Face à la pandémie Covid-19, qui se développe rapidement, la recherche médicale a besoin de temps. Ainsi, on sait qu’il faudra plusieurs mois avant qu’un vaccin efficace et sûr émerge. Mais la recherche met aussi les bouchées double pour accélérer le processus. En réalité, elle n’a même probablement jamais été aussi rapide face à une crise épidémiologique. C’est ainsi que le CSIRO, l’agence australienne de la recherche scientifique, a annoncé début avril 2020 le lancement de tests précliniques pour deux vaccins potentiels.
Dans une conférence de presse, l’un des docteurs prenant part à ces recherches a indiqué que, « normalement, cela prend autour de une à deux années pour en arriver à ce point et nous avons finalement réduit cette période à seulement deux mois ». Il faut dire que les scientifiques du CSIRO ont commencé très tôt, dès janvier 2020, à travailler sur le fonctionnement du nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Or, pour établir des défenses contre ce pathogène, il est bel et bien nécessaire d’en comprendre sa structure, son comportement.Le CSIRO précise également qu’une telle rapidité n’a été rendue possible que par une coopération internationale sans précédent.
Après validation par l’Organisation mondiale de la santé, deux vaccins « candidats » ont été sélectionnés pour ce test. Le premier est développé par l’université d’Oxford (Royaume-Uni) et le second par Inovio Pharmaceuticals (États-Unis). The University of Oxford (UK) and Inovio Pharmaceuticals Inc. En quoi va consister cet « essai pré-clinique » ?
L’essai préclinique : vérifier l’efficacité et la sécurité
Le stade de l’essai préclinique signifie qu’il ne s’agit plus de comprendre et d’étudier le coronavirus, ni d’élaborer la base du vaccin, ni même de le tester in vitro, mais bien d’en expérimenter une première version in vivo sur des animaux. « Pré-clinique » signifie qu’il n’est pas encore question de procéder à des tests sur des humains, car une première mouture d’un vaccin n’a pas encore fait preuve de son efficacité et de son innocuité (sa non-dangerosité).
L’essai préclinique aura principalement lieu à l’Australian Australian Health Laboratory (AAHL), un laboratoire classifié P4, un niveau de biosécurité qui le rend adapté à des micro-organismes hautement pathogènes. En 2012, ce centre s’était illustré en produisant un vaccin expérimental contre l’hendra virus, un pathogène mortel pour certains chevaux et qui pouvait infecter les humains à leur contact.
L’expérimentation a d’ores et déjà démarré et le CSIRO se donne trois mois pour cette phase. L’objectif sera évidemment de tester l’efficacité des vaccins, mais aussi « d’évaluer la meilleure façon de procurer le vaccin en assurant la meilleure protection, ce qui inclut une voie d’injection intramusculaire et des approches innovantes comme un spray nasal ».
« Nous équilibrons soigneusement la vitesse avec le besoin critique de sécurité »
La rapidité inédite avec laquelle le CSIRO passe d’une étape à une autre, tout en suivant pour autant la méthode scientifique, représente bien la capacité de la recherche médicale aujourd’hui à répondre au mieux à la crise sans pour autant se précipiter. « En réponse à cette urgence mondiale en matière de santé publique, nous équilibrons soigneusement la vitesse avec le besoin critique de sécurité », a expliqué le directeur de l’AAHL.
Des tentatives plus accélérées encore
Un autre laboratoire, Johnson & Johnson, a joué inversement la carte de l’hyperrapidité en commençant déjà à produire son vaccin, qu’il annonce pour début 2021. En l’absence de preuves de son fonctionnement, le pari est délicat. Mais Johnson & Johnson, ou plus précisément sa filiale Janssen, est dorénavant sous contrat avec l’État américain : plus d’un milliard de dollars ont été engagés afin de développer et produire un vaccin.
La filière biotech, quant à elle, va encore plus vite que tous les exemples que nous venons de citer. Il s’agit plus spécifiquement de l’entreprise Moderna Therapeutics, dont la recherche diffère quelque peu de ce que proposent les laboratoires classiques, puisque sa technologie est génétique : elle repose sur le principe de « thérapies protéiniques ». L’idée est de reprogrammer l’ARNm, c’est-à-dire l’acide ribonucléique messager, afin que l’organisme produise lui-même des protéines thérapeutiques. Cela déclenche donc un processus naturel de protection et de guérison, qui peut se traduire par des médicaments et des vaccins.
Moderna a reçu une autorisation officielle des autorités sanitaires américaines pour contourner le test préclinique sur des souris et passer directement à des essais sur 45 patients humains. Une définition que les autorités et le laboratoire justifient par l’urgence de la situation. La première injection humaine du vaccin expérimental, mRNA-1273, a eu lieu à la mi-mars. Il faudra attendre au moins deux mois avant que de premiers résultats puissent être constatés.
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