La fumée émise lorsque des forêts sont incendiées ou que des terres agricoles sont brûlées, qui se dissipe ensuite, a une influence directe sur le climat. On ignore si, à l’avenir, elle pourrait contribuer à réchauffer ou refroidir la surface de notre planète.

Quelles sont les conséquences de la fumée émise par les incendies de forêts et les terres agricoles brûlées sur le système climatique ? Des scientifiques explorent son influence lorsqu’elle se dissipe dans des régions éloignées, dans une étude parue le 1er juin 2020 au sein de la revue Nature Geoscience.

D’après les auteurs, cette fumée qualifiée de fine et d’ancienne aurait un effet sur le climat tout aussi important que les panaches plus épais qui se dégagent lors d’incendies actifs. Ce type de fumée est une source de particules d’aérosols (dont du noir de carbone) émis dans l’atmosphère de notre planète. « L’aérosol issu de la combustion de biomasse influence directement le climat de la Terre en atténuant le rayonnement solaire et terrestre », écrivent les scientifiques.

Ce qu’il advient ensuite de ces aérosols, à l’échelle de la planète, est mal compris. « Son abondance et sa distribution à l’échelle globale sont mal limitées, en particulier après que les panaches se sont dilués dans la troposphère [ndlr : zone la plus basse de l’atmosphère] et sont éliminés par les nuages et les précipitations », ajoutent les auteurs.

Survol de l'océan Pacifique lors d'une des expéditions ATom. // Source : Flickr/CC/Nasa Earth Right Now (photo recadrée)

Survol de l'océan Pacifique lors d'une des expéditions ATom.

Source : Flickr/CC/Nasa Earth Right Now (photo recadrée)

Cette étude s’appuie sur quatre séries de vols organisés au-dessus du Pacifique et de l’Atlantique, couvrant des latitudes qui s’étendent quasiment d’un pôle à l’autre. Ces expéditions organisées par la Nasa, sous le nom ATom (pour « Atmospheric Tomography »), ont eu lieu entre 2016 et 2018. Les chercheurs ont ainsi « effectué des mesures à l’échelle mondiale de la composition des aérosols », écrivent-ils.

Une contribution comparable à celle des panaches plus denses

Résultat ? « Nous constatons qu’à l’échelle mondiale, la fumée diluée contribue autant que les panaches plus denses aux effets de diffusion et d’absorption de la combustion de la biomasse sur le champ de rayonnement de la Terre », écrivent les auteurs. Ces aérosols empêchent les rayons du Soleil d’atteindre la surface et ont une influence sur les nuages, qui jouent également un rôle pour intercepter les rayons du Soleil.

À des milliers de kilomètres de distance des incendies, un quart des particules d’aérosols dans la basse atmosphère provenait de ces feux. L’influence de cette fumée, provoquée par les incendies de forêt ou le brûlage des terres agricoles, dépasse de loin le lieu où ces événements se produisent. Même au-dessus de l’océan Austral (défini par convention comme l’océan qui circule autour du continent Antarctique) et de l’Antarctique, cette fumée a été détectée.

Les effets futurs ne sont pas connus

Pour l’instant, les auteurs ignorent si la présence de ces aérosols, qui déforment la lumière solaire qui arrive jusqu’à la surface de la Terre, aura pour effet de réchauffer ou de refroidir la surface de notre planète. Les auteurs ont simplement compris que la fumée est plus répandue qu’on le pensait.

Si à l’avenir, le nombre d’incendies venait à augmenter (en raison des sécheresses plus nombreuses, elles-mêmes liées au réchauffement de la planète), l’effet de cette fumée diffusée serait déterminant. Impossible, dès lors, d’ignorer son rôle si l’on souhaite comprendre les effets des incendies de forêts et du brûlage des terres agricoles sur le climat.

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