Une nouvelle expérience approfondit cette possible voie de contamination que sont les discussions rapprochées dans des espaces fermés.

Les scientifiques ne cessent jamais vraiment de le répéter depuis quelques mois : le coronavirus étant nouveau, les certitudes à son sujet sont loin d’être légion, bien au contraire. La recherche réclame un certain temps d’investigation. C’est notamment le cas pour percer à jour la mécanique de propagation de SARS-CoV-2 et de la maladie Covid-19 qui en découle.

Il y a quelques semaines, une étude avait fait beaucoup de bruit en approfondissant la suspension des particules infectieuses dans l’air. Elle concluait que, oui, potentiellement, le pathogène peut se transmettre par aérosol et par la simple parole. Problème : l’expérience réalisée en laboratoire ne reproduisait pas les conditions réelles d’expiration d’un tel pathogène, tant et si bien que même les auteurs avaient posé un sacré bémol à leur travail. C’est à nouveau une étude dédiée à la suspension dans l’air qui a été publiée dans la revue scientifique Pnas, le 13 mai 2020.

Les participants de l’expérience étaient dans une chambre close et devaient répéter une phrase, en boucle, comme s’ils parlaient normalement. Sur cette base, les chercheurs ont utilisé une technologie laser pour identifier les gouttelettes émises par ces paroles, et en quelles quantités. Résultat, parler à haute voix « peut émettre des milliers de gouttelettes de fluide à la seconde ». Tout aussi important, dans un environnement clôt et à l’air stagnant, les gouttelettes restent en suspension entre 8 à 14 minutes.

Il faut tenir une distance de plus d'un mètre, donc deux mètres, et autant que possible porter un masque. // Source : Pixabay

Il faut tenir une distance de plus d'un mètre, donc deux mètres, et autant que possible porter un masque.

Source : Pixabay

Une expérience… sans échantillon de coronavirus

« Ces observations confirment une probabilité substantielle que le fait de parler normalement soit à l’origine d’une transmission aéroportée des virus dans un environnement clos  », écrivent les auteurs.

Deux remarques sont à faire sur ce constat :

  • La suspension dans l’air des particules — et la probabilité qu’elles soient un facteur de contagion si elles sont contaminées — dépend de l’environnement. En l’occurrence, l’étude relève bien que les données obtenues concernent des espaces fermés, confinés, où l’air ne circule pas ou peu (rappelons que la dispersion des particules par l’air disperse le pathogène et sa charge virale n’est alors plus contaminante — l’enjeu n’est donc pas vraiment ce qu’il peut se passer par exemple dans la rue ou dans un grand espace).
  • L’expérience n’est pas réalisée sur le nouveau coronavirus, ni d’ailleurs sur aucun virus. Les participants sont des personnes « saines ». L’objet de ce travail de recherche est d’étudier de manière générique les gouttelettes émises par des paroles prononcées à haute voix. Les conclusions de l’étude peuvent s’appliquent potentiellement à tout type de pathogène s’exprimant par un symptôme respiratoire, de la rougeole à la grippe en passant par Covid-19.

Concernant Covid-19, même si l’expérience n’inclut donc pas directement des patients contaminés, les scientifiques connaissent plus ou moins la charge virale présente dans la salive humaine de personnes infectées par cette maladie. Ils ont extrapolé ce facteur pour le mettre en relation avec le nombre de particules expirées par la parole. L’estimation qui en découle est qu’à chaque minute une personne infectée produit autour de 1 000 gouttelettes contaminées « éminemment capables de transmettre la maladie dans un espace clôt ».

Les résultats de l’étude viennent développer l’idée qu’une maladie telle que Covid-19 pourrait ne pas se diffuser seulement par des particules larges, émises lors d’un éternuement ou d’une toux, mais aussi par de plus petites particules qui sont expirées lors d’un simple échange à voix haute. L’usage du masque lors des interactions sociales, tout comme la distanciation physique, apparaissent d’autant plus importantes face à un tel travail de recherche, et ce par précaution, même si le faisceau de preuves ne permet pas encore d’attester que les résultats sont indéniablement prouvés.

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