De plus en plus de travaux de recherche remontant aux origines du coronavirus montrent qu’il circulait avant qu’il ne soit officiellement connu.

C’est le 9 janvier 2020 que l’Organisation mondiale de la santé a relayé l’alerte au sujet d’un nouveau coronavirus. Les autorités chinoises venaient alors de révéler leurs investigations au sujet d’une épidémie de pneumonies à coronavirus. Les premiers cas ont ensuite été détectés dans le monde à partir de la fin janvier : la première recension d’une infection, en France, date du 24 janvier. Mais on sait maintenant que la maladie est plus ancienne de quelques semaines. Dès la mi-février, il émergeait l’idée que la Chine ait pu étouffer les débuts de l’épidémie pendant plusieurs jours, voire semaines, tant et si bien que l’origine de Covid-19 soit finalement à remonter jusqu’en décembre 2019.

Le « patient zéro » de toute la pandémie pourrait être une vendeuse de poissons du marché de Wuhan, Wei Guixian. Elle a développé les premiers signes de symptômes typiques de Covid-19 dès le 10 décembre 2019. Elle s’est rendue dans une petite clinique puis est retournée chez elle ensuite. Cela ne semblait être qu’une grippe. C’est le 16 décembre qu’elle est allée à l’hôpital face à une aggravation de son état et de nouveaux symptômes. Le 21 décembre, il y avait déjà trois douzaines de cas qui seront plus tard confirmés comme Covid-19 (avec suspicion ou certitude). Au 29 décembre, le principe d’une contagion interhumaine s’affirme et, dès le 30 décembre, un médecin découvre qu’il s’agit d’un coronavirus similaire au SRAS et le notifie à la hiérarchie. L’officialisation d’une épidémie n’aura lieu que le 9 janvier 2020.

Cette chronologie possible aide à retracer une origine de la propagation du coronavirus. Mais Wei Guixian n’est pas forcément le patient zéro, toute la difficulté étant qu’on recherche moins le premier patient malade que le premier porteur, et celui-ci peut très bien être un « porteur sain », asymptomatique. Malgré tout, les autorités sanitaires du monde entier travaillent également à identifier « les » patients zéros, à savoir les premiers porteurs du coronavirus dans chaque pays, afin de retracer l’itinéraire de propagation de la maladie. Il s’agit effectivement de déterminer à partir de quand le coronavirus circulait déjà, avant qu’il soit connu et qu’il puisse donc être détecté. C’est un élément clé pour bien saisir l’histoire du virus et l’ampleur de la pandémie.

Le confinement est levé depuis le 8 avril à Wuhan, probable foyer de la pandémie. // Source : Pixabay

Le confinement est levé depuis le 8 avril à Wuhan.

Source : Pixabay

Un homme infecté en France dès décembre

Dans une étude française publiée le 3 mai 2020 dans International Journal of Antimicrobial Agents, Yves Cohen et son équipe ont partagé leur analyse de 24 patients atteints de pneumonies, dans deux hôpitaux différents. Il s’agit d’une analyse rétrospective à l’aide de tests sérologiques. Résultat, il semblerait que le coronavirus circulait déjà au 27 décembre 2019, date à laquelle un homme de 42 ans était infecté. À l’époque, un mois avant la première détection officielle, Covid-19 n’était pas connue des autorités sanitaires françaises et, la pneumonie ayant évolué favorablement chez cet homme, il n’y avait pas d’indice d’une nouvelle maladie plus grave.

Toutefois, il n’est actuellement le patient zéro que du point de vue de notre connaissance chronologique des infections. Car, comme Yves Cohen l’a expliqué dans plusieurs médias, l’homme n’avait jamais voyagé en Chine. Il a donc été lui-même infecté. L’enquête se poursuit pour continuer à remonter à l’origine de la contamination. Pour percer à jour l’histoire du coronavirus et dépasser la limite des cas asymptomatiques, les scientifiques s’appuient aussi sur la phylogénétique : l’idée est de retracer génétiquement les mutations — puisqu’elles laissent des traces — jusqu’à la toute première d’entre elles. C’est la clé de transition entre l’ancêtre du virus et la survenance de SARS-CoV-2.

Ces résultats présentés dans l’étude française confirment en tout cas que le coronavirus était présent avant qu’il soit officiellement connu. Ce constat n’a pas lieu qu’en France. Aux États-Unis, des analyses rétrospectives ont identifié un décès lié à Covid-19 qui est survenu début février 2020, soit plusieurs semaines avant la première mort recensée. Même état des lieux en Italie : le coronavirus serait arrivé autour de la fin janvier alors que le premier cas recensé date de fin février.

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