Pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, les États prennent des mesures appropriées pour limiter la contagion. « Le confinement total » qui décrit une phase de quarantaine peut alors être nécessaire — mais ne sera jamais aussi efficace qu’une distanciation sociale respectée. Qu’est-ce que ces concepts signifient ?

Rester chez soi : voilà l’injonction faite par la communauté scientifique depuis que l’épidémie de coronavirus s’est transformée en pandémie. C’était aussi le concept derrière la gestion de la crise par la Chine : à Wuhan, le confinement obligatoire a été rapidement exigé par le gouvernement pour endiguer la propagation du virus. En Italie du Nord, plus gros foyer de coronavirus européen, les mesures étaient à peu près similaires.

Alors que les cas d’infectés en France progressent, le gouvernement a procédé par étape. D’abord, en limitant les rassemblements, puis en fermant les établissements scolaires et enfin, à la veille des élections municipales, en annonçant par décret la fermeture des établissements non essentiels à la vie publique, passant dans le même temps la France au « stade 3 ». Pourtant, de nombreux Français et Françaises ne semblent pas prendre la mesure de l’exigence de confinement pour stopper l’épidémie — les photos des parcs et des marchés ce week-end en sont la preuve.

À midi, le 16 mars, le président de la République recevra des experts pour un conseil de sécurité exceptionnel. À 20 heures, l’Élysée a annoncé une allocution du chef de l’État. Déjà, les rumeurs circulent sur sa teneur : le confinement total pourrait être déclaré. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que cela permet ? Est-ce différent de la distanciation sociale ?

Le coronavirus nCov-2019 (illustration) // Source : Numerama / Claire Braikeh

Le coronavirus nCov-2019 (illustration)

Source : Numerama / Claire Braikeh

Confinement total, quarantaine : qu’est-ce que c’est ?

Pour le dire vite, c’est la transposition légale de l’injonction « Restez chez vous ». Si la population ne prend pas la responsabilité de s’autoconfiner, ou si les directives ne sont pas assez contraignantes (la tenue des élections municipales a été pointée du doigt comme un « double discours » des autorités), l’État choisit de forcer cette quarantaine.

Les situations diffèrent alors selon les pays. En Italie, qui est l’exemple le plus proche que nous avons d’une démocratie occidentale pratiquant une quarantaine, la restriction des mouvements a été déclarée pour toute la nation le 9 mars, avec des mesures de couvre-feu avant 8h et après 18h. Mais les quarantaines locales ont débuté dès le 21 février, dans la région qui était l’épicentre de l’épidémie : la province de Lodi en Lombardi.

En pratique, dans une ville comme Codogno où les cas se sont multipliés rapidement, la police a barré les routes, défini des périmètres de sécurité et mis en place des « checkpoints » pour contrôler les allées et venues des habitants. Les seuls déplacements autorisés et contrôlés par la police concernent l’approvisionnement en nourriture et en médicaments. L’interdiction de se rendre sur son lieu de travail ou d’aller à l’école pour les enfants scolarisés est évidente. Du côté des transports, les trains ne marquent plus l’arrêt à la ville. Pour qui ne respecterait pas cette quarantaine, des amendes peuvent tomber, mais la police n’a pas confirmé à Al Jazeera le nombre de 161 amendes qui a tourné sur les médias sociaux.

Impossible de savoir quelles seront les mesures exactes prises pour la France, si l’armée sera impliquée (son rôle n’est pas de maintenir l’ordre) ou si les décisions seront communes à plusieurs pays d’Europe. Cette dernière piste a été évoquée par Emmanuel Macron dans un tweet, qui évoque également « des décisions exigeantes ». Nous mettrons cet article à jour avec les mesures françaises, si elles sont prises.

Pourquoi la distanciation sociale est essentielle

Scientifiques, médecins et urgentistes appellent à un confinement depuis que le virus se développe en Europe. Mais c’est une chose d’appeler des populations entières à rester chez elles, c’en est une autre de les amener à comprendre pourquoi ces mesures extrêmes sont essentielles. D’autant que, plus vite elles sont prises, plus vite elles ont un impact et plus vite elles peuvent enrayer la mécanique épidémique.

La ressource en ligne la plus évocatrice à ce sujet est le Coronavirus Simulator du Washington Post, que nous vous invitons à lire de toute urgence. Ses graphiques montrent la manière dont une épidémie fonctionne et comment la contamination progresse dans le temps. Leur simplicité démontre visuellement qu’une quarantaine permet de « lisser la courbe » des malades, ce qui est la chose la plus urgente en phase 3 de l’épidémie : désengorger les hôpitaux afin qu’ils aient suffisamment de ressources et de lits à disposition pour soigner tout le monde.

Une simulation du Washington Post avec une partie de la population en quarantaine

Extrait de l’un des graphiques du Washington Post

On apprend également avec ces animations qu’une absence de quarantaine crée une bosse dans l’épidémie, ce qui surcharge les hôpitaux et augmente mécaniquement le nombre de cas non pris en charge, par manque de moyen. Les contaminations sont aussi nettement plus nombreuses qu’avec un mécanisme de quarantaine mis en place. Mais, outil politique, la quarantaine n’est pas absolue : il est possible d’y échapper et de rencontrer des gens sur le chemin des courses ou dans les supermarchés.

C’est pourquoi le dernier point abordé par le média américain, et qui est peut-être le plus difficile à supporter, est la distanciation sociale. Dans l’absolu, elle doit être couplée avec la quarantaine pour être efficace. Moins nous rencontrons de personnes chaque jour, moins nous avons de chance de créer de nouveaux vecteurs de contamination. C’est particulièrement le cas dans une épidémie comme celle que nous vivons, avec un virus extrêmement contagieux.

En définitive, comme la quarantaine n’est jamais efficace à 100 %, le modèle de distanciation sociale est de plus en plus efficace à mesure qu’il est aussi de plus en plus radical. En pratique, les pays européens auraient donc tout intérêt à jouer sur les deux tableaux : décréter une quarantaine pour limiter les déplacements et continuer d’informer et de sensibiliser à la distanciation. Plus ces habitudes seront prises rapidement par toutes et tous, moins la crise épidémique se prolongera.

Les différents modèles de contamination // Source : Washington Post Coronavirus SImulator

Les différents modèles de contamination

Source : Washington Post Coronavirus SImulator

 

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.