Numerama produit en libre accès une information fiable et d’intérêt général sur la pandémie de coronavirus et son impact sur la société : retrouvez tous nos articles ici.
En cette mi-avril 2020, voilà déjà quatre semaines que la France est en phase de confinement. La priorité absolue est toujours de le maintenir, afin d’endiguer la propagation de Covid-19 sur le territoire et d’alléger le personnel médical dans les établissements de santé, aujourd’hui saturés. Le questionnement au sein de la population française reste toutefois inévitable : qu’en est-il du déconfinement, ce moment où tout le monde pourra à nouveau sortir, que la vie reprendra ?
Comme l’a indiqué le Premier ministre Édouard Philippe le 2 avril 2020, « ce n’est pas pour demain matin ». Voici tout ce que l’on sait de l’étape d’une sortie de confinement.
Informations à jour du 14 avril 2020. Cet article est régulièrement mis à jour en fonction de la précision des scénarios dans la sortie de confinement et des annonces officielles.
Pour quand ?
Après avoir été renouvelé une première fois jusqu’au 15 avril, la probabilité qu’il soit à nouveau reconduit était très forte : on savait d’emblée que, pour qu’il soit efficace, il ne faut pas s’attendre à une durée inférieure à 6 ou 8 semaines. C’est donc sans vraiment de grande surprise que le président de la République Emmanuel Macron a annoncé, lors de son discours de Pâques le 13 avril 2020, que le confinement durerait jusqu’au 11 mai. Cela signifie qu’il va durer au moins 8 semaines, ce qui est une bonne nouvelle sur le plan épidémiologique pour endiguer la propagation du coronavirus.
Cela dit, cette date reste, même après cette annonce, encore soumise à l’évolution de l’épidémie en France : le Président a précisé qu’une sortie le 11 mai n’adviendra que si les conditions le permettent vraiment. De nombreux facteurs inconnus perdurent donc autour du déconfinement. Édouard Philippe avait néanmoins précisé début avril qu’une équipe entière travaillait sur le sujet. Il avait conditionné la sortie du confinement à quelques facteurs :
- Existera-t-il un traitement préventif ou curatif ? Sur le préventif, et donc un vaccin, c’est improbable : il faudra encore des mois avant qu’il soit prêt. Sur le curatif, c’est-à-dire un médicament, aucun n’a encore pleinement fait ses preuves mais la recherche médicale va très vite et les essais cliniques livreront bientôt des résultats.
- La circulation du virus dans la population : combien de personnes sont immunisées ou non dans chaque région. Pour ce faire, les tests sérologiques auront un rôle crucial à jouer.
Le Président de la République, lors de son discours, a précisé deux autres critères, directement inspirés, vraisemblablement, par les recommandations rendues par le Conseil scientifique le 2 avril :
- Une désaturation des hôpitaux, permettant un retour à la normale du service de santé dans son ensemble ;
- Des équipements de protection (masques, gel hydroalcoolique) accessibles en grande quantité au personnel exposé en priorité ; puis à toute la population. Un « système de surveillance épidémiologique opérationnel » a également été évoqué.
Pour l’instant, le seul autre exemple connu de déconfinement est en Chine. Après une stricte quarantaine ayant duré 2 mois, les habitants de la province de Hubei ont l’autorisation de sortir depuis le 25 mars. Mais cette sortie de confinement est progressive : les lignes aériennes restent fermées ; sortir et entrer dans la province doit être justifié ; et les établissements scolaires restent encore fermés.
Dans la ville de Wuhan, l’épicentre, le déconfinement n’est entrée en vigueur que le 8 avril : avant cette date, une seule personne par foyer pouvaitt sortir, et pour deux heures, tous les trois jours. Évidemment, les situations ne sont pas pleinement comparables, mais le principe d’un déconfinement progressif tend à s’imposer comme le choix le plus logique.
Quant à la date du 11 mai, il faut garder à l’esprit que celle-ci ne sera maintenue que si le confinement est bien respecté ; condition précisée par Emmanuel Macron lui-même à Pâques. Plus le confinement est fort, plus Covid-19 est freiné efficacement : c’est ce qui compte le plus aujourd’hui pour permettre aux hôpitaux de soigner les malades, et, comme précisé plus haut, le désaturation des hôpitaux est une condition à remplir avant toute sortie de confinement.
Le Président de la République a également insisté, lors de son discours, sur la nécessité d’apprendre des voisins et de ne pas abandonner trop tôt les mesures : il a évoqué principalement — sans la mentionner — la Chine qui, ayant déconfiné récemment, voit apparaître une deuxième vague de contaminations.
Le déconfinement sera-t-il progressif ?
Le gouvernement commençait à le laisser entendre clairement dès début avril : le déconfinement sera progressif. C’est d’ailleurs, selon le Président de l’Ordre des Médecins, la seule solution envisageable. Si tout le territoire français est aujourd’hui en confinement, il est très clair que les foyers ne sont pas également répartis. Certaines zones sont davantage touchées, comme le Grand Est ou l’Île-de-France.
Une sortie progressive de confinement, cela signifierait le plus probablement une levée des mesures région par région, en fonction de différents facteurs qui pourront être déterminés grâce à un dépistage massif de la population. En revanche, la rumeur d’un déconfinement par tranche d’âge apparaît peu logique : bien que les états les plus graves menant au décès concernent essentiellement les personnes âgées ou atteintes de comorbidités, on sait maintenant que les jeunes ne sont pas épargnés et sont présents dans les services de réanimation. En revanche, Emmanuel Macron a précisé qu’un effort supplémentaire serait demandé aux personnes les plus à risque.
