Un astéroïde troyen, situé sur l’orbite de Jupiter, a été identifié : il dégage de la poussière et du gaz, comme une comète. Jamais un objet de ce type n’avait été encore observé, a annoncé l’Institut d’astronomie de l’Université de Hawaï le 20 mai 2020.
Les astéroïdes troyens de Jupiter se trouvent sur la même orbite que la planète gazeuse, autour du Soleil : ils sont soit en avance sur elle de 60°, soit en retard de 60° (ces zones de stabilité correspondent à ce qu’on appelle les points de Lagrange). L’astéroïde dont il est question a été découvert en juin 2019, au sein du relevé astronomique ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System) qui a pour principal objectif de détecter des objets géocroiseurs (qui pourraient heurter la Terre). Le Centre des planètes mineures a désigné l’objet sous le nom « 2019 LD2 ». Il fait partie des astéroïdes situés en avance sur Jupiter.
L’objet est sans doute actif depuis presque un an
L’analyse des images prises dans le cadre du relevé ATLAS a laissé supposer la nature cométaire de 2019 LD2. Dans l’image visible ci-dessus, la position de l’objet est indiquée à l’aide de traits rouges : on distingue ce qui ressemble à une minuscule comète, avec une petite queue de poussières. Ce sont des observations menées depuis l’observatoire de Las Cumbres (le Réseau mondial de télescopes de l’Observatoire de Las Cumbres), situé en Californie, qui ont confirmé cette hypothèse. Fin 2019 et début 2020, l’objet se trouvait derrière le Soleil et ne pouvait plus être observé. Lorsqu’il est réapparu dans le ciel en avril 2020, les observations d’ATLAS ont montré qu’il avait toujours cette allure de comète. 2019 LD2 a probablement été actif en continu pendant presque une année.
En étudiant l’orbite de cet objet, les scientifiques ont été surpris de voir qu’il s’agit d’un astéroïde situé près de l’orbite de Jupiter. Cette observation est intéressante, car elle montre que la frontière entre le groupe des astéroïdes et celui des comètes peut être poreuse.
Selon l’astronome amateur et professeur de physique Tony Dunn, il ne serait pas tout à fait exact de dire que l’astéroïde est troyen, ni même qu’il appartient au groupe de Hilda (une famille d’astéroïdes qui se trouve en périphérie externe de la ceinture d’astéroïdes située entre les orbites de Mars et Jupiter). « Il fait régulièrement des passages très proches de Jupiter, et parfois de Saturne », commente Tony Dunn sur Twitter. Dans l’animation suivante, les astéroïdes troyens sont en vert et le groupe de Hilda est en jaune.
Qu’apporte cette découverte ?
L’Institut d’astronomie de l’Université de Hawaï se réjouit en tout cas de cette découverte. Elle pourrait aider à confirmer une hypothèse : on pense que les astéroïdes troyens ont été capturés il y a des milliards d’années et que toute la glace qu’ils devaient contenir a dû être vaporisée depuis bien longtemps. C’est pour cela qu’on observerait aujourd’hui un groupe d’objets aussi calmes que des astéroïdes à cet endroit (n’éjectant pas de gaz et poussières comme des comètes). « Nous pensions depuis des décennies que les astéroïdes troyens ont dû avoir de grandes quantités de glaces sous leurs surfaces, mais nous n’avons jamais eu de preuve jusqu’à présent », indique l’astronome britannique Alan Fitzsimmons, qui a inspecté les premières images de l’objet au sein du relevé ATLAS, cité dans le communiqué.
Parmi les questions que suscite 2019 LD2, il faut comprendre pourquoi l’objet a soudainement eu un comportement de type cométaire. Plusieurs possibilités existent. Jupiter aurait pu capturer l’objet depuis une orbite plus éloignée (où sa glace aurait été préservée). L’objet a aussi pu connaître un glissement de terrain ou un impact avec un autre astéroïde, qui aurait exposé de la glace enfouie.
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