L’Observatoire européen austral a mené une étude sur les constellations de satellites. L’ESO a voulu répondre aux inquiétudes des astronomes qui anticipent des impacts négatifs sur la qualité des observations du ciel.

Les constellations de satellites risquent-elles de perturber les observations astronomiques à l’avenir ? Une équipe de l’Observatoire européen austral (ESO) s’est penchée sur la question dans une étude publiée le 3 mars 2020 dans Astronomy & Astrophysics.

« Les occultations par satellites ne devraient avoir que des effets négligeables sur les observations astronomiques télescopiques », estiment les auteurs de cette étude. Les observations réalisées à l’aide du Très Grand Télescope (VLT) et celles du futur Télescope Géant Européen (ELT) devraient connaître un impact modéré avec le développement des constellations de SpaceX, d’Amazon ou de OneWeb.

Les zones affectées par les constellations de satellites (observatoire de Paranal). // Source : ESO/Y. Beletsky/L. Calçada (photo recadrée et annotée)

Les zones affectées par les constellations de satellites (observatoire de Paranal).

Source : ESO/Y. Beletsky/L. Calçada (photo recadrée et annotée)

La nouvelle étude permet d’estimer que pour un observatoire situé aux latitudes moyennes (entre les tropiques et le cercle polaire), une population de 1 600 satellites peuplera le ciel. 250 d’entre eux seront dans la zone du ciel où la majeure partie des observations a lieu. « La grande majorité de ces satellites seront trop faibles pour être vus à l’œil nu », écrivent les auteurs.

L’impact dépendra des observatoires

L’impact sur les longues expositions (1 000 secondes) sera néanmoins plus important, prévient l’ESO. 3 % de ces observations, réalisées au cours des premières et des dernières heures de la nuit, risqueraient de ne pas être exploitables. Le constat est un peu plus inquiétant pour l’Observatoire Vera-C.-Rubin (LSST), une installation qui ne relève pas de l’ESO mais en partie de la National Science Foundation : sur son site, l’observatoire indique que 30 % des images du LSST pourraient contenir au moins une traînée laissée par un satellite. Pour les images prises au crépuscule, ce serait presque tous les clichés qui seraient concernés par ce problème. Les méthodes d’atténuation envisageables pour le VLT ne seraient pas adaptées pour le LSST.

Or, les observatoires comme le LSST remplissent un rôle important, y compris pour orienter le travail d’autres observatoires. Grâce à leur capacité à scanner vite de très grandes portions de ciel, de tels télescopes permettent de détecter des phénomènes brefs (comme des supernovæ ou des astéroïdes qui représentent potentiellement un danger).

La communauté scientifique a récemment exprimé des inquiétudes face au développement des constellations de satellites, comme Starlink, la mégaconstellation d’Elon Musk. C’est pourquoi l’étude a pris en considération un total de 18 constellations, regroupant plus de 26 000 satellites. Ce travail repose cependant sur des simplifications. Les auteurs supposent par exemple que les satellites sont uniformément répartis sur le globe. Le nombre de satellites pourrait aussi être plus élevé que 26 000. L’ESO explique qu’il faudra sans doute faire des simulations plus élaborées pour connaître en détail l’impact de ces satellites sur le travail des astronomes.

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