Le Président de la République a entériné l’idée de cette sortie progressive, lors de son discours de Pâques. Il a indiqué textuellement que le confinement sera levé de façon progressive. Et l’idée se traduit déjà par des annonces concrètes : si les écoles, collèges et lycées réouvriront à partir du 11 mai, mais sans obligation de s’y rendre, les universités resteront entièrement fermées. Les moyens mis en place pour accueillir de nouveau des élèves en toute sécurité n’ont pas encore été détaillés, mais visiblement, les cours ne se feront pas en classes complètes.
Les grands rassemblements resteront interdits jusqu’à la mi-juillet.
En quoi consisterait le dépistage par des tests sérologiques ?
Quand il est question d’un dépistage massif pour organiser le déconfinement, ce sont les tests sérologiques qui entrent en jeu. Ils consistent en une prise de sang, pour trouver les anticorps produits par le corps humain pour se défendre contre Covid-19. Et ces anticorps sont produits que l’on ait été malades ou asymptomatiques. Les tests sérologiques permettent de se rendre compte de l’échelle réelle de circulation de coronavirus et de déterminer le taux de personnes qui en ont été porteuses ou non. Toute personne porteuse, asymptomatique ou non, devient immunisée pendant un temps.
Ainsi, lorsqu’un virus a beaucoup circulé, une « immunité collective » est possible. Mais peut-elle la condition d’une sortie de confinement ? Sur le plateau de TF1 pendant la soirée de questions-réponses avec Édouard Philippe, le 2 avril 2020, une infectiologue indiquait que l’on pourrait envisager deux seuils : une population locale immunisée à 60 % est un seuil qui suffirait pour songer à un déconfinement ; mais un seuil de 10 % serait trop faible. Justement, dans son discours du 13 avril, le Président de la République a indiqué qu’une part trop faible de la population française totale a été atteint par Covid-19 pour envisager une immunité collective. Ce ne sera donc pas forcément un critère au déconfinement. Emmanuel Macron a précisé que la crise sanitaire elle-même ne prendrait fin que dans plusieurs mois, lorsqu’un vaccin aura été établi.
Les tests sérologiques quant à eux ne seront pas réalisés à l’échelle de toute la population française, comme cela avait été imaginé par certains observateurs. Le Président de la République a donné une explication : il serait absurde, a-t-il dit, de tester l’intégralité des Français et des Françaises. Seules les personnes présentant des symptômes concordant avec Covid-19 seront testées, ce qui déclenchera, s’il y a un résultat positif, des mesures de soin et de quarantaine. Reste à savoir ce qu’il en sera pour la gestion des nombreuses personnes asymptomatiques, vecteurs de Covid-19 sans présenter de signe clinique.
Bac, mesures, restaurants… Comment s’organisera le retour à la normale ?
Ce n’est pas parce que nous sortirons du confinement que le coronavirus aura entièrement arrêté de circuler. C’est la raison pour laquelle un déconfinement progressif est évoqué. Le retour à la normale ne sera donc pas immédiat. On sait maintenant, depuis le discours du Président du 13 avril, que les restaurants, cafés, hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacle et musées ne rouvriront pas le 11 mai, date présumée du déconfinement. Les grands événements rassemblant énormément de monde restent interdits au moins jusqu’à la mi-juillet, a-t-il indiqué.
Concernant le baccalauréat, on sait depuis le 3 avril 2020 qu’il prendra la forme d’un contrôle continu total. Il n’y aura donc pas d’épreuves écrites. Il a par ailleurs indiqué s’assurer « qu’il y ait le maximum de semaines de cours, notamment au mois de juin », mais n’a pas précisé si elles auront lieu en classe ou toujours à distance. Les lycées, comme les écoles et collèges, rouvriront leurs portes au 11 mai mais sans obligation de présence. Les universités restent fermées et les examens, ainsi que les concours, devraient donc se dérouler à distance.
Ce qui est également certain, c’est que des mesures de distanciation sociale (ou plutôt de « distanciation physique ») vont aussi être conservées même après le 11 mai, et notamment les mesures pour protéger le personnel au contact d’un grand nombre de clients. Des masques grand public devraient être distribués à chaque Français, par l’État et les collectivités. « L’usage systématique dans les transports en commun pourra être envisagé », a précisé le Président de la République.
Quel est le fameux « stade 4 » ?
Peu avant la période de confinement, il était énormément question des « stades » issus du plan national de prévention et de lutte contre la pandémie grippale. Nous sommes actuellement dans le stade 3. Ce plan comporte un quatrième stade : celui-ci correspond tout simplement à l’organisation d’un retour à la normale. Il devrait être déclenché quelque temps après le pic, lorsque la courbe d’infection sera aplanie et que la circulation du coronavirus sera largement freinée.
L’idée est de permettre un retour à une absence d’épidémie intense, notamment au niveau du système de santé, tout en gardant une vigilance accrue pour éviter une deuxième vague — qui commencerait à toucher certaines régions de Chine. Il faut cela dit rappeler que les stades ne sont qu’une feuille de route et que le gouvernement prendra ses décisions principalement à partir des avis des conseils scientifiques installés à l’Élysée ; en fonction de l’évolution réelle de la situation.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !