Cinq semaines après la sortie de confinement, celui-ci semble avoir porté ses fruits en l’absence de deuxième vague à court et moyen terme. Dès le 13 mai, l’Institut Pasteur évaluait l’impact de cette stratégie en louant son « impact énorme ». Pour bien comprendre les effets du confinement, les épidémiologistes développent des simulations chiffrées. Ces évaluations montrent comment cela se serait passé s’il n’y avait pas eu de confinement. La revue Nature a diffusé, le 8 juin 2020, deux études s’inscrivant dans cette perspective.
La première étude, produite par le Global Policy Laboratory de l’université de Californie, a étudié l’impact des mesures adoptées dans plus de 1 700 localités à travers six pays que sont les États-Unis, la Chine, la France, l’Italie, la Corée du Sud et l’Iran. Les chercheurs ont utilisé des méthodes bien rodées d’économétrie visant habituellement à mesurer rétrospectivement les effets d’une politique. Ici, ils l’ont appliqué à la santé publique. Leurs résultats montrent qu’en l’absence de mesures tels que le confinement, le taux de croissance du nombre d’infections aurait été considérablement plus élevé — autour de 38 % de croissance par jour. « Le déploiement de politiques contre la contagion, dans les six pays, a ralenti de manière significative et substantielle la pandémie », écrivent les auteurs.
500 millions d’infections évitées
Au total, d’après les chercheurs californiens, ce sont environ 62 millions d’infections qui ont pu être évitées ou retardées grâce à des mesures de confinement. Les chercheurs prenant ensuite en compte la contagiosité du coronavirus, ils estiment alors qu’en l’absence de confinement et des autres mesures barrières, la pandémie aurait déjà abouti à plus de 500 millions d’infections au total.
En France, 1,4 million d’infections supplémentaires ont été empêchées, en raison desquelles le total national aurait été porté à 45 millions de cas. Les auteurs précisent que l’impact dépend énormément de la mise en pratique de chaque pays, rendant les comparaisons inter-étatiques assez difficiles. C’est par exemple en Chine que le confinement aurait été le plus efficace, prévenant au total plus de 200 millions de cas. Ce succès tout particulier s’explique par le choix de mesures de confinement adoptées très tôt dans la chronologie de l’épidémie, là où dans deux autres pays que sont les États-Unis et l’Italie, les retards dans la mise en place de mesures fortes ont entraîné des décès qui auraient pu être évités.
Une mortalité qui aurait été bien supérieure
La seconde étude publiée le 8 juin dans Nature, menée par l’Imperial College London, analyse quant à elle 11 États européens, entre mars — début des confinements, et le 4 mai — date à laquelle plusieurs pays ont commencé à en sortir. En comparant le nombre de décès enregistrés avec le nombre de décès prédit par la simulation alternative, les chercheurs établissent que, depuis les débuts de l’épidémie, ce sont 3,1 millions en moyenne (entre 2,8 et 3,5 millions) de décès qui ont pu être empêchés en Europe grâce aux mesures publiques liées au confinement.
Le pays dans lequel le confinement (et autres mesures publiques barrière) a évité le plus de décès est la France. Au 4 mai, entre 21 000 et 27 000 Français et Françaises étaient décédés en raison de la maladie Covid-19, d’après le modèle de l’Imperial College associé aux chiffres officiels. Sans intervention publique marquée, il y aurait eu environ 720 000 morts à cette date. Ce sont donc 690 000 décès en moyenne qui ont été évités par le confinement et les mesures associées. L’Italie présente des chiffres similaires, car le confinement italien a empêché la mort de 630 000 personnes.
PAYS | Nombre de décès évités par les mesures (chiffre moyen au sein d’une marge d’erreur) |
Autriche | 65 000 |
Belgique | 110 000 |
Danemark | 34 000 |
France | 690 000 |
Allemagne | 560 000 |
Italie | 630 000 |
Norvège | 12 000 |
Espagne | 450 000 |
Suède | 26 000 |
Suisse | 52 000 |
Royaume-Uni | 470 000 |
TOTAL | 3 100 000 |
« Nos résultats montrent que les interventions non-médicales et en particulier les confinements ont eu un large effet pour réduire la transmission », concluent les chercheurs de l’Imperial College London, ajoutant que qu’une intervention continue doit être maintenue pour garder SARS-CoV-2 sous contrôle.
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