La recherche sur les origines de la pandémie avance. C’est le cas pour remonter la piste des patients zéros, dont les travaux permettent déjà de savoir que le coronavirus circulait dans le monde dès début décembre. Concernant le foyer originel, il y a quelques mois, tout semblait clairement pointer vers un marché aux animaux de Wuhan. Ce sont là que les premiers cas ont été détectés. Cette semaine, pourtant, le centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a officiellement exclu ce marché comme foyer épidémique.
Gao Fu, le directeur du CDC, a déclaré aux médias, lundi 25 mai 2020, que le marché de Wuhan « est plus comme une victime de la maladie Covid-19, plutôt que l’origine du nouveau coronavirus ». D’après le CDC, les prélèvements sur place ont bel et bien détecté des traces du coronavirus SARS-CoV-2 sur les surfaces, mais pas chez les animaux. Or, l’une des seules certitudes au sujet de ce coronavirus est qu’il est d’origine naturelle et animale, le plus probablement des chauve-souris.
Cela signifie que la transmission originelle est une zoonose : une maladie infectieuse qui passe naturellement d’un animal vertébré à l’être humain. Pour qu’un tel mécanisme soit possible, il faut évidemment que les animaux concernés soient eux-mêmes infectés par l’agent pathogène — ici, par le coronavirus. Raison pour laquelle, en l’absence de traces dans leur organisme au marché de Wuhan, le CDC exclut dorénavant ce lieu comme foyer d’origine de l’épidémie.
Il faut garder à l’esprit que tout ceci relève encore aujourd’hui de l’ordre des probabilités, d’autant que les données venant de Chine ne peuvent pas toujours être vérifiées. Mais, un peu comme la recherche des patients zéro, ces déclarations montrent que retracer l’histoire de la propagation de la maladie Covid-19 est complexe et notre connaissance de celle-ci évolue au fil des nouvelles informations.
Un super-propagateur au marché de Wuhan ?
Le constat n’exclut d’ailleurs pas que le marché ait été un lieu déterminant dans la propagation de la maladie Covid-19, étant donné les traces de l’agent pathogène et le nombre de personnes ayant été infectées à ce marché. Sans que ce soit le foyer d’émergence du coronavirus, le marché reste le foyer d’où est parti le pic épidémique en Chine. Comme le précise un scientifique à LiveScience, le lieu pourrait en fait avoir été face à l’un des premiers super-spreaders (super-infecteur ou super-propagateur) du coronavirus. En général, une personne infectée, qu’elle soit symptomatique ou non, peut infecter seulement quelques personnes autour d’elle. Le R0 — taux de reproduction — du coronavirus SARS-CoV-2 est d’ailleurs plutôt élevé, 2 à 3 personnes, puisqu’il est très contagieux.
Mais un super-spreader peut contaminer quant à lui bien plus de personnes, une dizaine, une vingtaine voire davantage. La raison : ils ont une charge virale beaucoup plus élevée, signifiant qu’ils émettent bien davantage de particules virales. Ils restent des cas très rares, sauf qu’ils peuvent malgré tout provoquer des pics dans un foyer, comme ce fut le cas entre autres exemples en Corée du Sud, où une femme a malgré elle contaminé 37 personnes de son église.
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