La population française est confinée depuis le 17 mars 2020, afin de lutter contre la propagation du Covid-19. Cette expérience consistant à « rester chez soi » en limitant au maximum les sorties, est inédite pour la majorité d’entre nous. Comment aborder au mieux cette situation ? Dans certaines professions, le confinement fait partie des missions. C’est le cas pour les astronautes.
Jean-François Clervoy est ingénieur et astronaute à l’Agence spatiale européenne (ESA). À trois reprises, il a réalisé des vols spatiaux à bord de navettes (en 1994, 1997 puis 1999). Au total, il a passé 675 heures dans l’espace. « Le confinement a une raison d’être, explique l’astronaute français à Numerama. On l’accepte car on sait qu’il est nécessaire. C’est le cas actuellement : il ne faut pas le voir comme une contrainte ou un problème, mais comme une solution. »
Au temps que les astronautes passent confinés dans l’espace s’ajoute la durée des quarantaines organisées en amont des missions. Elles servent à éviter que les astronautes soient contaminés avant de partir. Cette période de confinement sur Terre est rigoureusement organisée. « On profite d’une partie du temps pour réviser le plan de vol de notre mission, une autre partie est consacrée au sport, une autre à la détente, avec des films ou de la lecture, par exemple », détaille Jean-François Clervoy.
3 règles de base du confinement
Selon l’astronaute, il faut suivre trois règles de base pour vivre au mieux une expérience de confinement : « comprendre, s’organiser et s’informer ».
- Comprendre pourquoi on est confiné, c’est-à-dire avoir conscience de « ce que le confinement va amener comme solution »,
- S’organiser dans l’espace et dans le temps, « pour s’activer, continuer à faire un peu d’exercice, pour se ravitailler »,
- S’informer : « C’est très important de savoir en permanence comment évoluent les choses », estime l’astronaute.
Quelle stratégie adopter dans les moments de doute et d’inquiétude ? Jean-François Clervoy conseille de « toujours penser à la solution. Se dire ‘je suis confiné pour éviter d’être malade’, c’est un but trop court. Le but est de se dire ‘je suis confiné pour aider la société à sortir de cette crise et pour que le coronavirus ne soit plus là’. Il faut toujours penser au but ultime, se l’approprier ».
L’astronaute ajoute qu’il est important, à un niveau individuel, d’avoir un but et un plan à suivre pour vivre du mieux possible cette période de confinement. « Il faut s’occuper : se définir un plan d’activités, avec de la lecture, des films, des jeux avec des enfants, avec de la détente, avec des exercices physiques que l’on peut faire chez soi », énumère l’astronaute. Il n’existe néanmoins pas de recette magique qui fonctionnerait pour tout le monde. « Faire la grasse matinée ou pas, faire son sport le matin ou le soir, faire des courses pour 3 ou 5 jours, savoir quoi acheter… Chacun sait mieux que quiconque quelle est la meilleure façon de s’organiser pour soi, qui respecte les règles de confinement », estime l’ingénieur.
« Quand il y a un problème, vous n’entendrez jamais un astronaute se plaindre »
Si l’on est confiné à plusieurs, comment gérer les potentielles situations houleuses ou de tensions ? Dans le cadre d’une mission spatiale, la situation est différente de ce que nous connaissons aujourd’hui : les astronautes sont recrutés sur leur capacité à travailler en groupe, en milieu confiné. Mais il reste possible d’appliquer un conseil qui leur est donné. « Ce qu’il faut, c’est essayer de penser positif, explique Jean-François Clervoy. On est formatés, en tant qu’astronautes, à être des solutionneurs de problèmes. Quand il y a un problème, vous n’entendrez jamais un astronaute se plaindre et dire ‘ah zut, on a perdu la pile à combustible numéro 2, qu’est-ce qu’on fait maintenant’. On pense, ‘où est la solution’. Il faut consacrer son esprit à trouver des solutions. »
Toutes les personnes actuellement confinées n’ont pas la chance de bénéficier des mêmes conditions de confort. L’isolement peut aussi poser problème (voire s’ajouter au problème précédent). « En tant qu’astronautes, les seuls liens que nous avons avec la Terre sont les liens radio. Là, c’est un peu pareil : les gens ont la télévision, Internet, la très grande majorité possède un téléphone. Il faut aider les personnes qui sont dans un confort moindre que le nôtre », conclut l’astronaute.
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