L’avenir de la pandémie causée par la maladie Covid-19 reste malheureusement encore incertain, que ce soit localement, en France, ou bien pour son évolution dans le monde. Même les épidémiologistes n’ont pas vraiment de certitudes à proprement parler sur le comportement de la maladie, puisque cela dépend en réalité de nombreuses variables. Les différentes perspectives qui s’ouvrent pour la période à venir se divisent en plusieurs scénarios. Ces dernières semaines, différentes études épidémiologiques prédictives ont été produites.
L’une des plus intéressantes et solides a été fournie le 30 avril 2020 par le Center for Infectious Disease Research and Policy (CIDRAP) de l’université du Minnesota. Elle base ses prédictions sur les données de précédentes pandémies. Il s’agit donc de dresser l’avenir de cette crise à partir de ce que nous enseignent les expériences passées. Les pandémies de grippe, notamment, qui ont eu lieu ces dernières décennies ont eu des trajectoires variées et quelques points communs, à partir desquels les épidémiologistes peuvent extrapoler.
Prospective à partir des précédentes pandémies
Notons que le rapport du CIDRAP relève de prime abord que « la durée de la pandémie va être de 18 à 24 mois, le temps que l’immunité de groupe se développe parmi la population humaine ». Cette évolution pourrait effectivement prendre du temps puisqu’« une part relativement faible de la population a été infectée et que le taux d’infection varie substantiellement en fonction des aires géographiques ».
Les chercheurs ont pris en compte les similarités et les différences entre les pandémies grippales et celle de Covid-19. Par exemple, parmi les différences notoires, on retrouve une propagation plus « facile » du nouveau coronavirus, principalement en raison de la diffusion asymptomatique. Ils considèrent également que la pandémie ne pourra pas être considérée comme stoppée tant que 60 à 70 % de la population ne sera pas immunisée.
À partir de cet ensemble de facteurs, les scientifiques du CIDRAP ont donc dressé trois scénarios. Ils n’ont pas été classés par niveau d’optimisme, mais il est clair que certains apparaissent comme préférables à d’autres. Ainsi, on peut estimer que, dans l’ordre, le scénario 3 est le plus gérable, suivi du scénario 1, et enfin du scénario 2 qui serait très complexe pour les autorités sanitaires.
Scénario 1
La première vague que nous connaissons maintenant depuis le début du printemps 2020 serait suivie par plusieurs petites vagues revenant régulièrement, à partir de cet été et de manière constante pendant un à deux ans.
L’intensité de ces petites vagues se réduirait progressivement à partir de 2021. Leur niveau dépendrait aussi du lieu et donc du type de mesures adoptées et respectées. Ce scénario implique d’ailleurs que certaines mesures de limitation de la propagation (comme un confinement) seront probablement stoppées puis réenclenchées régulièrement.
Scénario 2
Après la vague actuelle, deux vagues notables seraient à relever. Une première, sûrement plus large encore, adviendrait à la rentrée 2020 (ou au début de l’hiver). Il s’en suivrait une autre vague, plus petite, en 2021. Il pourrait y avoir éventuellement plusieurs de ces petites vagues. Cela signifie que des mesures barrière fortes, comme des fermetures d’établissements voire du confinement, seraient à nouveau prise au moment de ces nouvelles vagues, notamment celle de la rentrée/hiver.
« Ce modèle est similaire à ce qui a été observé avec la pandémie de 1918-19 », explique le CIDRAP. La pandémie avait commencé avec une petite vague en mars 1918 et persisté l’été, puis « une vague plus grande est advenue à la rentrée 1918. Un troisième pic est advenu pendant l’hiver et le printemps 1919 ; cette vague a duré jusqu’à l’été 1919, signant la fin de la pandémie ».
Scénario 3
La vague actuelle ne serait pas suivie par des vagues marquées, mais par une extinction lente, constituée d’infections ne suivant pas un schéma précis. En somme, la maladie serait présente en toile de fond sans vraiment générer de pics ou de saturation hospitalière. Cela ne nécessiterait donc pas d’en revenir à des mesures comme des fermetures, des restrictions de rassemblements ou un confinement. L’intensité de l’extinction pourrait varier en fonction des aires géographiques.
Une inscription dans le temps et un besoin de plans concrets
Ces trois scénarios montrent que, d’un point de vue épidémiologique, il faut s’attendre à ce que la maladie Covid-19 reste de toute façon présente encore quelques mois d’une façon ou d’une autre. C’est d’ailleurs l’un des points d’une série de recommandations que le CIDRAP suggère en s’appuyant sur ses scénarios prédictifs :
- La communication gouvernementale de tous les pays devrait « intégrer l’idée que cette pandémie ne sera pas terminée de sitôt et que les gens doivent se préparer à d’éventuelles résurgences périodiques de la maladie au cours des deux prochaines années ».
- Dans l’optique de faire trop plutôt que pas assez, les autorités sanitaires de chaque État devraient se préparer au scénario n°2, le plus complexe à gérer, et ce dans sa pire version (pas de vaccin avant longtemps, immunité collective lointaine…).
- Les gouvernements devraient se munir de plans concrets pour mieux protéger le personnel médical au risque de nouveaux pics, et se munir globalement de plans là aussi très concrets et pratiques pour réinstituer rapidement des mesures barrière de grande ampleur en cas de pics à venir.
L’étude du CIDRAP n’est pas la seule à insister sur une inscription dans le temps, accompagnée de pics et de mesures adaptées par intermittence. D’autres projections publiées dans Science le 14 avril anticipent également des vagues, avec des hauts et des bas dans les contaminations, accompagnés d’arrêt/réactivation de mesures publiques adaptées à chaque pic.
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