La Lune n’était pas différente de d’habitude le soir du 9 mars 2020. Une « super-Lune » ou « pleine lune de ver » était annoncée. Néanmoins, ces expressions n’ont aucun fondement scientifique.

Une « super-Lune » ou une « pleine lune de ver » était annoncée pour le soir du 9 mars 2020. Le satellite naturel de la Terre était-il vraiment différent de d’habitude ? La pleine lune a effectivement eu lieu ce lundi (à 18h47) mais il n’y avait rien d’inhabituel à contempler.

« La ‘super-Lune’ est un terme qui n’existe pas dans la littérature scientifique », explique à Numerama Pierre Henriquet, médiateur scientifique. L’invention de l’expression est attribuée à un astrologue, Richard Nolle, en 1979 (l’astrologie, qui consiste à interpréter symboliquement les positions et mouvements des astres, ne doit pas être confondue avec l’astronomie, la science de l’observation des astres). L’expression de « super-Lune » n’a donc pas d’origine scientifique.

Elle semble employée pour désigner la coïncidence de deux phénomènes : lorsque la pleine lune se produit au moment où l’astre est à sa distance minimale avec la Terre. Le phénomène a pourtant bien un nom scientifique : « périgée-syzygie ».

Schéma de la Lune à l'apogée et au périgée. // Source : Capture d'écran YouTube NASAJPL Edu

Schéma de la Lune à l'apogée et au périgée.

Source : Capture d'écran YouTube NASAJPL Edu

Au périgée, la Lune se trouve au point de son orbite où sa distance est minimale avec la Terre (l’apogée désignant au contraire le point où cette distance est maximale). « L’orbite lunaire est globalement circulaire, avec une faible variation de distance », décrit Pierre Henriquet. Cela explique que la Lune puisse s’éloigner ou se rapprocher de la Terre lorsqu’elle se déplace. Au périgée la Lune se trouve à environ 363 300 km de la Terre (405 500 km à l’apogée).

À l’observation, une différence imperceptible

Ces différences de distance font faiblement varier le diamètre apparent de la Lune dans le ciel. Néanmoins, lorsque l’on observe la Lune depuis notre planète, la différence est imperceptible à l’œil nu. « Mathématiquement c’est vrai qu’il y a une différence, mais à l’observation la différence est négligeable », confirme le médiateur scientifique.

Pour constater cette petite variation du diamètre apparent de la Lune, il faudrait attendre 10 lunaisons (une lunaison dure environ 29 jours). « La variation de la distance de la Lune n’est pas couplée avec le mois lunaire », explique Pierre Henriquet. Le mois suivant une « super-Lune », l’astre se sera juste un peu plus éloigné. Pour rendre vraiment compte de la différence de diamètre apparent de la Lune, il faudrait la photographier lorsqu’elle est pleine, lors d’un périgée puis des mois après lors d’une apogée, et comparer les images.

La variation du diamètre apparent de la Lune. // Source : Wikimedia/CC/Marcoaliaslama (photo recadrée)

La variation du diamètre apparent de la Lune.

Source : Wikimedia/CC/Marcoaliaslama (photo recadrée)

Quant à l’expression de « pleine lune de ver », elle n’est pas plus fondée scientifiquement que celle de « super-Lune ». Il s’agit d’un empreint à la culture amérindienne, dans laquelle chaque pleine lune porte un surnom. La « Lune de ver » correspond au moment où les sols dégèlent et où les vers de terre apparaissent. Cette expression locale est aujourd’hui réutilisée hors de son contexte.

Même s’il est vrai que la Lune n’est pas toujours à la même distance de notre planète, il était inutile de chercher un phénomène inhabituel le soir du 9 mars — à supposer que la météo ait permis d’observer la Lune — car il n’y en avait pas.

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