La crise sanitaire a généré un confinement généralisé ainsi qu’une baisse globale de l’activité humaine. Résultat, entre la baisse du « brouhaha » sismique et la baisse de pollution dans de nombreuses villes, la pandémie n’a pas été sans conséquence pour les écosystèmes. Cet impact n’est toutefois pas si énorme à l’échelle climatique et n’aura en soi que peu de poids. En réalité, le véritable enjeu environnemental autour de cette pandémie se situe dans l’après, lors de la reprise économique. Deux voies possibles : une reprise effrénée, pour maintenir un business as usual, qui pourrait provoquer un pic plus grave encore des émissions et de la pollution ; ou alors une reprise soutenable, verte, qui pourrait être aussi bien bénéfique à l’environnement qu’à l’économie et l’égalité sociale.
C’est dans l’optique de répondre à cette deuxième voie, celle d’un futur « soutenable » écologiquement et socialement, que vient d’être créée la « Global Mayors COVID-19 Recovery Task Force ». Cette initiative est organisée par C40, un réseau international de 96 villes qui se coordonnent en faveur de diverses actions visant à contrer le changement climatique et à développer des zones urbaines « vertes ».
Parmi les maires du monde entier qui ont signé pour faire partie de cette « task force », on retrouve Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi qu’une quarantaine d’autres de Montréal à Séoul en passant par Rotterdam, Melbourne ou Mexico. Ils se prononcent pour que la reprise économique ne soit pas un retour à la normale, mais plutôt le moment de « construire une société meilleure, plus durable, plus résistante et plus juste ». L’impact socioéconomique de la crise sanitaire nécessitant une reconstruction des villes, cela devra se faire de façon « à améliorer la santé publique, réduire les inégalités et régler la crise climatique ».
Les engagements
La task force se traduit par déclaration de principes. Il faut donc tout de même préciser que ce n’est pas un document légalement contraignant, mais bien des mots — même mis par écrit, il restera à savoir ce qu’il en sera de la mise en pratique, phase la plus importante. Pour l’ancien maire de New York, maintenant président de C40, ces principes visent en tout cas à « guider les efforts [lors de la reprise] pour aller vers une nouvelle normalité — qui serait plus verte, plus saine pour la santé, et plus prospère pour tout le monde ».
Voici la liste des 9 engagements de principe adoptés par les maires signataires :
- Pas de retour à un statu quo en matière environnementale, « parce que le monde est sur le point de connaître un réchauffement de 3°C ou plus » ;
- La reprise doit être guidée par l’expertise scientifique et la santé publique ;
- Accroître les services publics et les investissements publics pour favoriser la résilience de la communauté urbaine dans son ensemble ;
- La reprise doit faire face aux problèmes d’inégalité sociale mis plus que jamais en lumière par la crise sanitaire. Par exemple, « les travailleurs qui sont maintenant reconnus comme essentiels devraient être célébrés et rémunérés en conséquence » et les politiques publiques devraient « reconnaître » davantage les sans-abri pour mieux les réintégrer ;
- La reprise doit améliorer la résilience globale des villes, il s’agit donc d’investir dans des plans concrets prenant bien mieux en compte diverses menaces futures, dont la crise climatique, afin de protéger les personnes qui seront les plus touchées ;
- Une soutenabilité favorable économiquement : à travers les actions en faveur du climat, ouvrir des voies économiques permettant d’accélérer la reprise, comme l’utilisation de nouvelles technologies, la création d’emplois, le développement de nouveaux secteurs industriels… ;
- Faire « tout ce qui est en notre pouvoir » pour assurer une reprise favorable à la santé, l’équité et la soutenabilité écologique ;
- Dans cette même optique, s’assurer que les gouvernements nationaux soutiennent ces actions collectives et individuelles ;
- Enfin, obtenir des investissements de la part des institutions régionales et internationales en faveur de ces mobilisations pour la reprise équitable et soutenable des villes.
Certains maires signataires ont expliqué que les engagements se transcrivaient déjà dans les actes. Athènes aurait par exemple déjà commencé à améliorer son réseau de recyclage, à favoriser la nature urbaine et à « traiter ce défi comme (…) une opportunité d’aider nos villes et citoyens à (…) entrer dans une nouvelle ère d’investissement et de conscience environnementale ». À Londres, Sadiq Khan a lancé un nouveau projet de politiques publiques visant à favoriser les transports verts, en augmentant les voies cyclables et les zones pédestres. Une démarche assez proche de celle d’Anne Hidalgo, qui compte également limiter la place de la voiture. Autre exemple, à Bogota, la législation de la ville a été modifiée pour « assurer que la reprise n’aggrave pas la crise climatique ».
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