C’est l’une des plus importantes baisses annuelles en émissions en carbone à l’échelle mondiale depuis des années. Ne serait-ce qu’en avril 2020, avec le confinement de 3 milliards d’humains et le shutdown général que cela a provoqué, ce sont 17 millions de tonnes de CO2 de moins qui ont été rejetés dans l’atmosphère par rapport à avril 2019. Cela représente une baisse colossale de 17 % des émissions quotidiennes mondiales sur cette période. Voilà le résultat des analyses d’une équipe internationale de chercheurs, qui publient leur étude dans Nature Climate Change.
Les scientifiques ont analysé 69 pays, soit 85 % de la population mondiale et 97 % des émissions mondiales en dioxyde de carbone. Ils ont ainsi constaté que sur la période large de janvier à avril 2020, on enregistre une baisse totale de 1048 millions tonnes en émissions de CO2. Dans chaque pays concerné, la baisse est de 26 % en moyenne lors de la phase la plus large et strict confinement. À l’échelle de l’année 2020, les auteurs de l’étude projettent que la baisse totale des émissions sera de 4 à 7 %, cela dépend à la fois de la durée des confinements et de l’étendue de la reprise économique.
L’intérêt de cette analyse très complète n’est pas tant de constater cette baisse, que les images satellites laissaient déjà présager, mais d’en identifier les causes. Les scientifiques ont divisé les émissions par secteur économique. Sur la mobilité, par exemple, ils ont exploité les données routières fournies par TomTom ou Apple Maps ; sur l’énergie, ils ont extrait des informations quotidiennes sur la consommation électrique et l’activité industrielle.
43 % de la baisse vient du trafic routier
C’est dans le secteur des transports que l’on trouve la plus grande source de cette baisse dans les rejets de CO2. « Avec une part de 43 % dans la réduction globale, le trafic routier aura le plus contribué à la baisse des émissions », écrivent les chercheurs dans un commentaire de leur étude. La comparaison sectorielle s’observe également sur les graphiques qu’ils ont fournis. Si ce sont les transports terrestres (voitures, deux roues motorisés, camions, bus…) qui causent en majorité cette chute des émissions, c’est parce que leur utilisation quotidienne enregistre une baisse de 50 % dans les confinements les plus stricts. Le confinement a en effet vu se développer les mobilités alternatives propres, principalement le vélo, et évidemment la marche à pied.
Les vols aériens ont quant à eux vu leur utilisation drastiquement baisser de 75 %, mais les avions représentent 3 % des émissions globales, raison pour laquelle leur moindre utilisation ne représente pas l’impact le plus notable. Malgré tout, les avions associés aux transports terrestres, l’ensemble du secteur des transports est la plus grande source de la chute de pollution atmosphérique durant cette pandémie. L’industrie et l’énergie restent des contributeurs colossaux, quasiment équivalents, comme on peut le constater sur le graphique plus haut.
En France, la part des transports terrestres est encore plus forte
Au-delà de ces moyennes, la baisse globale et les proportions sectorielles vont varier d’un pays à l’autre, en fonction des spécificités des modes de production et des pratiques. Pour la France, la baisse globale des émissions en carbone pendant le confinement est bien au-dessus des 17 % de la moyenne mondiale : elle est de 34 %. Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, cette fois-ci la baisse est encore plus largement due aux secteurs des transports terrestres (vert) et de l’aviation (rose).
Alors, le choc du confinement pourrait-il provoquer une prise de conscience ? Après tout, la chute globale de 4 à 7 % entre dans les fameux 3 à 7 % de baisse annuelle espérée par l’Accord de Paris pour répondre à l’objectif d’un plafond de 1,5 à 2°C. Cette perspective pourrait-elle être maintenue sans plus de confinement ? Pour les auteurs de l’étude, la réponse est oui. « Évoquons à nouveau toutes ces personnes qui se sont mises récemment à la marche et/ou au vélo. Les gouvernements ne devraient-ils pas se saisir de l’occasion pour encourager et soutenir ces moyens de transport à faibles émissions et les rendre permanents ? », écrivent les chercheurs, ajoutant que « la crise a ouvert la voie à de multiples autres changements ».
Le rebond de pollution que provoque la reprise économique en Chine, en ce moment, n’est donc pas forcément une fatalité. Plus de 40 villes dans le monde, dont Paris, se sont d’ailleurs engagées à organiser une reprise soutenable écologiquement, par exemple en démultipliant la place des espaces naturels et des pistes cyclables.
Mise à jour à 12h30 : une première version du titre de cet article mentionnait que l’aviation était responsable à seulement 3 % de la chute de pollution, ce qui n’est pas exact, il s’agit plutôt d’environ 10 %.
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