Depuis les débuts de la crise sanitaire liée à la maladie Covid-19, Emmanuel Macron et le gouvernement prennent une grande partie de leurs décisions sur la base des avis rendus par le Conseil scientifique. Celui-ci a été constitué le 11 mars sous l’égide du ministre de la Santé, Olivier Véran, afin de gérer l’épidémie sur des bases scientifiques. C’est sur avis de ce conseil que le premier tour des Municipales a été maintenu et que le confinement a été déclenché.
Dès ce mardi 24 mars 2020, un nouveau et second conseil scientifique est installé à l’Élysée : le Care, pour Comité analyse recherche et expertise. Ce conseil est constitué de 12 chercheurs, chercheuses et médecins. Il y a, évidemment, une complémentarité avec le Conseil scientifique déjà en place. Là où ce premier est dédié à la gestion de crise dans son ensemble, à savoir « aplatir la courbe » de propagation de Covid-19, le Care est davantage orienté sur le curatif. Comme l’a précisé Emmanuel Macron, ce comité sera consulté « pour progresser sur les diagnostics et les traitements ».
Dans un communiqué de l’Élysée envoyé à la presse, il est également indiqué, avec plus de précision, que le rôle du Care sera de « conseiller le gouvernement pour ce qui concerne les programmes et la doctrine relatifs aux traitements, aux tests et aux pratiques de ‘backtracking’ qui permettent d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le virus du COVID-19. » De fait, le comité « assurera notamment le suivi des études thérapeutiques autorisées en France et les essais engagés sur des traitements à l’étranger ». Quelles sont les implications de cet objectif sur la composition du Care ?
Quelle est la composition du Comité analyse recherche et expertise ?
À la présidence du comité, on retrouve Françoise Barré-Sinoussi. Cette éminente virologue est co-lauréate du Prix Nobel de médecine 2018 pour sa participation à la découverte du VIH. Son expérience en matière de recherche de traitements pour des épidémies majeures sera donc mise à contribution. Son entretien avec Le Monde confirme que le comité sera chargé de clarifier les positions (les programmes et doctrines) de la France sur la recherche médicale. Elle affirme dans cet entretien un impératif de « rigueur scientifique », en mentionnant notamment la chloroquine, dont les études manquent justement pour l’instant de cette rigueur, dit-elle. Elle indique qu’il faut s’en tenir aux résultats de l’essai clinique européen Discovery, mené par le consortium REACting, qui a inclus la chloroquine dans son protocole de recherche.
D’ailleurs, toujours dans cette optique d’un comité impliqué dans la recherche de solutions médicales : Yazdan Yazdanpanah fait partie du Care. Il dirige le fameux consortium REACting de réponse aux maladies infectieuses émergentes, qui pilote le grand essai clinique européen. D’autres profils, parmi le comité, vont dans ce sens du curatif : Christophe Junot est le chef du département « médicaments et technologies pour la santé » du CEA et Franck Molina est le directeur de l’UMR Sys2Diag, à Montpellier, dédiée au diagnostic médical. On retrouve également un cancérologue, Jean-Philippe Spano, et un pneumologue, Dominique Valeyre.
Des scientifiques reconnus pour leurs travaux dans le recherche de traitements contre de célèbres maladies
À l’image de Françoise Barré-Sinoussi, d’autres scientifiques du comité sont reconnues pour leurs travaux dans la recherche de traitements contre de célèbres maladies. L’immunologiste Sylviane Muller a été récompensée Médaille de l’innovation du CNRS pour sa découverte d’un traitement contre le lupus, quand Muriel Vayssier est spécialiste de la maladie de Lyme. Comme dans le premier conseil scientifique, on retrouve des infectiologues, une discipline essentielle durant cette crise, puisqu’il s’agit de la branche médicale étudiant les maladies infectieuses — ce qu’est Covid-19. Yazdan Yazdanpanah, que nous avons déjà évoqué, est infectiologue, mais c’est aussi le cas de Marie-Paule Kieny et Marc Lecuit.
Une autre présence n’est pas anodine : Bertrand Thirion, directeur de l’institut de convergence DataIA, spécialiste des sciences des données et intelligence artificielle appliquées au domaine. Ce domaine recoupe la perspective d’une « stratégie numérique d’identification des personnes » pour un éventuel dépistage plus massif de Covid-19. Le comité doit étudier cette question dès ce 24 mars.
Enfin, l’anthropologue Laetitia Atlani-Duault est à la fois présente dans le Conseil scientifique et dans le Care, puisqu’elle est spécialiste de la gestion des crises et de l’aide humanitaire. En France, comme dans d’autres pays, les personnels soignants sont face à une surcharge des établissements de santé, notamment dans le Grand Est, face à un nombre d’infections et de décès croissant. Le soin des patients devra prendre en compte cette situation humaine tendue.
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