Des chercheurs ont produit une étude qui montre que le protocole de Montréal a eu une vraie incidence positive sur le climat.

On ne peut pas dire que les derniers mois étaient caractérisés par des bonnes nouvelles environnementales, entre les incendies en Amazonie et en Australie, lourds de conséquences, ou de nombreux records de température. Pour freiner le changement climatique et les désastres écologiques, il n’y a pas de meilleure solution que d’agir. Preuve en est : la couche d’ozone se porte mieux. En 2019, le trou dans la couche d’ozone était le plus petit jamais enregistré depuis que nous l’avons généré. Un article de recherche publié le 25 mars 2020 dans Nature fait le point sur cette amélioration, et vient démontrer que c’est entièrement grâce aux actions internationales concrètes.

Pour les cinq auteurs de cette étude, il y a bel et bien une « pause », voire un retour en arrière, dans la dégradation de la couche d’ozone. Elle se reconstitue, principalement à l’hémisphère sud. Ensuite, cette tendance positive provient, selon leurs travaux, du protocole de Montréal. Entré en vigueur en 1989, il se traduisait par un accord multilatéral (entre plusieurs États) visant à réduire drastiquement puis totalement les émissions de toutes les substances toxiques responsables du trou dans la couche d’ozone.

Représentation du trou dans la couche d'ozone  // Source : Australian Academy of Science

Représentation du trou dans la couche d'ozone

Source : Australian Academy of Science

La trajectoire du jet stream sud revient à la normale

Les chercheurs ont relevé des changements majeurs dans la circulation de l’air au niveau de l’hémisphère sud. Ils portent leur attention plus spécifiquement sur les courant-jets, plus couramment appelés sous leur appellation anglophone jet streams. Il s’agit en fait d’un courant d’air atmosphérique très rapide et compact. Dans la deuxième partie du XXe siècle, et au moment où le protocole de Montréal a été adopté, on relevait que le jet stream du Sud sortait de sa trajectoire habituelle pour se déplacer toujours plus vers le Pôle Sud. Cette mutation non-naturelle provoquait des changements dans les courants océaniques, les précipitations, les tempêtes. Cette sortie de route est attribuée à la dégradation de la couche d’ozone. On sait par exemple que l’amoindrissement des pluies en Australie, ce qui est facteur de sécheresse accrue, est causé par la fuite du jet stream vers le pôle Sud.

Dans l’étude parue dans Nature, les auteurs relèvent qu’autour de l’année 2000, ce jet stream ré-inverse sa trajectoire, corrigeant la sortie de route. Et ce changement est en corrélation avec le début de la « guérison » de la couche d’ozone de l’hémisphère sud. Les chercheurs ont alors passé des données des années 1980 à 2017 au crible de modélisations atmosphériques et de simulations informatiques, jusqu’à en déduire que cette correction de trajectoire n’est pas une « coïncidence ». Ce n’est pas la conséquence d’un phénomène climatique naturel, mais bien le résultat du protocole de Montréal, qui conduit à l’amoindrissement progressif du trou dans la couche d’ozone.

Cette étude permet aussi de bien comprendre la réaction en chaîne causée par les activités humaines sur le climat terrestre. La libération de produits néfastes provoque un trou dans la couche d’ozone, ce qui perturbe la circulation de l’air au niveau de tout un hémisphère jusqu’à causer des sécheresses à cause de ces perturbations. En ne libérant plus ces produits, la couche d’ozone peut se reformer et la circulation de l’air reprendre sa trajectoire habituelle, ce qui pourra, in fine, rétablir un climat normal.

Attention toutefois, il ne faut pas s’attendre à ce que le trou dans la couche d’ozone soit pleinement comblé en seulement quelques années. Les substances toxiques qui ont été bannies ont une longue durée de vie dans l’atmosphère : il faudra quelques décennies avant une « guérison » complète. Par ailleurs, malgré ces interdictions du protocole de Montréal, les émissions néfastes pour le climat n’ont pas dit leur dernier mot, puisque freiner des émissions carbone croissantes est un enjeu écologique de premier plan. Cette étude dans Nature vient en tout cas prouver que les actions internationales comptent.

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