L’humanité n’aurait rien à voir dans cet événement, que ce soit la formation du trou ou sa fermeture.

À l’aube du printemps 2020, il y a quelques mois, les scientifiques ont relaté la formation de l’un des plus vastes trous jamais repérés dans la couche d’ozone, au niveau du Pôle Nord. Il était d’ailleurs, de base, très inhabituel : le trou dans la couche d’ozone fait d’ordinaire référence à celui qui se forme régulièrement au-dessus de l’Antarctique, au Pôle Sud. Évidemment, l’Arctique, au Nord, n’échappe pas non plus à ce trou, mais il advient de manière plus légère, moins fréquente. C’est là où celui qui s’est formé autour du début du printemps était anormal : il a atteint une superficie record, autour de 600 000 kilomètres carrés.

Ce trou dans la couche d’ozone s’est toutefois refermé en cette fin avril, comme l’a annoncé l’équipe de surveillance satellitaire Copernicus. Que sait-on sur cet étonnant phénomène ?

Les cycles locaux ont refermé le trou

Faut-il voir un lien entre la fin de ce trou dans la couche d’ozone et, par exemple, la réduction des émissions de gaz à effet de serre due aux 3 milliards d’êtres humains confinés chez eux et aux industries à l’arrêt ? Alors même que ce questionnement revenait énormément sur les réseaux sociaux en réponse à l’annonce de la disparition du trou, l’équipe de Corpernicus a tenu à préciser que « Covid-19 et les confinements qui y sont liés n’ont probablement rien à voir avec cela ». Bien qu’à l’ère de l’anthropocène de nombreux événements climatiques soient causés par l’être humain, cela ne concerne pas non plus tous les phénomènes terrestres.

Le satellite Sentinel-5P sert à surveiller l'atmosphère terrestre dans le cadre de la mission Copernicus.  // Source : ESA

Le satellite Sentinel-5P sert à surveiller l'atmosphère terrestre dans le cadre de la mission Copernicus.

Source : ESA

Il faut en effet bien dissocier le trou dans la couche d’ozone d’origine anthropogénique (causé par l’humanité) de celui qui relève d’une conjonction de facteurs variés — y compris naturels. Comme nous l’indiquions au début de cet article, il y a une distinction assez marquée entre le Pôle Sud et le Pôle Nord. Au Sud, le trou dans la couche d’ozone est — par consensus scientifique dorénavant factuel — causé par les produits toxiques que l’humanité a laissés s’échapper dans l’atmosphère pendant des décennies par de mauvaises pratiques. C’était d’ailleurs la raison d’être du Protocole de Montréal en 1989 : stopper net l’émission de ces substances toxiques pour laisser le Pôle Sud « guérir ». Au Nord, l’impact de l’humanité est clairement moins important — même s’il n’est pas non plus totalement négligeable puisque les émissions toxiques fragilisent l’atmosphère terrestre dans son ensemble.

Le trou exceptionnel qui s’est formé et refermé dans l’atmosphère du Pôle Nord au cours du printemps 2020 était quant à lui causé par un « vortex polaire », sorte de tourbillon provoquant une dépression d’air froid. Cela occasionne une chute d’ozone. Le trou dont il est ici question a été causé par un vortex polaire non seulement très fort, mais aussi particulièrement persistant. Le trou s’est refermé en raison des cycles atmosphériques locaux, tout simplement, et non pas en raison d’une quelconque action ou inaction de l’humanité. En tout cas pour les scientifiques de Copernicus, un tel phénomène « n’adviendra probablement pas à nouveau l’année prochaine ».

Cette fermeture de ce trou inhabituel n’est donc pas le résultat d’une « guérison à long terme » de l’atmosphère terrestre. Cela étant, il faut en profiter pour rappeler, comme le fait l’équipe de Copernicus, que les dernières études en date montrent que le protocole de Montréal est en train de porter ses fruits : au-delà de cet épisode exceptionnel au-dessus de l’Arctique, la couche d’ozone est réellement en train de guérir là où elle est le plus atteinte par l’humanité, à savoir au Pôle Sud.

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