C’est la dernière ligne droite pour SpaceX. Dans quelques jours, l’entreprise américaine procédera à son tout premier vol habité vers la Station spatiale internationale (ISS). Si les conditions météorologiques sont clémentes : la saison des tempêtes tropicales a débuté dans l’océan Atlantique et celle-ci s’annonce plus active que d’ordinaire, ce qui pourrait contrarier le lancement, qui doit partir de Floride.
Mais de report, il n’en est pour l’heure pas question : le tir est toujours programmé le 27 mai à 22h33 (heure française) depuis le centre spatial Kennedy. Et SpaceX comme l’agence spatiale américaine (Nasa), qui supervise le programme des vols habités dans lequel s’inscrit la société fondée par Elon Musk, continuent de respecter leur planning à la lettre en attendant le grand jour.
Trois évènements récents témoignent d’ailleurs de l’imminence du décollage : le 21 mai, SpaceX a annoncé l’installation de la fusée Falcon 9 sur son pas de tir, avec à son sommet la capsule Crew Dragon dans laquelle embarqueront les astronautes américains Robert Behnken et Douglas Hurley. Une vidéo accélérée montre cette séquence, avec en outre le déploiement de la passerelle qu’ils emprunteront.
La veille, les deux hommes sont arrivés au centre spatial Kennedy, dans lequel ils poursuivent leur quarantaine qu’ils avaient déjà entamée une semaine auparavant. Cette procédure ne vise pas spécialement l’épidémie de coronavirus, mais toutes les maladies qu’ils pourraient transporter par inadvertance avec eux à bord de l’ISS, au risque d’infecter les astronautes déjà sur place.
Enfin, le 18 mai, c’est la capsule Crew Dragon elle-même qui est arrivée sur zone — et qui a donc été installée au sommet de la fusée depuis. Il est à noter que l’engin opérera tout seul dans l’espace, sous la supervision des opérateurs au sol et des astronautes à bord. Il leur sera évidemment possible de reprendre la main à tout moment, y compris pour s’amarrer à l’ISS, si l’ordinateur de bord défaillait.
Un vol doublement historique
Ce vol revêt une double dimension historique. D’abord, il doit permettre à SpaceX d’entrer dans une nouvelle dimension, en démontrant sa capacité à transporter des hommes et des femmes dans l’espace. Pour y parvenir, l’entreprise a multiplié les tests et a accumulé une expérience cruciale avec ses opérations de ravitaillement de l’ISS, qu’elle effectue depuis 2012 en employant un cargo inhabité.
En date du 22 mai 2020, SpaceX est parvenu à boucler avec succès 19 des 20 missions de ravitaillement confiées par la Nasa. Son seul échec sur ce terrain remonte au 28 juin 2015, avec une surpression dans le réservoir d’oxygène liquide du second étage. Celui-ci a éclaté en plein vol. Une enquête conduite par la Nasa conclura à une erreur de conception dans la construction.
Mais surtout, il doit permettre aux États-Unis de retrouver une capacité d’accès autonome à l’espace. L’Amérique a en effet perdu cette faculté en 2011 lors du retrait de sa navette spatiale. Un retrait qui a été précipité avec la seconde catastrophe de l’engin, en 2003. Depuis lors, il lui faut s’en remettre à Moscou pour envoyer ses astronautes sur l’ISS, ce qui froisse les sensibilités à Washington et Houston.
Au-delà des enjeux stratégiques et de fierté nationale, le retour d’une compétence d’accès autonome à l’espace est soutenu par d’autres considérations. Financière d’abord : selon l’équivalent de la cour des comptes aux USA, un vol habité organisé par SpaceX sera moins onéreux. De précaution ensuite : même si le Soyouz est un vaisseau qui est très fiable, il lui arrive parfois de défaillir. Cela s’est vu en 2018.
Il reste désormais à savoir si le pari d’un vol habité opéré par SpaceX sera remporté. Signe du caractère forcément très sensible de cette mission, la Nasa et SpaceX ont organisé les 21 et 22 mai un examen de l’état de préparation du tir. Celui-ci devait durer au départ qu’une seule journée, mais il a été décidé de poursuivre les échanges au lendemain pour traiter les quelques sujets de discussion restants.
Cet examen porte sur l’état de préparation du système de transport des équipages de SpaceX, l’état de préparation du programme de la station spatiale et de ses partenaires internationaux pour soutenir le vol, et la certification de l’état de sa préparation. Cet échange a mobilisé les principaux cadres de la Nasa, dont son administrateur, ainsi que les deux astronautes.
SpaceX et la Nasa communiquent à fond
En attendant, la communication en ligne se poursuit, aussi bien chez SpaceX qu’à la Nasa. L’un comme l’autre ont mis en place des pages spéciales pour présenter l’historique de la la mission Crew Demo-2 et ce qui est en attendu.
SpaceX rappelle sur son site le planning qui est prévu avant, pendant et après le lancement, les grandes étapes du voyage (le trajet ascensionnel, le transfert jusqu’à l’ISS, l’amarrage à la station) et ce qui est prévu pour le retour. Le premier étage doit être récupéré, tandis que la capsule doit exécuter quelques orbites avant de rejoindre l’ISS, à 400 km d’altitude. Puis viendra le désorbitage et l’amerrissage.
Concernant la Nasa, elle propose de nombreux contenus à voir ou à télécharger, mais aussi des chronologies permettant d’apprécier tout le chemin parcouru depuis 2010, année qui a été le coup d’envoi du partenariat pour organiser les futures missions habitées. C’est aussi l’occasion de présenter les astronautes qui participent à cette mission et de rappeler les jalons marquants des tests conduits par SpaceX.
Cette mission doit être le point final de cette campagne de tests, en réalisant une opération complète, de bout en bout. Si tout se passe sans accroc, la Nasa pourra autoriser SpaceX pour opérer des liaisons habitées entre la Terre et l’ISS. On connait d’ailleurs déjà l’équipage qui fera cette première rotation avec SpaceX : il s’agit de Victor Glover Jr Michael Hopkins, Shannon Walker et Soichi Noguri.
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