées et les mouvements actuels procurent quelques pistes. Par exemple, la plupart des projections, que ce soit la Pangée ultime, ou l’Amasie, voire la Nouvelle Pangée que nous n’avons pas évoqué, relèvent une forte probabilité pour un déplacement global vers le Nord. Autre convergence : la dérive des continents mènera, avec une très forte probabilité, vers un nouveau supercontinent, en raison du cycle supercontinental que nous avons évoqué.
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